Québec solidaire n’est pas en crise, assure Nadeau-Dubois

29 avril 2024
Québec solidaire n’est pas en crise, assure Nadeau-Dubois

Assahafa.com

Québec solidaire n’est pas en crise, a assuré son porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois lundi, quelques heures après la démission de son homologue féminine Émilise Lessard-Therrien.

En marge d’un point de presse à Granby, M. Nadeau-Dubois a exprimé sa surprise et sa tristesse quant à ce départ.

« Je prends ma part de responsabilité dans cet échec », a-t-il affirmé, flanquée par la députée Christine Labrie. « Je regrette que ça se termine de cette façon-là. »

« Le défi était important : faire fonctionner un nouveau modèle avec une porte-parole non élue à l’Assemblée nationale », a-t-il continué. « Force est de constater que ce défi-là, on n’a pas réussi à le relever collectivement. »

Émilise Lessard-Therrien a démissionné lundi après seulement cinq mois en poste à titre de co-porte-parole féminine de Québec solidaire. En quittant, elle a pointé du doigt « une petite équipe de professionnel.le.s tissée serrée autour du porte-parole masculin », Gabriel Nadeau-Dubois, qui l’a fait sentir « bien seule » et avec qui elle a eu « du mal à y trouver [son] espace ».

« Quatre mois à peine ont suffi à m’épuiser. Complètement. Je suis partie en arrêt de travail fin mars, les deux genoux à terre, l’élan freiné », écrit Mme Lessard-Therrien dans un long message publié sur sa page Facebook, tôt lundi matin. Elle précise qu’elle ne donnera aucune entrevue pour l’instant.

Au travers de ça, je me suis fait gronder ou culpabiliser pour des prises de paroles sincères, pour avoir donné des opinions ou suivi mon intuition. On m’a invalidé quand j’ai nommé des besoins. Alors, j’ai commencé à avoir peur, peur de dire, peur de ne pas être entendue, reconnue, comprise. […] Pour ces raisons, je suis tombée en mode « survie » dans mon parti.

 Émilise Lessard-Therrien

Confronté aux propos de sa collègue démissionnaire, Gabriel Nadeau-Dubois a assuré ne pas avoir participé ou été témoin d’un épisode où elle aurait été « grondée » pour une prise de position, comme elle le rapporte. Le leader de Québec solidaire n’a pas immédiatement voulu faire un diagnostic précis des dysfonctions qui ont entraîné cette démission : « c’est arrivé dans les dernières heures, moi je n’ai pas les prétentions d’avoir toutes les réponses ». Diverses réunions sur le sujet sont prévues au cours de la journée et un bilan officiel sera préparé, a-t-il ajouté.

« Blocage organisationnel »

Émilise Lessard-Therrien, qui a d’abord été députée de Québec solidaire dans la circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue de 2018 à 2022, défaite lors de la dernière élection, explique avoir voulu ramener dans son parti « de la sensibilité, du cœur, de l’écoute, de l’authenticité et de la franchise en politique », à l’image du leadership incarné par la députée et ex-co-porte-parole Manon Massé.

« Ma vision pour Québec solidaire était claire. Je l’ai trimballée avec moi aux quatre coins du Québec pendant 6 mois, le temps d’une longue course pour le poste de co-porte-parole féminine, une course que j’ai voulue la plus franche possible. […] Je voulais qu’il ne se laisse pas effacer par les habituels compromis, les calculs d’image et les indicateurs de votes. Je voulais qu’on se remette à éveiller l’enthousiasme pour ce projet, plutôt que de se mettre à la remorque de ce qui est “gagnable” à court terme », affirme-t-elle.

« Mais je me suis vite aperçue que le train était déjà bien en marche. J’ai voulu y monter, tenter d’influencer le cadre de réflexion et de décision mené ou nourri par une petite équipe de professionnel. le. s tissée serrée autour du porte-parole masculin. J’y suis parfois arrivée, mais je m’y suis sentie bien seule et j’ai eu du mal à y trouver mon espace. Les différentes visions se sont entrechoquées, me paraissant difficilement compatibles, grafignant au passage mes motivations profondes à être co-porte-parole de Québec solidaire », poursuit Mme Lessard-Therrien.

