Les jours propices au patinage extérieur fondent

24 décembre 2024
Les jours propices au patinage extérieur fondent

Assahafa.com

Le nombre de journées propices aux patinoires, dans le sud du Québec, est passé de plus d’une soixantaine à une quarantaine à peine par hiver. Une diminution de 30 % en l’espace d’un demi-siècle.

 Ça ne gèle plus assez », dit d’entrée de jeu Marie-Michelle Crevier quand on lui demande pourquoi il n’est plus possible de patiner sur la rivière des Mille Îles, derrière l’église de Saint-Eustache. L’adjointe aux communications de la municipalité explique que la patinoire n’a pas pu être ouverte à l’hiver 2020-2021. Elle n’a pas rouvert depuis. Il était possible d’y faire du patin depuis 1987.

Dans un dossier publié par La Presse dimanche, le chercheur Robert McLeman précisait que la température idéale pour une patinoire est de -5 °C.

Nous avons donc colligé des données historiques de 19 stations météo, partout dans le sud du Québec. Dans chaque station, nous avons compté le nombre de jours où la température maximale était inférieure à -5 degrés au cours des 50 dernières années.

Les hivers formidables cèdent le pas aux hivers exécrables. Dans la dernière moitié de la décennie 1970, chaque hiver comptait en moyenne 62 jours avec une température maximale plus froide que -5 °C.

Au cours des cinq dernières années (2019 à 2023), cette moyenne est tombée à 43, une diminution de 30 % sur une période de 50 ans, pour l’ensemble des stations que nous avons examinées.

En général, plus une station météo est située au nord, moins elle perd de temps de glace. À Chibougamau, par exemple, on est passé de 100 jours plus froids que -5 °C, dans les années 1970, à 86 entre 2019 et 2023, une diminution de 14 %.

Dans les stations situées en Abitibi et au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la diminution a été de l’ordre de 20 %. Elle a été d’environ 25 % pour les stations sur la Côte-Nord (Baie-Comeau et Sept-Îles).

À Saint-Hyacinthe, on pouvait patiner sur la rivière Yamaska entre 1990 et 2010, selon des archives du Courrier de Saint-Hyacinthe. Sarah-Maude Cloutier, du service des loisirs de la ville, explique qu’il devenait impossible d’offrir aux citoyens des conditions sécuritaires. La patinoire sur la rivière ne pouvait plus être ouverte que 12 jours par hiver, les dernières années.

Réduction de moitié à Montréal

Plus au sud, la diminution dépasse la moyenne québécoise. À Montréal, elle frôle même 50 %.

S’il y avait 53 jours par année propices aux patinoires dans la métropole entre 1975 et 1979, ce nombre avait diminué à 27 au cours de la période 2019 à 2023.

Pour voir à quoi s’attendre au cours des prochaines années, La Presse a réalisé deux projections sur les données du dernier demi-siècle. Les résultats donnent une idée du moment où il ne restera plus aucune journée avec une température idéale pour patiner à l’extérieur dans la ville où le hockey sur glace a été inventé.

Dans un cas, cette situation survient dès 2036. Dans l’autre, on a un sursis jusqu’en 2101.

Stratégique canal Rideau

Mais les organisations s’adaptent déjà. « Notre priorité des dernières années est d’adapter nos opérations », confirme Maryam El-Akhrass, conseillère en communications de la Commission de la capitale nationale (CCN), qui gère la célèbre patinoire du canal Rideau.

« Certaines stratégies ont déjà été implantées, comme l’utilisation d’équipement plus léger, et des techniques avancées qui nous permettent de créer de la glace plus tôt dans la saison […] qui pourraient contribuer à une formation plus rapide de la glace. »

L’arrosage, qui a déjà commencé, devrait permettre au canal d’accueillir les patineurs cet hiver. Il faut cependant que l’épaisseur de la glace atteigne 30 cm pour que les conditions soient sécuritaires. En 2023, la CCN avait dû renoncer à ouvrir le canal aux patineurs pour la première fois depuis son ouverture, en 1971.

On ouvre 90 jours, en hiver, et on s’est toujours adaptés à la météo », dit de son côté Marc-Antoine Binette, responsable du labyrinthe glacé du Domaine Enchanteur, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, en Mauricie. Le couvert forestier dans lequel les patineurs peuvent circuler offre déjà une certaine protection contre la pluie ou le soleil trop fort. M. Binette demeure malgré tout optimiste et ne voit pas le jour où la patinoire extérieure devra cesser ses opérations pour cause d’hivers trop doux.

Source: la presse

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