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Trop de questions sur l’avenir énergétique et la place du privé demeurent sans réponse même après l’audition en commission parlementaire du ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et du président d’Hydro-Québec, Michael Sabia, cette semaine, déplore le Parti québécois (PQ).
Le PQ s’inquiète de la confusion et du « manque de vision » à long terme du gouvernement caquiste, ainsi que d’un appel de propositions lancé par Hydro-Québec récemment.
Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, le député péquiste Pascal Paradis suggère même que la société d’État reprenne l’initiative et puisse se lancer elle-même dans la production d’énergie solaire ou éolienne.
Plus tôt cette année, M. Fitzgibbon avait fait savoir qu’il voulait légaliser la vente d’électricité entre deux entreprises privées, dans un projet de loi qui est attendu depuis plusieurs mois-alors que Hydro jouit actuellement du monopole de la distribution d’électricité : la loi permet à une entreprise de produire son électricité, mais de l’utiliser pour ses propres besoins.
Or en commission parlementaire cette semaine, M. Fitzgibbon a fermé la porte à la vente d’électricité entre entreprises, tandis que M. Sabia a laissé entendre qu’il n’existait pas de scénario en ce sens à la société d’État non plus.
Contradiction
« C’est en contradiction avec certaines des déclarations du ministre au fil des dernières semaines et des derniers mois, dans lesquelles il ouvrait la porte à ce type de contrat », a constaté M. Paradis.
« Quel est le plan du gouvernement ? » a-t-il formulé en demandant à la Coalition avenir Québec (CAQ) de cesser de brouiller les pistes.
Où s’en va-t-il, que veut-il faire ? Quels sont les objectifs, la vision à long terme ? Quelle est la planification ? Quelle est la participation du secteur privé ? Comment le nouveau plan aide à décarboner l’économie ? Chaque fois qu’on essaie de comprendre, on dirait que le ministre s’en va ailleurs.
Pascal Paradis, député péquiste de Jean-Talon
Car des enjeux se posent déjà. Par exemple, le projet d’usine d’hydrogène vert TES à Shawinigan, qui prévoit d’implanter des éoliennes à plusieurs kilomètres de distance des installations de production. Qui transportera l’électricité vers l’usine ?
De même, Rio Tinto, déjà propriétaire d’importantes centrales hydro-électriques au Saguenay–Lac-Saint-Jean, songe à construire des parcs éoliens pour s’alimenter.
Dans les consultations menées par le gouvernement l’an dernier, des questions avaient été posées, à savoir s’il fallait favoriser davantage l’autoproduction par des entreprises et permettre des achats corporatifs d’énergie, d’entreprise à entreprise, a rappelé M. Paradis.
Le cahier de synthèse parlait d’ouvrir la porte à d’autres modèles et de développement de systèmes électriques bidirectionnels, a-t-il poursuivi.
Appel de propositions
Le député péquiste de Jean-Talon s’inquiète en outre d’un appel d’offres récent d’Hydro-Québec qui requiert les services d’experts-conseils, concernant « divers mandats portant sur la réglementation de distribution et de transport, la tarification de transport et les services de transport d’électricité ».
On y parle notamment d’« ouverture d’un nouveau chemin commercial » et de nouvelles offres innovantes. M. Paradis s’interroge sur les finalités des mandats, à savoir si on prépare par exemple le transport d’électricité privée dans le réseau d’Hydro en échange de redevances.
De son côté, un porte-parole d’Hydro-Québec, Jonathan Côté, a assuré qu’il s’agissait d’un appel de propositions de routine pour garnir le bassin d’experts indépendants dont Hydro a besoin aux fins des consultations de la Régie de l’énergie.
Éolien et solaire
M. Paradis a par ailleurs ouvert certaines portes en poussant les réflexions un peu plus loin.
Actuellement, la société d’État lance des appels d’offres à des producteurs privés d’énergie éolienne pour ensuite acheter leur production, mais le PQ démontre une ouverture à ce que Hydro-Québec possède ses propres parcs de production d’énergie éolienne ou solaire.
« Le privé occupe une certaine place et il n’est pas question de mettre fin à ça, a d’emblée assuré M. Paradis. Mais est-ce que la stratégie est la bonne de miser uniquement ou majoritairement sur le secteur privé pour l’avenir ? C’est une grande question. »
Source: la presse