Le DPB est troublé par les réactions au rapport sur le prix du carbone

8 avril 2023
Le DPB est troublé par les réactions au rapport sur le prix du carbone

Assahafa.com

Le directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux, est troublé par ceux qui font une lecture sélective de son dernier rapport financier sur la redevance fédérale sur les combustibles.

Il affirme que son rapport doit être placé dans le bon contexte, notamment en comparant les coûts de toutes les autres politiques de lutte contre les changements climatiques, y compris la politique de ne rien faire.

Peu importe ce que l’on fait, cela aura un coût, lance M. Giroux en entrevue à La Presse canadienne.

Le DPB a déclenché la semaine dernière une tempête politique lorsqu’il a conclu dans un rapport que la plupart des ménages enregistreront un gain net en recevant davantage de paiements de l’incitatif à agir pour le climat que le montant total qu’ils paient en redevance fédérale sur les combustibles.

Toutefois, la situation est inversée si l’on tient compte des incidences économiques, comme la perte de revenus d’emploi et de placement.

Chaque province doit avoir la même tarification prélevée sur les carburants émettant des gaz à effet de serre, mais seuls l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et l’Ontario ont utilisé le régime fédéral en 2021.

Les libéraux et les conservateurs jugent que le rapport leur donne de l’eau au moulin.

Pour les premiers, il démontre que la redevance permet de rendre la vie plus abordable à une majorité. Les seconds la qualifient de taxe sournoise qui augmente le coût de la vie.

Selon M. Giroux, on ne peut pas choisir la partie de son rapport que l’on veut privilégier.

Que l’on s’attarde à un seul aspect du rapport, cela m’inquiète, reconnaît-il. Il vaut mieux examiner le portrait global.

« Tout ce que l’on fera pour lutter contre les changements climatiques aura un coût. On a le choix entre une taxe sur le carbone ou une réglementation pour réduire l’utilisation des carburants fossiles. La réglementation aussi a un coût. Ne rien faire aussi a un coût. »

— Une citation de  Yves Giroux, directeur parlementaire du budget

Imposer une taxe sur le carbone se fonde sur l’idée que le coût élevé du carburant aura des conséquences sur la consommation. La redevance vise à limiter les répercussions de la hausse des coûts sur les ménages.

Le principe paraît simple, mais la réalité est plus complexe. Toutefois, le dossier se prête bien à la rhétorique politique et à la désinformation.

La taxe sur le carbone mal expliquée

Christopher Ragan, le directeur de l’École de politiques publiques Max Bell de l’Université McGill, déplore que les conservateurs ne parlent pas des solutions de rechange qu’ils proposeraient pour remplacer la taxe sur le carbone. Lui aussi dit que le choix de ne rien faire aura un coût.

Il reproche aussi au gouvernement libéral de mal expliquer la taxe sur le carbone.

Il est plutôt mauvais pour l’expliquer et communiquer à ce sujet, lance-t-il.

Le gouvernement tente de porter presque exclusivement l’attention sur l’argent que peuvent économiser les gens grâce à la redevance ou en achetant un véhicule électrique. Il est moins clair que la redevance sur le carbone a un coût. C’est pourtant ça le point : faire en sorte que le prix des carburants fossiles est plus élevé.

« C’est comme s’il avait choisi de ne pas s’engager dans ce débat ou s’il le fait, il n’est pas très efficace. Et je ne suis pas sûr de la bonne solution. »

— Une citation de  Christopher Ragan, le directeur de l’École de politiques publiques Max Bell de l’Université McGill

Dans un autre rapport publié l’an dernier, Yves Giroux avait indiqué qu’une augmentation de la taxe sur le carbone à 170 $ la tonne permettrait d’éliminer 96 millions de tonnes d’émissions de plus que si la taxe demeurait à 50 $ la tonne.

Le gouvernement, de son côté, ne peut pas encore montrer à la population les répercussions de la taxe sur le carbone.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, dit que l’analyse présentement en cours n’est pas encore prête pour publication. M. Guilbault reconnaît par ailleurs que le message du gouvernement fédéral sur les changements climatiques et la redevance sur le carbone n’est pas toujours aussi efficace qu’il devrait l’être.

« Il faut être plus efficace lorsqu’on communique sur les changements climatiques. »

— Une citation de  Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement

Source de frustration pour les libéraux : le refus du DBP d’estimer les coûts économiques et environnementaux des changements climatiques dans son rapport.

Le député de Guelph, Lloyd Longfield, membre du comité permanent de l’Environnement, a écrit à M. Giroux pour lui demander d’inclure ces facteurs dans son analyse. Il veut aussi qu’il prenne en cause les bénéfices économiques d’investir dans des industries émettant peu de gaz à effet de serre.

L’ignorer ne rend pas service à la discussion, soutient le député.

Pour M. Giroux, c’est ceux qui lisent ou discutent son rapport qui doivent mettre la situation en contexte.

Notre mise en garde est clairement comprise dans le rapport. Si des individus ou des groupes utilisent notre rapport et l’expliquent de leur façon, c’est à eux d’en donner les raisons.

Source: Radio-Canada

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