L’électrification agressive du plus grand transporteur du Canada

8 janvier 2024
L’électrification agressive du plus grand transporteur du Canada

Assahafa.com

C’est une révolution verte et en douceur qui s’opère à la Commission de transport de Toronto (CTT) et qui doit la mener vers une flotte d’autobus entièrement carboneutre.

Cette transformation a débuté en 2017, par l’achat de 60 véhicules dans le cadre d’un projet pilote.

Un premier pas timide par une direction frileuse, nous avons été échaudés avant l’adoption de nouvelles technologies et cela a créé une résistance à ce genre d’innovation, se souvient Bem Case, le directeur exécutif de l’innovation et du développement durable.

Le marché de l’époque est si modeste que les trois seuls constructeurs présents sur le marché canadien sont invités à collaborer directement avec le transporteur à l’élaboration d’un premier cahier des charges.

2019 : un premier bus électrique en circulation

Ce galop d’essai permet à la CTT de se faire une meilleure idée d’une technologie encore jeune et perfectible, et de dresser le portrait-robot de la future génération d’autobus électriques qu’elle voudrait voir sillonner les rues de la Ville Reine.

Il ne s’agissait pas seulement de savoir si la batterie fonctionnait, explique Bem Case, nous avons profité de l’occasion pour tester tout un tas d’autres choses en dehors de la propulsion, comme des systèmes de portes différents, des systèmes de direction et suspension, des poignées différentes.

La CTT va même jusqu’à tester différentes dispositions des sièges.

Pour compléter l’évaluation des performances des véhicules et leur maintenance, les chauffeurs sont sollicités pour donner leur retour et des sondages sont réalisés auprès des passagers pour jauger l’expérience client, nous pouvions donc évaluer techniquement et subjectivement ce qui fonctionnait le mieux, résume Bem Case.

Un fournisseur défaillant

Comme pour la ville d’Edmonton, la CTT a connu des problèmes avec un des fournisseurs, Proterra. La capitale de l’Alberta avait elle aussi acquis une soixantaine de bus, tous auprès du fournisseur américain, et a connu une mauvaise fortune, avec des problèmes d’autonomie de batteries et de manque de pièces de rechange.

Proterra avait fini par se déclarer en faillite.

Des milliers de kilomètres plus tard et grâce à un soutien financier provincial et municipal de 700 millions de dollars, la CTT a passé commande de 340 nouveaux bus électriques en avril dernier, pour une livraison prévue en 2025.

Deux entreprises canadiennes se partagent le contrat : New Flyer de Winnipeg et la québécoise Nova Bus.

Nous avons remporté 60 % du marché, explique Jennifer McNeil, la vice-présidente des ventes à New Flyer. L’entreprise manitobaine équipera la CTT avec le Xcelsior CHARGE NG, doté d’un système de batterie modulaire.

 Il est très important à mesure que la technologie se développe, de founir un moyen très souple d’améliorer la technologie sans avoir à redessiner l’autobus, explique-t-elle.

En proie à des difficultés économiques suite à la baisse de l’achalandage, le soutien financier des institutions publiques s’est révélé déterminant.

Des subventions et des programmes d’aide permettent de réduire les coûts d’investissement initiaux de ces véhicules, explique Meena Bibra, de Clean Energy Canada, tout en rappelant l’intérêt financier sur le long terme en raison des faibles prix de l’électricité et des coûts d’entretien presque minimes de ce type de véhicules, des économies considérables sont réalisées sur toute leur durée de vie.

Le projet pilote avait lui aussi été financé par le fonds fédéral pour l’infrastructure de transport en commun.

Objectif zéro émission en 2040

Au moment où elle passait commande de ces nouveaux véhicules électriques, d’autres autobus, cette fois hybrides, étaient livrés, les premiers d’une série de 336.

C’est l’autre jambe sur laquelle repose la transition écologique amorcée par la CTT, qui annonçait qu’après cette livraison, elle n’achèterait plus que des véhicules électriques.

Le dernier bus thermique, diesel, lui, a été acheté en 2018 et sera retiré du service en 2031, le dernier bus hybride devrait être mis hors service en 2037, à ce moment-là nous aurons une flotte entièrement électrique, soit trois ans avant l’objectif de TransformTO, se félicite Bem Case, en faisant référence à l’objectif de la Ville d’une flotte carboneutre à horizon 2040.

La CTT et ses 2000 autobus font partie de l’équation, comme entre autres la police de Toronto, ou encore les ambulances.

Pour la professeur Catherine Morency, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la mobilité des personnes et professeur à Polytechnique Montréal, cette électrification agressive n’est pas la plus efficace dans un contexte financier contraint : Si on a un montant d’argent limité et qu’on se questionne sur le meilleur investissement aujourd’hui, on serait mieux d’augmenter le niveau de service.

Si elle insiste sur le fait que personne n’est contre l’électrification des autobus, elle soutient tout de même que l’arbitrage en termes de coût financier et environnemental peut être amélioré. Un constat partagé par l’organisation de défenses des usagers TTC Riders.

Cependant, pour Meena Bibra, la visibilité est importante et le message positif envoyé par la ville la plus peuplée du Canada qui transitionne vers le zéro émission a lui aussi son importance.

Source: Radio Canada

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