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Les associations dentaires, dont certaines évoquent leurs réticences face au nouveau régime fédéral de soins dentaires et une faible participation de leurs membres, tentent en fait de négocier avec Ottawa, juge le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland.
« Elles font leur travail. Elles négocient. Et elles veulent obtenir la meilleure entente pour leurs membres. Je veux obtenir la meilleure entente possible pour les contribuables », a-t-il résumé lundi à son arrivée à la période des questions.
M. Holland a rejeté l’idée réclamée par des fournisseurs de soins dentaires que les patients paient leur dentiste puis se fassent rembourser par Ottawa comme il est possible de le faire avec les assureurs privés.
« Il s’agit de personnes vulnérables qui n’ont pas les moyens de payer de leur poche. C’est donc une ligne rouge », a dit le ministre. M. Holland a aussi plaidé qu’il est important d’avoir des mécanismes de contrôle en place de sorte à éviter que des gens « abusent » du système.
Mais Ottawa travaille à réduire « le fardeau administratif » afin de rendre le processus « identique » à celui des autres assurances pour la grande majorité des cas. Ce sera « très, très simple et facile », a-t-il promis.
Des associations de dentistes et d’hygiénistes sont agacées par les honoraires que le gouvernement fédéral entend leur verser, puisqu’ils sont inférieurs à ceux qu’ils recommandent à leurs membres dans leurs guides des tarifs et qu’ils facturent à leurs autres patients. Le cabinet du ministre juge plutôt que les honoraires établis par Ottawa sont « justes ».
Au Québec, l’association des chirurgiens-dentistes crie sur tous les toits que le fédéral leur demande de subventionner les soins, que les patients devront s’attendre à payer l’écart avec la grille de tarifs fédérale parce que les dentistes continueront de facturer selon leur liste de prix habituelle.
Le ministre Holland, tout comme Santé Canada, a refusé catégoriquement lundi de dévoiler le nombre de dentistes, d’hygiénistes indépendants et de denturologistes qui se sont inscrits au programme jusqu’à présent, se contentant d’affirmer qu’ils sont « des milliers ».
M. Holland explique vouloir éviter de créer « de la confusion » alors qu’Ottawa s’apprête à offrir « une deuxième option » pour que les fournisseurs de soins dentaires s’inscrivent.
Selon l’Association dentaire canadienne, le pays compte environ 25 500 dentistes autorisés à exercer. Ils pratiquent dans près de 16 000 cabinets. L’organisation affirme que près de 61 % des dentistes interrogés par leurs associations provinciales le mois dernier ont indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention de s’inscrire au régime fédéral.
Mais le temps presse : les premiers Canadiens inscrits au programme devraient pouvoir commencer à se faire nettoyer et traiter leurs dents en mai, mais seulement chez un prestataire de santé bucco-dentaire qui s’est inscrit pour prodiguer les soins. Cela pourrait entraîner des pertes de clientèles pour les fournisseurs qui refusent de participer.
Déjà 1,6 million d’inscriptions
À terme, le Régime canadien de soins dentaires (RCSD), de son petit nom, sera, aux dires du ministre, « le plus grand programme de l’histoire » du pays. Il s’adressera aux près de 9 millions de Canadiens – soit environ le quart de la population – qui ne disposent pas d’une assurance privée et qui ont un revenu faible ou moyen. Ottawa y a alloué une enveloppe de 13 milliards sur cinq ans.
Les soins seront gratuits pourvu que le dentiste suive le guide de tarifs du gouvernement fédéral et que le patient ait un revenu familial net ajusté inférieur à 70 000 $. Ceux dont ce revenu est entre 70 000 $ et 90 000 $ devront payer une quote-part allant de 40 % à 60 % des coûts. Il sera obligatoire d’avoir produit sa déclaration de revenus pour être couvert.
Ottawa élargit depuis quelques mois les tranches d’âges des Canadiens invités à présenter une demande. C’est présentement au tour des aînés de 70 ans et plus. Et ils sont 1,6 million à l’avoir fait à ce jour, un bilan que le gouvernement n’a aucune difficulté à calculer dans ce cas. Au Québec, le programme est particulièrement populaire, avec 576 000 inscriptions.
Au cours de l’année, l’admissibilité sera étendue à toutes les personnes âgées de 65 ans et plus, aux moins de 18 ans et aux personnes vivant avec un handicap. Les 18 à 64 ans pourront s’inscrire en 2025. C’est la Sun Life qui administre le régime.
L’élaboration de ce programme semblable à une assurance était une condition de l’accord qui permet au gouvernement libéral de Justin Trudeau de se maintenir au pouvoir avec le soutien du Nouveau Parti démocratique (NPD) lors de votes clés.
Appelé à réagir aux réticences des associations dentaires, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a expliqué qu’Ottawa offre de couvrir « entre 80 % et 90 % » des montants prévus dans les guides de tarifs provinciaux, ce qui est « un bon montant ».
M. Singh a dit ne pas être inquiet par le fait que les dentistes soient réticents à s’inscrire puisque « la même chose » s’est produite lors de la mise en place d’un régime d’assurance maladie au pays alors que les médecins « étaient contre ça ». Et pourtant, a-t-il noté, ce programme fonctionne à présent.
Source: la presse