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La Ville de Québec a entre les mains deux études préparées par l’Institut de la statistique du Québec montrant que la construction du tramway va générer d’importantes retombées économiques au cours des huit prochaines années. Le modèle développé pour réaliser ces projections comporte tout de même des limites.
Radio-Canada a eu accès aux documents qui n’ont pas été rendus publics.
Les études ont été réalisées en début d’année. La Ville de Québec a confié le mandat à l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) dont le modèle de calculs permet de faire une projection de l’impact des investissements sur le produit intérieur brut d’une région.
D’ici 2033, date de mise en service du tramway, la Ville anticipe des investissements totaux de 11,3 milliards de dollars pour la construction du tramway et pour les projets immobiliers le long du tracé. L’Institut de la statistique évalue que ces investissements vont se traduire par des retombées économiques de l’ordre 7,6 milliards de dollars. L’industrie de la construction serait le secteur d’activité le plus sollicité.
Au cours de la même période, ces mêmes investissements devraient permettre la création de 68 338 emplois. Cela veut dire environ 8500 emplois chaque année pendant 8 ans, dont les deux tiers seront créés sur le territoire de la ville de Québec.
Des études similaires avaient déjà été réalisées en 2019 et avaient été présentées au BAPE en 2020 dans le dossier d’affaire de la Ville. Les données ont maintenant été mises à jour dans les nouvelles projections.
Taux de chômage en baisse
Une autre donnée calculée par le modèle de l’ISQ c’est le taux de chômage. L’Institut prévoit que la construction du tramway va réduire le nombre de chômeurs dans la région métropolitaine de Québec de 31 %, ce qui entraînera une baisse supplémentaire du taux de chômage de 1,2 point de pourcentage.
Dans ses projections, l’ISQ avance que le taux de chômage pour les prochaines années restera relativement bas dans la région.
Sans le projet de tramway, l’Institut évalue que le taux serait à 3,7 % en 2030. Lorsqu’on ajoute le projet de transport structurant dans le modèle de calculs, le taux baisse à 2,5 %.
Créer de la confiance
Pour la Ville, ces résultats permettent d’illustrer l’ampleur des injections monétaires dans la région sur plusieurs années
. Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, on indique que cela crée un climat de confiance
pour les fournisseurs du tramway et pour l’industrie de la construction qui pourront investir sans craindre les soubresauts de l’économie.
La Ville insiste pour dire que cela envoie le signal que c’est un moment propice pour les entreprises qui veulent investir.
Même si la région sera dans une situation de plein emploi, Québec sera attirante pour les travailleurs. Il s’agira de conditions favorables pour attirer la main-d’œuvre, pour la former et augmenter la population active
, ajoute-t-on.
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Les limites de l’exercice
Le modèle développé par l’ISQ comporte toutefois certaines limites. Il ne s’agit pas d’une étude sur la rentabilité d’un projet ni d’une étude de marché, peut-on lire dans les études consultées par Radio-Canada. On ajoute toutefois qu’elles peuvent constituer une base ou un complément fort utile d’études beaucoup plus vastes
.
C’est d’ailleurs ce que souligne le professeur titulaire au département économique de l’Université Laval, Philippe Barla. Il reconnaît que les investissements à venir au cours des prochaines années sont considérables et qu’ils vont rapporter des milliards de dollars à la région de Québec.
Du même souffle, il souligne que dans ce genre d’études, les chiffres sont toujours positifs.
Plus un projet est important et plus les retombées le sont également.
Le professeur connaît bien le modèle développé par l’Institut de la statistique du Québec. Il estime par contre que les résultats doivent être remis dans leur contexte.
C’est probablement surestimé. Ça suppose que tout l’investissement va générer de l’activité économique supplémentaire
, alors que, fait-il valoir, le projet de tramway pourrait mettre une pression accrue sur les coûts et aussi nuire à d’autres projets qui ne seront pas réalisés.
Source: Radio Canada