Retour de Trump : Trudeau doit « boucler sa ceinture »

7 novembre 2024
Retour de Trump : Trudeau doit « boucler sa ceinture »

Assahafa.com

Donald Trump en a fait voir de toutes les couleurs à Justin Trudeau durant son premier mandat présidentiel. Ce qui attend le chef libéral cette fois-ci pourrait être bien pire.

« Bouclez votre ceinture » : le message de l’ancienne ambassadrice américaine Kelly Craft au Canada ne pouvait être plus clair. Avec la victoire de Donald Trump, le Canada s’apprête à faire un nouveau tour de montagnes russes. Mais elles s’annoncent plus effrayantes. Et cette fois-ci, Justin Trudeau pourrait être éjecté du manège.

Dans l’entourage du premier ministre, on confie avoir été surpris par l’ampleur de la victoire du républicain. Devant les caméras, mercredi, tous les ministres affichaient toutefois une mine souriante. C’est normal pour les Canadiens d’être inquiets, mais tout va bien aller, assurait la vice-première ministre Chrystia Freeland.

Le gouvernement Trudeau n’ignore cependant pas que la tempête qui s’apprête à déferler sur le Canada va en décoiffer plusieurs.

Si Donald Trump va de l’avant avec sa promesse d’imposer des tarifs douaniers de 10 % sur toutes les importations, le PIB canadien diminuera de 7 milliards de dollars en un an, selon la Banque de développement du Canada (BDC).

Le républicain entend réviser l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) à l’avantage des Américains, ce qui laisse planer une incertitude sur le système de gestion de l’offre en agriculture au Canada.

L’expulsion massive de sans-papiers risque d’alourdir le flux migratoire vers le Canada. Les politiques de Trump en faveur des combustibles fossiles feront vraisemblablement reculer la lutte contre les changements climatiques. Sa proximité avec la Russie risque de jouer contre l’Ukraine et de perturber l’échiquier mondial.

L’ampleur de la tâche donne le vertige.

Une situation bien différente

Les libéraux font valoir qu’ils sont bien placés pour gérer cette relation, parce que ce sont eux qui étaient au pouvoir lorsque Donald Trump a été élu la première fois.

Or, Justin Trudeau se trouve aujourd’hui dans une position bien plus vulnérable que lors du premier mandat du républicain.

Il n’est plus le jeune premier ministre qui attirait les foules dans les sommets internationaux. Il porte maintenant l’usure du pouvoir et traîne son impopularité comme un boulet. Il n’est plus dans une position de force pour négocier, par exemple, les nouveaux termes de l’ACEUM.

La polarisation politique est telle au Canada qu’il sera par ailleurs difficile de remettre sur pied une « Équipe Canada » multipartisane, alors que la force de cette stratégie était justement de rassembler des acteurs de toutes les allégeances politiques lors de la renégociation de l’accord de libre-échange.

Le monde a lui aussi changé au cours des quatre dernières années. Il est devenu plus difficile et complexe, a admis Justin Trudeau, alors que sévissent toujours les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient. L’influence du Canada, elle, paraît en déclin, alors qu’Ottawa se fait constamment remettre sous le nez par ses alliés le fait qu’il est encore loin de l’objectif de 2 % du PIB en dépenses militaires.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a félicité Donald Trump pour sa réélection «décisive» à la présidence des États-Unis pour un second mandat.

Les libéraux entendent maintenant profiter de l’élection de Donald Trump pour rebondir. Justin Trudeau pourrait remanier son cabinet très prochainement afin de choisir le meilleur interlocuteur pour une administration qui sera assurément imprévisible. Chrystia Freeland pourrait par ailleurs présenter une mise à jour économique adaptée à la nouvelle réalité nord-américaine cet automne.

Avantage Trudeau ou Poilievre?

On ignore pour l’instant qui, des libéraux ou des conservateurs, tirera un avantage stratégique des résultats de l’élection américaine.

Les troupes libérales se croisent les doigts en souhaitant que les Canadiens veuillent un contrepoids plus progressiste face à la droite dure du président désigné. Même s’il existe des différences entre Pierre Poilievre et Donald Trump, les libéraux peuvent également espérer que les électeurs mettront les deux politiciens dans le même panier.

Le président américain Joe Biden serre la main du chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, sous le regard du premier ministre Justin Trudeau, lors d’une cérémonie de bienvenue sur la colline du Parlement à Ottawa, le vendredi 24 mars 2023.

Si les Canadiens n’aiment pas ce qu’ils voient au sud de la frontière, ils seront peut-être plus réticents à voter pour les conservateurs, plus proches idéologiquement des républicains que les libéraux.

Mais la victoire de Donald Trump illustre également à quel point il est difficile pour un gouvernement sortant de démontrer qu’il est à l’écoute des problèmes concrets des gens.

Et les conservateurs misent déjà sur cette insatisfaction.

Mercredi, à la période des questions, le chef conservateur a accusé le premier ministre d’avoir capitulé devant les Américains et a demandé des élections pour que les Canadiens puissent élire un chef qui va défendre nos emplois.

La proposition de M. Poilievre de baisser les taxes semble s’arrimer davantage aux politiques trumpistes. Les conservateurs ont par ailleurs eux aussi des contacts étroits avec les républicains. Par exemple, le député conservateur ontarien Jamil Jivani est proche du vice-président désigné J.D. Vance, avec qui il a étudié.

L’homme d’affaires Elon Musk, qui pourrait jouer un rôle clé dans une future administration Trump, a par ailleurs relayé la vidéo dans laquelle Pierre Poilievre croque une pomme en mettant en boîte un journaliste.

Le vice-président désigné J.D. Vance, à gauche, est ami avec le député conservateur Jamil Jivani, à droite, depuis qu’ils étaient tous deux étudiants à la faculté de droit de Yale. (Photo d’archives)

Selon un récent sondage Angus (Nouvelle fenêtre)*, 38 % des Canadiens interrogés croient que Pierre Poilievre serait mieux placé que Justin Trudeau pour gérer la relation avec les États-Unis sous une administration Trump.

Pierre Poilievre doit cependant faire preuve d’une grande prudence dans ses déclarations.

Il doit éviter d’être assimilé à Donald Trump, tout en se gardant de se le mettre à dos.

Parce que si on en croit les sondages, c’est lui qui pourrait embarquer dans le manège dans quelques mois.

Avec la guerre des tarifs douaniers qui pourrait faire rage, le tour de montagnes russes ne s’annonce pas de tout repos pour lui non plus.

Méthodologie du sondage :

* L’enquête a été réalisée auprès de 1627 Canadiens par l’entremise du panel d’Abacus Data, du 24 au 26 octobre 2024, à l’aide d’un questionnaire en ligne.

À titre indicatif, un échantillon probabiliste de cette taille aurait eu une marge d’erreur de +/- 2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Source: Radio Canada

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