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Québec voit d’un bon œil les efforts du gouvernement fédéral d’attirer de plus en plus d’immigrants francophones dans les autres provinces, mais avertit ses partenaires provinciaux qu’ils devront aussi faire des efforts pour bien les accueillir.
Les ministres responsables de la francophonie canadienne étaient réunis vendredi à Halifax, en Nouvelle-Écosse, pour discuter des façons de soutenir le fait français d’un océan à l’autre, un défi de taille s’il en est.
En conférence de presse, l’hôte de la rencontre, le ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie de la Nouvelle-Écosse, Colton LeBlanc, n’a pas caché que ce soutien devait venir de l’extérieur : « En Nouvelle-Écosse, les familles ne sont plus aussi grandes qu’autrefois. C’est pourquoi l’immigration francophone joue un rôle clé pour maintenir ces populations. Les gens oublient que le français est la deuxième langue la plus parlée ici dans la province », a-t-il tenu à rappeler.
Objectifs en hausse
Ottawa, qui peinait à recruter de nouveaux arrivants francophones, a finalement atteint la cible de 4,1 % d’immigrants francophones, un résultat dont n’est pas peu fier le ministre fédéral des Langues officielles, Randy Boissonnault : « À l’époque, les fonctionnaires ont dit que c’était impossible d’atteindre 4,1 %. On a poussé, on a insisté pour que le ministère bouge. L’an dernier, on a atteint la cible de 4,1 %. On va maintenant augmenter de 50 % pour aller à 6 %, ensuite 7 %, ensuite 8 % », a-t-il affirmé. La cible fédérale de 6 % signifierait l’entrée au pays, dès l’an prochain, de 30 000 francophones alors qu’Ottawa envisage d’accueillir 500 000 immigrants économiques.
Son vis-à-vis québécois, le ministre de la Langue française Jean-François Roberge, a salué cet effort. Bien que le Québec contrôle de façon autonome son immigration économique et exige désormais que tous les immigrants économiques parlent le français, il a fait valoir que « le Québec est un partenaire, un allié de la francophonie canadienne, des communautés de la francophonie canadienne et de la francophonie acadienne. À ce titre-là, c’est sûr qu’on souhaitait voir le gouvernement canadien augmenter sa cible. »
Plus d’efforts sur le terrain
Il a toutefois averti ses homologues que ces « pas dans la bonne direction » devraient s’accompagner d’un effort sur le terrain : « Il faut s’assurer aussi que les gens soient accueillis ; si on accueille des francophones et qu’ils ne peuvent pas travailler en français, qu’ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants dans une école francophone, ni dans une école ni dans une université, ça ne fonctionne pas. Il y a aussi du travail à faire en amont. »
Le ministre Roberge n’en salue pas moins l’intention et les efforts accomplis jusqu’ici.
Pénurie d’enseignants
Ces efforts sont rendus nécessaires par un besoin de personnel francophone dans les services gouvernementaux, la santé, la justice, mais surtout dans l’enseignement, ont expliqué les ministres LeBlanc et Boissonnault. La question de la pénurie d’enseignants francophones, tant pour les écoles françaises que pour l’enseignement du français comme langue seconde a d’ailleurs occupé une part importante des discussions des participants à ce 30e Conseil des ministres sur la francophonie canadienne convoqué dans la province maritime.
Randy Boissonnault fonde d’ailleurs beaucoup d’espoir sur l’établissement, récemment, d’un « corridor d’immigration pour les enseignants francophones ».
« La Colombie-Britannique, les Territoires du Nord-Ouest et d’autres juridictions ont indiqué que présentement, on voit une pénurie de main-d’œuvre dans des milliers de postes et, avec la retraite qui s’en vient pour une certaine génération d’enseignants, ça va empirer. Donc, pour nous, comme table de ministres responsables de la francophonie, c’est une question à suivre. »
Source: la presse