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Le gouvernement Legault exige toujours plus de pouvoirs pour le Québec et ne cesse de dénoncer les ingérences du fédéral dans ses champs de compétences. Il s’est récemment trouvé un allié dans son combat : l’Alberta. Mais ce rapprochement entre les deux provinces peut-il réellement porter fruit ? La Presse Canadienne en a discuté avec des politologues.
Selon un professeur de science politique à l’Université Laval, Éric Montigny, « le Québec a tout intérêt à tisser des liens à l’intérieur de la fédération canadienne, pour pousser un agenda qui revendique davantage d’autonomie pour les provinces dans le cadre fédératif ».
La Coalition avenir Québec se targue d’incarner une troisième voie entre le fédéralisme des libéraux et l’indépendantisme du Parti québécois, qui cherche à faire des gains pour la province tout en restant au sein du Canada.
Éric Montigny, qui est justement le coauteur d’un livre sur la troisième voie au Québec, rappelle que l’objectif du gouvernement Legault est de faire « des gains, un à la fois ».
« Ce n’est pas l’attente du grand soir », souligne-t-il.
Dans une lettre envoyée à son homologue François Legault, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a proposé que les deux gouvernements travaillent de concert pour une plus grande autonomie provinciale.
Elle dit également appuyer plusieurs recommandations du « Rapport du Comité consultatif sur les enjeux constitutionnels du Québec au sein de la fédération », déposé en novembre dernier.
La première ministre de l’Alberta a même donné son soutien au Québec dans le dossier de l’utilisation de la clause dérogatoire pour la loi 21 sur la laïcité. Un appui salué par Québec.
Le ministre québécois des Relations canadiennes, Simon Jolin-Barrette, a rencontré Mme Smith la semaine dernière.
« On place ses pions »
Selon le politologue Frédéric Boily, cette potentielle alliance peut être « fertile » à la fois pour le Québec et l’Alberta, surtout dans le contexte de l’élection fédérale où les libéraux pourraient bien être reportés au pouvoir, selon les plus récents sondages.
« Ça donne un levier de négociations un peu plus fort aux deux provinces. […] On place ses pions », dit le professeur à l’Université de l’Alberta.
Une alliance entre les deux provinces peut toutefois surprendre puisqu’historiquement, le Québec et l’Alberta ont eu des tensions notamment sur la question de la péréquation ou encore des dossiers énergétiques.
« Le Québec, c’est la province pro-environnement, pour la lutte contre les changements climatiques, etc. C’est fermement inscrit dans l’imaginaire collectif albertain. Et donc, sur le fond des politiques, le Québec continue à être un repoussoir pour les Albertains, bien davantage qu’un allié », soutient un professeur de science politique à l’Université de Winnipeg, Félix Mathieu.
Le politologue émet toutefois un bémol quant à cette alliance. « Oui, le Québec et l’Alberta partagent une volonté d’avoir une entente particulière avec le système fédéral canadien pour mieux tirer leur épingle du jeu, mais dans le but de réaliser des fins politiques assez différentes souvent », explique-t-il.
Ce n’est pas la première fois que le sujet est sur la table. Une alliance entre le Québec et l’Alberta a déjà été évoquée en 2019, alors que la province de l’Ouest était dirigée par le premier ministre Jason Kenney.
Source: la presse