Les syndicats divisés, l’opposition s’interroge

16 août 2023
Les syndicats divisés, l’opposition s’interroge

Assahafa.com

Les syndicats sont divisés quant à la création d’une agence pour gérer les grands projets routiers et de transport collectif comme entend le faire le gouvernement Legault. Le ton varie chez les partis de l’opposition, qui sont néanmoins tous prudents au sujet de ce projet de loi attendu à l’automne.

Les ingénieurs ouverts

L’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec « accueille avec ouverture » le projet du gouvernement Legault. Quelque 1300 de ses 1800 membres travaillent au ministère des Transports. « Ça fait longtemps qu’on dit qu’il faut faire de quoi au Ministère parce que les défis n’arrêtent pas de s’allonger. Honnêtement, le Ministère est en train d’échapper le réseau », soutient son secrétaire et trésorier, Andy Guyaz. « Est-ce que ça passe par un changement de mentalité au sein du Ministère ou par la création d’une agence ? La question demeure ouverte. » Une agence pourrait être un moyen, selon lui, de renforcer l’expertise à l’interne en offrant des conditions plus intéressantes aux ingénieurs.

« Une fausse bonne idée »

Le Syndicat de la fonction publique du Québec souligne que les ouvriers et les techniciens du ministère des Transports sont nombreux à démissionner parce qu’ils gagnent deux fois moins cher qu’au privé. Comme l’agence « demeurera soumise au contrôle budgétaire du Conseil du trésor », elle aura « difficilement les coudées franches pour améliorer les salaires », selon son président, Christian Daigle. Le projet du gouvernement est une « fausse bonne idée » à ses yeux. « Créer des agences avec un conseil d’administration diminue le pouvoir exécutif des élus en rendant opaques les décisions administratives, et ce, derrière une prétendue neutralité », croit-il.

Le PLQ ne veut pas d’une autre structure

Le Parti libéral du Québec (PLQ) s’oppose à la création d’une agence. « Quand j’ai lu ça, je me suis dit : ah non, pas une autre structure ! Pourquoi le gouvernement actuel ne fait-il pas preuve de leadership pour obtenir des résultats et s’assurer que les infrastructures et le transport collectif aillent bien au Québec ? », plaide son porte-parole en matière de transport, André A. Morin. Il ajoute que des structures sont déjà en place dans le secteur du transport collectif, comme l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Le gouvernement a également tous les moyens, selon lui, pour renforcer l’expertise interne au ministère des Transports. « Un autre élément qui m’inquiète avec cette agence, comme on le voit en santé, c’est la responsabilité ministérielle. Est-ce que la ministre va dire maintenant : “Ça, ce n’est pas moi, demandez à l’agence” ? Ça ne marche pas. »

Scepticisme à QS

Québec solidaire (QS) est sceptique. « Il peut y avoir des avantages » à créer une agence, en particulier dépolitiser la planification des projets, « mais aussi des vices importants », affirme son député Étienne Grandmont. « Si c’est juste une machine à déresponsabiliser, on n’est pas en train d’avancer. Si on a un système qui n’est pas transparent et sans reddition de comptes, on n’est pas en train d’avancer non plus. » Il n’est pas acquis qu’une agence serait en mesure de faire mieux que le ministère des Transports, selon lui. Il se demande également qui dirigera l’agence, s’inquiétant que l’industrie s’y taille une place et travaille surtout en fonction de ses propres intérêts.

Le PQ surpris

Il y a 10 ans, le Parti québécois (PQ) avait déposé un projet de loi pour créer une agence des infrastructures de transport, avec un mandat toutefois plus large que celui de l’agence souhaitée par le gouvernement Legault. Il a présenté une nouvelle mouture de ce projet de loi il y a deux ans. « Je me souviens que la CAQ avait ridiculisé notre proposition, note le député Joël Arseneau. Je suis extrêmement surpris de voir que le gouvernement y travaille maintenant. Mieux vaut tard que jamais. » L’important est de « dépolitiser la gestion des infrastructures », selon lui. « Il va falloir faire preuve d’une grande vigilance pour éviter que le gouvernement ne fasse que se déresponsabiliser d’un certain nombre de dossiers et se réserve le pouvoir de faire encore de la politique sur le dos des infrastructures de transport. »

Source: La presse

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