Nouvelle loi sur l’affichage en français: des fabricants menacent de retirer leurs électroménagers du marché québécois

11 mars 2024
Nouvelle loi sur l’affichage en français: des fabricants menacent de retirer leurs électroménagers du marché québécois

Assahafa.com

Devant l’obligation de traduire en français les réglages comme warming zonestart, high/low, à compter de l’an prochain, des fabricants d’appareils électroménagers menacent de ne plus offrir leurs produits sur le marché québécois.

Québec a récemment soumis aux entreprises un projet de règlement pour les aviser des modifications à venir dans le cadre de sa réforme de la loi 101.

Parmi celles-ci, les inscriptions gravées ou incrustées sur les gros appareils électroménagers devront être traduites en français, tout comme les instructions affichées de manière numérique.

Ainsi, à compter du 1er juin 2025, les boutons On/Off des cuisinières électriques ou les cycles d’une laveuse, par exemple, seront désormais accompagnés d’un équivalent dans la langue de Molière.

«Ce qu’on entend de la part de nos membres, c’est qu’il pourrait y avoir certains produits qui risquent de disparaître du marché québécois», confie Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

Pour plusieurs gros fabricants, modifier une chaîne de montage ou d’approvisionnement afin de respecter la nouvelle réglementation québécoise n’en vaut tout simplement pas le coût.

APPAREILS NON CONFORMES

Dans son mémoire soumis au gouvernement, l’Association des fabricants d’appareils électroménagers (qui représente des marques connues telles que Whirlpool, LG, Samsung, Panasonic, etc.) souligne que le Québec représente à peine 2% du marché nord-américain et que 90% des modèles vendus par ses membres deviendront non conformes.

Si Québec va de l’avant avec le règlement dans sa forme actuelle, l’association écrit qu’«une majorité écrasante de répondants ont indiqué qu’ils seraient forcés de cesser la vente de leurs produits au Québec». «Pour beaucoup d’entre eux, cette décision serait permanente», affirme le mémoire.

L’association avait fait valoir les mêmes arguments en 2012, quand le gouvernement Charest a publié un prérèglement similaire, qui n’est finalement jamais entré en vigueur.

Au gouvernement Legault, une source fait remarquer que de telles traductions se retrouvent pourtant sur des appareils dans plusieurs autres pays. En Belgique, par exemple, une laveuse Samsung présente ses réglages en français et en… Néerlandais, deux des trois langues officielles du pays.

Le panneau de contrôle numérique, lui, peut s’afficher en allemand, anglais, français, néerlandais ou à l’aide de symboles.

D’ailleurs, de petits appareils déjà présents au Québec, comme une mijoteuse ou un mélangeur, affichent déjà des instructions dans les deux langues.

De plus, fait-on valoir, les manufacturiers pourraient tout simplement fournir des autocollants à apposer sur les indications en anglais. Mais l’Association des fabricants d’appareils électroménagers rétorque que les autocollants risquent de fondre sous l’effet de la chaleur, de nuire aux boutons tactiles ou de décoller sous l’effet de l’eau.

DES MILLIONS DE DOLLARS ANNUELLEMENT

Pour Karl Blackburn, les consommateurs risquent tout simplement de se retourner vers le web afin de trouver les articles non disponibles en magasin, au détriment des détaillants locaux.

«Les consommateurs, aujourd’hui, sont à un clic de commander un produit, peu importe où il se trouve sur la planète», rappelle-t-il.

Tout en se disant conscient de l’importance de défendre la langue française, le Conseil du patronat invite donc le gouvernement à retirer sa mesure afin de ne pas nuire à la compétitivité des entreprises québécoises.

Dans sa propre analyse de l’impact de son règlement, le ministère de la Langue française évalue d’ailleurs que les entreprises devront débourser entre 7 et 15 millions $ annuellement pour se conformer à l’ensemble des mesures prévues dans la nouvelle loi 101 (affichage, traduction des contrats, etc.).

Le Conseil du patronat estime que le coût réel dépassera les évaluations faites par Québec.

RENFORCER LE FRANÇAIS

Au cabinet du ministre de la Langue française, on dit analyser les préoccupations soulevées dans les mémoires déposés ces dernières semaines.

«L’objectif principal du projet de règlement est simple: renforcer le visage linguistique francophone du Québec et accroître la place qu’occupe le français dans les commerces», affirme Jean-François Roberge dans une déclaration écrite.

POURQUOI LES FABRICANTS S’OPPOSENT

L’industrie de l’électroménager dépend des chaînes d’approvisionnement mondiales qui permettent des économies d’échelle

  • Le Québec ne représente que 2% des 52 millions d’unités vendues chaque année sur le marché nord-américain
  • Si le projet de règlement entre en vigueur, 90% des modèles deviendraient non conformes
  • Selon un sondage auprès de ses membres, une majorité «écrasante» cesserait la vente de leurs produits au Québec
  • Les emplois «de nombreuses personnes» au Québec seraient compromis si ces produits étaient retirés ou limités
  • Modifier l’affichage électronique serait compliqué puisque les systèmes d’exploitation «n’ont pas été conçus à l’origine pour être multilingues»
  • De plus, la plupart des panneaux électroniques «n’ont pas assez de mémoire» pour ajouter une deuxième langue

LES ARGUMENTS DE QUÉBEC

  • En 1977, près de 80% des appareils présentaient des inscriptions en français, contre seulement 2% maintenant
  • D’autres pays, comme la Belgique, la Pologne, le Portugal ont des électros avec des réglages dans la langue du pays
  • De petits appareils sur le marché québécois ont déjà des inscriptions bilingues.

Source: tvanouvelles

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