De 11 à 13 milliards $ nécessaires en francisation au Québec, estime le commissaire

15 février 2024
De 11 à 13 milliards $ nécessaires en francisation au Québec, estime le commissaire

Assahafa.com

Le commissaire à la langue française recommande des investissements substantiels en francisation pour faire face à l’explosion du nombre d’immigrants temporaires accueillis au Québec. Ce phénomène migratoire a « joué un rôle central dans la baisse du français », estime Benoît Dubreuil, qui a déposé son rapport à ce sujet mercredi.

Selon M. Dubreuil, il faudrait investir de 10,6 à 12,9 milliards de dollars pour que l’ensemble des immigrantes et immigrants temporaires complètent une formation de niveau intermédiaire en français.

L’apprentissage du français, selon le commissaire, nécessite environ une année d’études à temps plein, a-t-il précisé en point de presse à l’Assemblée nationale. M. Dubreuil constate toutefois que le rythme actuel d’apprentissage du français est insuffisant.

La plupart des immigrantes et immigrants temporaires qui ne connaissent pas le français ne se sont pas inscrits aux cours offerts par Francisation Québec. Parmi ceux qui se sont inscrits, plusieurs n’ont pas obtenu une place. Enfin, parmi ceux qui en ont obtenu une, la plupart n’ont suivi que des cours à temps partiel et pendant quelques mois, c’est-à-dire pendant une durée insuffisante pour apprendre à parler le français couramment, indique le rapport du commissaire.

Pas moins de 36 304 immigrants temporaires attendent une place dans une classe de francisation, précise le document. Nous estimons que le nombre d’heures réalisées en francisation, cette année, correspondait à environ 5 à 6 % de celui qui serait nécessaire pour que tous les immigrants temporaires puissent parler français couramment, a expliqué M. Dubreuil.

De 2021 à 2023, la population ne connaissant pas le français et celle travaillant principalement en anglais auraient toutes deux augmenté d’environ un point de pourcentage, signale le rapport.

Un pour cent de baisse du français au travail, par exemple, en deux ans, historiquement, c’est énorme. En fait, je pense que c’est même incomparable, a affirmé le commissaire à la langue française.

La proportion de la population québécoise qui ne connaît pas le français est passée de 6,3 % à environ 7,2 % durant cette période, précise le document.

Exigences rehaussées pour les immigrants temporaires

La population non permanente qui ne connaît pas le français comptait entre 155 351 et 191 015 personnes en octobre 2023, indique le rapport. Ce nombre aurait pratiquement triplé de 2021 à 2023, précise-t-on, et comprend des travailleurs étrangers temporaires, des étudiants et des diplômés étrangers ainsi que des demandeurs d’asile.

Le rapport propose donc au gouvernement d’exiger des titulaires d’un permis de travail du Programme des travailleurs étrangers temporaires une connaissance de niveau trois à l’oral sur l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français au moment de l’obtention d’un premier permis de travail.

Puis, au moment du renouvellement de leur permis, cette exigence passerait à une connaissance du français de niveau cinq à l’oral.

Le commissaire Benoît Dubreuil suggère également que des discussions aient lieu avec le gouvernement du Canada pour faire en sorte que le droit de travailler hors campus pour les titulaires de permis d’études ou d’un permis de travail postdiplôme devienne conditionnel à l’atteinte d’un niveau trois à l’oral.

Il propose aussi que l’atteinte du niveau sept à l’oral et du niveau cinq à l’écrit devienne nécessaire à la délivrance du permis de travail postdiplôme.

Le commissaire considère cependant que le niveau cinq à l’écrit est trop faible. L’idée du niveau cinq, c’est d’avoir une cohérence avec ce qui va être demandé à l’immigration permanente, dit-il.

En outre, Benoît Dubreuil croit qu’il serait utile de créer un tableau de bord public sur l’évolution de la population non permanente au Québec et de ses caractéristiques, notamment linguistiques, afin de mieux planifier et de mieux évaluer les politiques en matière d’immigration temporaire.

Le commissaire souligne la croissance fulgurante du nombre de résidents non permanents depuis la fin de la pandémie. Selon le recensement de 2016 de Statistique Canada, 86 065 immigrants temporaires étaient installés au Québec. En octobre 2023, soit sept ans plus tard, on estimait ce nombre à 528 034 personnes.

J’estime qu’environ le tiers de ces personnes ne maîtrisent pas le français. Or, parmi elles, la plupart connaissent l’anglais et l’utilisent de façon prédominante au travail, énonce M. Dubreuil.

Repenser la répartition des demandeurs d’asile

À l’instar du gouvernement de la Coalition avenir Québec, le commissaire à la langue française croit qu’il faut revoir la répartition des demandeurs d’asile au Canada.

Le rôle du Québec devrait d’abord être d’accueillir les demandeurs d’asile qui ont déjà une connaissance du français, affirme-t-il.

Ceux qui n’ont pas cette connaissance devraient être réorientés en priorité vers une province à majorité anglophone qui reçoit peu de demandeurs d’asile, soutient M. Dubreuil, ce qui permettrait de réduire le coût d’intégration des demandeurs d’asile ainsi que de faciliter leur intégration.

Le commissaire affirme qu’il n’est pas envisageable d’empêcher les gens de se déplacer [d’une province à l’autre]. M. Dubreuil croit cependant que si la capacité de villes comme Halifax, Saint-Jean (T.-N.-L.), Edmonton et Calgary à accueillir des demandeurs d’asile était améliorée, beaucoup de personnes d’abord anglophones préféreraient probablement s’y installer.

Source: Radio Canada

Derniers articles
Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu et les annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de médias sociaux, de publicité et d'analyse.
j'accepte!