« On est encore loin du compte », estiment des experts

13 décembre 2024
« On est encore loin du compte », estiment des experts

Assahafa.com

L’entente de Churchill Falls renégociée avec Terre-Neuve-et-Labrador réduit la pression sur Hydro-Québec, mais elle comble seulement une partie des besoins supplémentaires identifiés dans son Plan d’action 2035, relèvent des experts.

Hydro-Québec « sécurise » l’électricité de Churchill Falls qu’elle avait déjà, souligne Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie et professeur émérite à l’Université d’Ottawa. Elle pourra acheter 2400 mégawatts supplémentaires, ce qui est loin des 9000 mégawatts de plus que la société d’État veut fournir d’ici 2035, dit-il.

Dans son Plan d’action 2035, Hydro-Québec a annoncé son intention d’augmenter sa production de 8000 à 9000 mégawatts et de construire 5000 kilomètres de lignes de transport pour faire face aux besoins additionnels liés à l’électrification des transports et au développement industriel. Un plan très ambitieux, selon M. Bernard, qui doute qu’il puisse se réaliser en si peu de temps.

« On est encore loin du compte », reconnaît Yvan Cliche, un ancien d’Hydro-Québec maintenant associé au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM).

Mais les mégawatts supplémentaires qui viendront de Terre-Neuve-et-Labrador représentent tout de même le tiers des besoins identifiés par Hydro-Québec, précise-t-il.

Surtout, il s’agit d’ajout de puissance et d’énergie fiable, ce qui est extrêmement précieux pour un opérateur de réseau comme Hydro-Québec pour intégrer de l’éolien et du solaire.

 Yvan Cliche, spécialiste en énergie au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal

Yvan Cliche estime que les deux parties ont de quoi se réjouir à la suite de cette entente qui assure le développement de ressources précieuses qui n’aurait pu se faire autrement. « Terre-Neuve n’aurait pas pu financer ces projets, tandis qu’Hydro-Québec a l’expertise et n’aura pas à faire trop d’efforts pour convaincre les marchés financiers », dit-il.

Surtout, estime-t-il, l’entente entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador assure de maintenir en vie cet écosystème énergétique pour encore une ou deux générations. « C’est un peu la Baie-James 3 », illustre-t-il.

« Coup de maître »

Hydro-Québec paie plus cher aujourd’hui pour se garantir à long terme un approvisionnement à un coût raisonnable, ce qui est positif, résume Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

Si le contrat de Churchill Falls n’avait pas été renouvelé, « il y aurait un trou béant » dans le plan d’Hydro-Québec d’accroître rapidement sa production d’énergie.

« Ça enlève énormément de pression sur le plan d’action d’Hydro-Québec pour les prochaines années », dit M. Pineau. Il estime lui aussi que ce plan est « très ambitieux », ce que le gouvernement et la population en général ne semblent pas réaliser.

François Bouffard, professeur spécialisé en énergie de l’Université McGill, n’hésite pas à parler d’un coup de maître. « Ma réaction à chaud est de dire que c’est un coup de maître de Michael Sabia et d’Hydro-Québec », a-t-il commenté.

Oui, ça coûtera cher, mais l’alternative serait passablement plus dispendieuse.

 François Bouffard, professeur spécialisé en énergie de l’Université McGill

Malgré les pertes de revenus anticipées pour le gouvernement du Québec, celui-ci est en bien meilleure posture pour aller de l’avant avec sa politique industrielle », croit M. Bouffard, qui prend soin d’ajouter qu’il n’appuie pas entièrement cette politique industrielle.

L’entente entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador est une entente de principe qui doit encore être officialisée. Elle a été très bien accueillie dans les milieux d’affaires québécois.

« Les nouveaux tarifs sont certes plus élevés que [ceux de] l’accord initial, mais ils demeurent tout de même plus avantageux que si nous avions attendu la fin de l’échéance du contrat initial », a dit Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec. Il estime que le gouvernement québécois et Hydro-Québec ont conclu une entente « raisonnable » qui aidera le Québec à réaliser ses ambitions.

De son côté, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, s’est dit rassuré par une entente « qui offre une stabilité énergétique et économique pour les décennies à venir ».

Source: la presse

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