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Le gouvernement Carney privilégie la retenue, pour le moment, devant la nouvelle salve tarifaire du président des États-Unis Donald Trump, qui a fait doubler de 25 % à 50 % depuis minuit les droits de douane imposés aux importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada et d’autres pays.
Avant le début d’une rencontre de son caucus libéral, mercredi, le premier ministre Mark Carney a de nouveau dénoncé ces droits de douane « injustifiés et illégaux », qui risquent d’avoir des conséquences dévastatrices pour l’industrie canadienne de l’acier et de l’aluminium.
Mais la prudence est de mise sachant que le président Trump demeure un dirigeant imprévisible qui peut suspendre une mesure quelques heures après l’avoir annoncée, comme ce fut le cas dans les dernières semaines.
Mark Carney a rappelé que le gouvernement fédéral a déjà imposé des droits de douane sur des produits américains totalisant 90 milliards de dollars en guise de représailles depuis que l’administration Trump a déclenché cette guerre commerciale.
« Nous menons des négociations intensives avec les Américains maintenant. On va prendre un peu de temps, mais pas plus », a expliqué le premier ministre dans une courte mêlée de presse.
Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a affirmé que la priorité du gouvernement « est de se battre contre ces tarifs ». Mais il a tenu à souligner que « les choses changent vite dans le monde des tarifs ».
Il a ainsi fait allusion à la politique qui ne cesse de changer du président Trump dans le dossier des droits de douane – un comportement qui lui a valu un surnom peu flatteur de la presse financière à Wall Street, soit TACO (Trump always chickens out, Trump se dégonfle toujours en français).
Interrogé pour savoir si l’on pourrait de nouveau assister à un autre soubresaut TACO de la part du président américain, le ministre Champagne s’est montré prudent : « Notre priorité est de se battre pour voir ces tarifs éliminer. C’est ce qu’on fait. Vous avez vu mon collègue le ministre Dominic LeBlanc à Washington récemment. On va continuer de faire cela et d’être là pour les travailleurs et les travailleuses de l’industrie de l’aluminium et l’industrie de l’acier ».
Doug Ford veut une riposte ferme
À Toronto, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a exigé une riposte rapide et ferme de la part du gouvernement Carney, accusant le président Trump de vouloir détruire l’économie de sa province où sont situées plusieurs entreprises de l’acier.
« Le président Trump essaie de nous écraser, de fermer nos entreprises, de voler nos emplois. Il n’a aucune considération pour les emplois ici en Ontario et il nous faut réagir immédiatement. On ne peut pas rester là assis sur nos mains, car chaque seconde qui passe augmente l’incertitude dans le secteur de l’acier », a-t-il plaidé.
Il nous faut réagir vivement et rajouter 25 % sur les tarifs qu’on impose aux Américains le plus vite possible. […] Cela fait du mal aux deux pays. Je peux vous assurer qu’on va leur faire du mal aussi avec nos tarifs de riposte.
Doug Ford, premier ministre ontarien
Le syndicat Unifor a également exhorté le gouvernement Carney à imposer des mesures de représailles dans les plus brefs délais.
« Ces tarifs douaniers freinent les investissements dans nos secteurs de l’acier, de l’aluminium et de l’automobile, et nous en constatons déjà les conséquences : pertes d’emplois et instabilité économique », a déclaré Lana Payne, présidente nationale d’Unifor. « « Nous devons agir immédiatement et avec force pour défendre les bons emplois et préserver notre sécurité économique nationale. »
Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a exhorté le gouvernement Carney à donner le soutien nécessaire pour permettre aux entreprises et aux travailleurs affectés de passer à travers cette période de forte turbulence causée par les droits de douane.
« À nouveau, Donald Trump s’attaque à l’aluminium et l’acier québécois et canadiens. C’est une décision irréfléchie qui ne servira personne et dont les États-Unis souffriront. Le gouvernement fédéral devra soutenir les entreprises québécoises touchées par ces tarifs, au même titre qu’ils ont répondu présents pour le secteur automobile ontarien », a affirmé M. Blanchet.
« Le Bloc québécois portera la voix de ces entreprises et de leurs travailleurs : nous réclamons que l’argent récolté des contre-tarifs serve à soutenir nos entreprises, notamment par un programme de subvention salariale en cas de mises à pied temporaires pour la préservation du lien d’emploi et de l’expertise », a-t-il ajouté.
Source: la presse