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Malgré la volonté du gouvernement Legault de combler un besoin de main-d’œuvre en construction cet été, des formations courtes et payées ne porteront pas nécessairement fruit à temps. Alors que toutes les cohortes devaient démarrer en janvier, le quart des étudiants inscrits commencera les cours en février ou même en mars, a appris Radio-Canada.
Les personnes inscrites, par exemple, à un programme en conduite d’engins de chantier au Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM), ont reçu un courriel pour confirmer leur admission le 20 décembre dernier. La formation […] est prévue débuter le 9 janvier
, est-il écrit. Toutefois, nous désirons vous informer qu’en raison du contexte actuel de grève dans le secteur de l’éducation au Québec, le début de la formation pourrait être reporté à une date ultérieure.
Deux mois plus tard, les étudiants concernés sont toujours dans le noir.
L’un d’entre eux a écrit au Bureau des admissions en formation professionnelle dès le 8 janvier pour savoir quand et où se présenter le lendemain, mais on lui a répondu que la date du début des classes était toujours indéterminée
.
La semaine dernière, dans un autre échange dont Radio-Canada a obtenu copie, une responsable de la gestion administrative lui dit n’avoir reçu aucune nouvelle information
quant au démarrage de la formation.
Pouvez-vous nous donner l’heure juste?
demande cet étudiant, qui a requis l’anonymat par crainte que son parcours scolaire soit perturbé. J’ai une maison, un enfant […]. Je me cherche-tu une job?
Il a abandonné son emploi en début d’année, sachant que ceux qui participent à l’offensive
en construction empochent 750 $ par semaine jusqu’à leur diplomation.
Je pensais qu’ils voulaient des travailleurs cet été
, laisse-t-il tomber.
Début des cours à la fin mars?
Le CSSDM confirme que certaines formations ont pris du retard et que des étudiants auraient à attendre jusqu’à la fin du mois de mars avant de commencer les cours.
La période de démarrage des nouveaux groupes pour le programme d’études conduite d’engins de chantier est prolongée et s’échelonnera jusqu’au 29 mars 2024.
En raison des grèves survenues récemment, le ministère de l’Éducation a annoncé des dispositions
, répond Alain Perron, responsable des relations de presse, par courriel. Nous suivons les règles du ministère de l’Éducation.
À l’échelle du Québec, 38 groupes doivent encore démarrer ou ont démarré les activités après le 12 février : 15 en conduite d’engins de chantier, 15 en charpenterie-menuiserie, 6 en réfrigération et 2 en ferblanterie.
Pour le programme d’études conduite d’engins de chantier, 70 groupes ont démarré en janvier ainsi que dans la première semaine de février, alors que 15 groupes démarreront d’ici la fin du mois de mars
, écrit le ministère de l’Éducation.
La grande majorité des cohortes ont débuté en janvier comme prévu.
On a environ 2956 élèves dans le réseau qui ont déjà démarré leur formation
, précise Marjorie Ménard, directrice des Affaires éducatives à la Fédération des centres de services scolaires du Québec (FCSSQ). Puis à venir, il y en a 1146 qui sont sur le point de débuter
, ce qui représente environ le quart des personnes inscrites.
Les formations accélérées durent en moyenne autour de cinq mois, ce qui veut dire qu’une personne qui commence les cours en mars obtiendrait son diplôme au mois d’août.
Au moment d’annoncer cette initiative, l’automne dernier, le premier ministre Legault souhaitait que les personnes formées soient prêtes à entrer sur les chantiers dès l’été 2024
.
La grève et les autres défis
La grève a vraiment causé un impact sur l’organisation scolaire
, insiste Marjorie Ménard. Les groupes de formation qui étaient en cours à l’automne dernier ont dû faire une pause […]. Ces groupes-là ont dû reprendre leur formation en janvier […], mais les capacités au niveau des locaux, des laboratoires, des ateliers, ne permettaient pas d’accueillir tout le monde en même temps.
Les centres de formation professionnelle qui offrent le cours en conduite d’engins de chantier ont fait face à des défis supplémentaires
, selon elle.
C’est un défi de location des engins, de machinerie
, dit-elle. Et un défi aussi de terrain, pour avoir accès à un terrain permettant d’offrir la partie pratique de la formation.
Les conditions hivernales, croit-elle, ont rendu cette recherche de terrain plus difficile.
D’autres établissements ont aussi évoqué des enjeux d’espace, de location d’ateliers ou des délais de livraison de matériel pour justifier les retards.
Au moins deux formations ont été carrément annulées faute de personnel enseignant : l’une en conduite d’engins de chantier à Val-d’Or et l’autre en réfrigération à Trois-Rivières.
L’annonce du gouvernement a été faite le 30 octobre et, en janvier, la très grande majorité des cohortes ont démarré tel que prévu
, rappelle une fois de plus Marjorie Ménard, soulignant la mobilisation
du réseau de l’éducation.
Rapidement, le réseau de l’éducation s’est mis en œuvre pour répondre à la commande
, fait-elle valoir. C’est quand même un franc succès.
Ces formations rapides et payées ont effectivement suscité un grand engouement. Près de 47 000 personnes ont présenté une demande d’admission dans l’un ou l’autre des programmes.
Québec veut ainsi former du personnel dans cinq métiers où les besoins sont criants : ferblantier, menuisier-charpentier, opérateur de pelles mécaniques, opérateur d’équipement lourd et frigoriste.
Source: Radio Canada