Des logements abordables de plus en plus chers à construire

24 avril 2024
Des logements abordables de plus en plus chers à construire

Assahafa.com

Le nouveau programme d’habitation abordable du gouvernement Legault fait face à une hausse importante des coûts de construction de plus de 30 %, avec un prix par logement dépassant les 450 000 $. Québec assure que cette flambée n’aura pas d’impact sur le nombre de logements livrés, mais des projets ont été abandonnés.

CE QU’IL FAUT SAVOIR

  • Le Programme d’habitation abordable Québec a été lancé en 2022. Il visait à être « un véhicule beaucoup plus rapide pour construire des logements abordables dans toutes les régions ».
  • Le coût par unité du premier appel de projets a bondi de 344 899 $ à 453 996 $ lors de la dernière mise à jour de la Société d’habitation du Québec.
  • Selon le cabinet de la ministre de l’habitation, le même nombre de logements sera construit malgré tout, et cette hausse sera assumée par les promoteurs des projets. Une centaine d’unités ont toutefois été retirées à la suite d’abandons, et les fonds doivent être réalloués à d’autres projets.

Dans sa plus récente mise à jour, la Société d’habitation du Québec (SHQ) montre que le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), qui a remplacé AccèsLogis, n’a toujours pas livré de logements : 324 d’entre eux sont en phase de réalisation et 1283 sont en phase de développement. Ce qui frappe également, c’est la hausse soudaine du prix de construction de ces projets.

L’Umano, à Lévis, porté par un promoteur privé, a vu son coût de réalisation doubler entre le 13 juillet 2022 et aujourd’hui. Il atteint maintenant 80,7 millions, une moyenne de 727 000 $ par logement. Le Monarque, à Sherbrooke, a vu sa facture passer de 44,7 millions à 78,8 millions, au coût de 588 000 $ par logement.

Une centaine de logements ont également été retirés de la liste des logements en développement depuis décembre, constate-t-on également dans cette mise à jour.

Majoration des coûts

Comment expliquer ce grand bond ? « Un correctif a récemment été apporté aux données concernant les projets PHAQ afin que soient considérées les plus récentes versions des montages financiers des projets en réalisation », a indiqué la SHQ dans un courriel qui n’était pas signé.

« Cette hausse correspond à une majoration du coût de réalisation des projets et non pas de l’aide financière prévue, ce qui n’affectera pas le nombre de logements qui seront construits », a ajouté l’organisme. Le montant de 300 millions prévu en 2022 ne change donc pas.

Du côté du bureau de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, on affirme également que l’argent destiné aux projets abandonnés pourra financer de nouveaux projets. « Avec les subventions des projets “abandonnés”, l’objectif est de refinancer d’autres projets d’habitation, oui », a indiqué l’attachée de presse de la ministre, Justine Vézina.

Mme Vézina affirme que la somme prévue pour chacun des projets ne changera pas malgré l’explosion des coûts. Les promoteurs, qu’ils soient privés ou communautaires, devront trouver l’argent ailleurs, que ce soit au municipal, au fédéral ou auprès de prêteurs privés ou de fondations, par exemple.

Le tableau de bord de la SHQ n’inclut pas les deux nouvelles vagues de projets annoncés dans le PHAQ en 2023 et en 2024. Ça devrait être fait d’ici le mois de mai, a-t-elle indiqué.

« Avancer par en arrière »

Éric Cimon, directeur général de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec, qui représente les entreprises d’économie sociale vouées au développement de l’habitation communautaire, n’est pas du même avis. « On avance par en arrière », laisse-t-il tomber.

La hausse importante du prix s’explique en raison de l’augmentation du coût des matériaux, du financement plus coûteux, de la décontamination de terrains, explique-t-il. Mais puisque le financement du gouvernement du Québec ne suit pas, ça devient rapidement très difficile, ajoute-t-il.

« Le manque à gagner, il faut aller le trouver ailleurs : aller voir des fondations, faire des levées de fonds, par exemple. Et ils demandent aux villes de donner plus, mais les villes n’ont pas les moyens », a-t-il dit.

Par exemple, pour le projet Le Monarque, à Sherbrooke, La Tribune et Radio-Canada rapportaient en février que la Ville, avec sa contribution de près de 10 millions au projet, a dépensé l’ensemble des sommes qu’elle avait réservées au logement social. Des élus municipaux ont voté contre en citant les coûts élevés du projet.

On est arrivé au point où on a cassé la tirelire, gratté tous les fonds de tiroirs et qu’on a complètement épuisé toutes nos ressources. Les coûts de construction ont explosé, ce qui fait en sorte qu’on n’est plus capable de suivre.

 Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke, à Radio-Canada

M. Cimon estime pour sa part que le Québec fait face à un risque : si certains projets tombent à l’eau en raison de cette flambée des prix et sont abandonnés, il faudra rembourser les frais professionnels, comme les plans d’architecte et d’ingénieurs, et recommencer à zéro ailleurs, en risquant de voir le prix « par porte » continuer d’augmenter.

« Il y a du manque à gagner. On réussit à faire des montages, mais c’est compliqué. Le prix de la porte n’arrête pas d’augmenter, dit M. Cimon. Il faut mettre l’argent nécessaire pour atteindre les objectifs au moment où ça a lieu, parce que sinon, ça va coûter plus cher plus tard. »

Source: la presse

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