Les libéraux rêvent d’une constitution, mais pas Denis Coderre

13 août 2024
Les libéraux rêvent d’une constitution, mais pas Denis Coderre

Assahafa.com

Le Parti québécois (PQ) se maintient en tête des sondages tout en promettant de tenir un troisième référendum sur la souveraineté. Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a pour sa part créé un comité qui doit dire comment accroître l’autonomie du Québec au sein du Canada. Dans ce contexte, et à l’aube d’une course à la direction déterminante pour son avenir, le Parti libéral du Québec (PLQ) se lance à son tour dans les débats constitutionnels. Mais le sujet divise déjà ses aspirants chefs. Décryptage.

Pour une constitution du Québec

Dans une vidéo publiée lundi, les deux coprésidents du comité sur l’affirmation du Québec de la commission politique nationale du PLQ, la stratège et ex-candidate libérale à Québec Julie White et le commentateur politique à RDI Antoine Dionne Charest, affirment que les Québécois souhaitent que la province se dote d’une réelle constitution écrite.

Sur un ton partisan, le fils de l’ancien premier ministre Jean Charest renchérit qu’une telle loi unirait les citoyens « face au PQ pour qui les immigrants et le Canada sont la source de tous les problèmes », mais aussi face à la CAQ et ses lois qui « stigmatisent » ceux qui parlent une autre langue que le français. La vidéo a été présentée au caucus des députés libéraux samedi dernier à Montréal en marge d’un rassemblement de son aile jeunesse sous le thème du renouvellement du fédéralisme.

Parler de constitution, une bonne idée ?

Or déjà, la question de la constitution n’enchante pas tous les aspirants chefs. Dans un texte qu’il a publié récemment sur ses réseaux sociaux, l’ancien maire de Montréal et candidat annoncé dans la course Denis Coderre écrivait que sa tournée estivale des régions lui permettait de conclure que « s’il est une chose qui n’intéresse pas grand monde, c’est bien la constitution ». Ce dernier nous a déclaré lundi que son texte reflétait toujours sa pensée et qu’il ne mettrait pas cet enjeu de l’avant.

C’est pas comme cela qu’on va régler les deux pieds d’eau [de la tempête] Debby de cette fin de semaine dans les sous-sols…

 Denis Coderre, ancien maire de Montréal

L’autre candidat annoncé dans la course, Charles Milliard, est pour sa part plus enthousiaste. « J’ai l’ambition qu’ensemble nous dotions le Québec d’une constitution », a-t-il affirmé. Le député Frédéric Beauchemin, qui doit confirmer à son tour qu’il sera de la course dans les prochaines semaines, croit que « c’est un projet rassembleur ». Les autres politiciens en réflexion, le ministre fédéral Pablo Rodriguez et le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, ne se sont pas prononcés.

Les 9 et 10 novembre à Lévis, la commission politique nationale du PLQ proposera aux membres réunis en congrès d’adopter des résolutions pour engager le parti à proposer un mécanisme qui doterait le Québec d’une constitution, s’il prend le pouvoir en 2026. Celle-ci dresserait la liste d’éléments fondamentaux du Québec, comme la Charte de la langue française et la Charte des droits et libertés de la personne. Que dirait-elle de la laïcité ? Le débat doit se faire. Ces orientations seraient adoptées avant le début officiel de la course à la direction, qui commence en janvier.

Une idée débattue depuis longtemps

L’idée d’une constitution québécoise n’est toutefois pas nouvelle au PLQ, ni même en politique québécoise. Dès 1984, l’ancien premier ministre René Lévesque avait mandaté un constitutionnaliste pour se pencher sur la question. D’autres gouvernements et d’autres partis ont plus tard étudié différents scénarios, le plus récent (qui n’a pas vu le jour) ayant été élaboré par l’actuel ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette.

En juin dernier, Québec a plutôt nommé l’ancien conseiller du ministre Jolin-Barrette, l’ex-candidat péquiste et professeur en droit Guillaume Rousseau, de même que l’ancien ministre libéral Sébastien Proulx, pour présider un comité qui doit livrer d’ici au 15 octobre des idées concrètes afin d’accroître l’autonomie du Québec au sein du Canada.

Leurs recommandations pourraient inclure, confirme-t-on, l’adoption d’une constitution provinciale. « Le Parti libéral est en mode rattrapage », dit-on au gouvernement.

Au PLQ, le comité sur la relance du parti, coprésidé par l’ex-sénateur André Pratte et la députée Madwa-Nika Cadet, avait pour sa part recommandé d’élaborer une constitution québécoise dans son rapport publié à l’automne 2023. Lors du conseil général libéral à Drummondville, quelques semaines plus tard, le chef par intérim Marc Tanguay avait déclaré que son parti voulait doter le Québec d’une « constitution libérale », soit une « super loi » qui protégerait à l’avenir le Québec des « mauvaises décisions péquistes-caquistes ».

Un enjeu désormais partisan

La constitution du Québec risque donc de devenir un enjeu qui divisera les partis politiques et qui alimentera les débats cet automne au Salon bleu. Le Parti québécois, qui doit publier au printemps 2025 un « livre bleu » qui dressera les contours d’un Québec souverain, s’amuse déjà à souligner que les libéraux reconnaissent désormais que le statu quo du Québec au sein du Canada est intenable.

Le gouvernement caquiste dit pour sa part que l’opposition officielle est « désespérée », alors que Québec solidaire, qui se relève d’une crise après la démission-choc d’Émilise Lessard-Therrien le printemps dernier, rappelle qu’il propose depuis sa fondation de confier la rédaction d’une constitution à une assemblée constituante autonome des partis politiques.

Source: la presse

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