« Je dois me rendre à l’évidence : il m’a été impossible de plonger mes propres racines dans la direction du parti. La vision différente que je proposais s’est heurtée à un blocage organisationnel, au sein d’un parti qui a été créé pour faire de la politique autrement. Et là, le sens s’en est allé. Me foutant un sale coup derrière les genoux au passage pour que je tombe », conclut-elle.

Gabriel Nadeau-Dubois réagit

En novembre dernier, Mme Lessard-Therrien, 32 ans, a remporté l’élection pour devenir co-porte-parole du parti en obtenant 50,3 % des voix au second tour, terminant la course avec seulement trois voix de plus que sa plus proche rivale, la députée de Mercier Ruba Ghazal (36,2 %), alors que l’élue de Sherbrooke, Christine Labrie, a fini troisième (28,4 %). La nouvelle co-porte-parole féminine du parti avait fait campagne pour que QS rejoigne les Québécois dans les régions.

Cette démission choc lundi d’Émilise Lessard-Therrien est un coup dur pour Gabriel Nadeau-Dubois et pour son équipe, des critiques qui s’ajoutent à celles publiées par l’ex-députée Catherine Dorion dans son essai Les têtes brûlées.

« Personne, jamais, ne devrait ressortir aussi blessé par son engagement politique. Nulle part et surtout pas à Québec solidaire », avait réagi M. Nadeau-Dubois, l’automne dernier, après avoir lu le livre de son ancienne collègue.

Sur X, lundi, le co-porte-parole masculin et chef parlementaire du parti s’est dit attristé par le départ de Mme Lessard-Therrien. Dans sa publication, M. Nadeau-Dubois n’a pas directement répondu aux affirmations de cette dernière concernant son équipe et lui-même.

« [Dimanche] après-midi, ma co-porte-parole Émilise m’a informé de sa décision de démissionner. Je respecte bien sûr son choix, mais je ne vous cacherai pas qu’il m’attriste beaucoup. Après l’avoir côtoyée pendant quatre ans comme députée solidaire, j’étais vraiment content de l’avoir retrouvée comme porte-parole. Reprendre le flambeau de Manon était tout un défi, mais j’étais et je demeure convaincu qu’elle avait tout pour réussir. Émilise est une femme courageuse et inspirante. J’aurais aimé continuer à porter la parole avec elle », a-t-il écrit.

« Comme vous le savez sans doute, Émilise était en arrêt de travail depuis la mi-mars. Jusque dans les derniers jours, je croyais qu’elle nous reviendrait avec toute sa fougue dans les prochaines semaines. […] Sous son impulsion, nous avons créé un caucus régional et entamé des réflexions profondes pour mieux nous déployer dans les régions. Ces réflexions vont se poursuivre, même si sa voix nous manquera », a ajouté M. Nadeau-Dubois.

Par voie de communiqué, lundi, la présidente du parti, Roxane Milot, a pour sa part émis une déclaration en réaction au départ précipité d’Émilise Lessard-Therrien, qui était en arrêt de travail depuis le mois de mars.

« Après sept ans d’un duo formé par Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé, accueillir une nouvelle porte-parole extraparlementaire était tout un défi. À partir de l’élection d’Émilise à la fin-novembre et jusqu’à son arrêt de travail à la mi-mars, nous étions en période de transition. Malgré les mises à pied que nous avons dû faire suite aux élections générales, la direction générale du parti et moi travaillions à réorganiser et à accroître ses ressources pour permettre à Émilise d’exercer son rôle dans les meilleures conditions possibles, malgré les défis logistiques et d’éloignement. Nous avions hâte à son retour pour compléter la transition », écrit-elle.

« Par respect pour Émilise, les informations à propos du processus d’élection d’une nouvelle porte-parole féminine seront communiquées ultérieurement », affirme Mme Milot.

Source: la presse

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