Promotion du français : le PLQ ciblerait les campus et le centre-ville de Montréal

24 avril 2021
Promotion du français : le PLQ ciblerait les campus et le centre-ville de Montréal

Assahafa.com

Faire intervenir dans le centre-ville de Montréal une équipe pour freiner l’anglicisation, obliger tous les étudiants du réseau collégial anglophone à suivre trois cours en français dans leur domaine d’études, appliquer aux entreprises de compétence fédérale les dispositions de la loi 101 : telles sont quelques-unes des propositions du Parti libéral pour renforcer et protéger la langue française au Québec.

Alors que le gouvernement de François Legault n’a de cesse de reporter le dépôt de son projet de loi sur la langue française, les libéraux ont déposé vendredi une trentaine de propositions destinées à protéger et à promouvoir le français dans la province.

En conférence de presse, vendredi matin, accompagnée de la députée Hélène David – porte-parole du dossier de la langue au PLQ – la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, a détaillé le plan élaboré par les libéraux, au terme d’une réflexion et de beaucoup de consultations. Un plan qui nécessiterait des investissements pouvant atteindre un demi-milliard de dollars, estime le PLQ.

Les libéraux proposent notamment de faire intervenir une équipe que Mme David a décrite comme un swat team qui devrait se rendre partout au centre-ville de Montréal.

Questionnée pour savoir s’il s’agirait de la police du bonjour-hi, Hélène David a déploré le rappel de ces expressions galvaudées avant d’expliquer que cette équipe ratisserait le centre-ville pour demander aux commerçants quels sont leurs besoins.

Cette équipe travaillerait de concert avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la Ville de Montréal et un nouvel Office québécois de la langue française (OQLF) que les libéraux veulent créer.

Apprendre le français au collège

À Montréal, 46 % de tous les étudiants au préuniversitaire fréquentent un collège anglophone et le plan du PLQ comporte des mesures à leur intention. Ceux-ci seraient obligés d’inclure à leur programme d’études trois cours qui leur seraient donnés en français. De plus, ces étudiants auraient accès à des cours de français sur les lieux mêmes du campus, et ce, gratuitement.

Sachant qu’un nombre sans cesse grandissant de francophones s’inscrivent dans ces collèges anglophones, le gouvernement de François Legault jongle avec la possibilité de limiter le nombre de places disponibles dans ces établissements.

Les libéraux, eux, suggèrent de stabiliser leur nombre au niveau de ce qu’il était en 2019 : Ce serait la photo de 2019 pour les cégeps anglophones, a illustré la députée David.

Dominique Anglade affirme qu’un éventuel gouvernement libéral n’aurait pas à recourir à la clause dérogatoire pour implanter les mesures proposées, une possibilité qu’a de son côté évoqué le gouvernement Legault.

Un « accompagnement » pour les entreprises de 25 à 49 employés

Les libéraux proposent d’appliquer les dispositions de la Charte de la langue française (la loi 101) aux entreprises de compétence fédérale – dans les secteurs des banques et des télécommunications. Et, aussi, d’accompagner dans leur francisation les entreprises comptant de 25 à 49 employés.

Cette idée d’accompagnement n’est pas qu’un voeu pieux, a expliqué Mme Anglade à l’émission Midi info, sur ICI Première, vendredi. Il y aurait assujettissement à la loi 101, mais on ne peut pas l’appliquer de la même manière à une entreprise de 500 employés qu’à une entreprise de 25.

Il y aurait reddition de comptes pour ces entreprises, précise-t-elle.

Dominique Anglade se promet de scruter à la loupe les mesures que proposera le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, à l’intention de ces entreprises. Cela doit être fait avec une approche allégée et adaptée à leur réalité, prévient-elle.

Elle rappelle qu’en 2016, le rapport déposé par la députée caquiste d’Iberville Claire Samson ne recommandait pas d’obliger les entreprises de 50 employés à mettre en place un comité de francisation.

Ils [la CAQ] trouvaient ça trop compliqué; ils ont changé d’idée, mais que vont-ils faire?, demande la cheffe de l’opposition officielle.

L’anglais comme critère d’embauche

En août dernier, l’Enquête sur les exigences linguistiques auprès des entreprises, des municipalités et des arrondissements de Montréal révélait que 40 % des entreprises avaient exigé ou souhaité que leurs employés aient des compétences en anglais lors de leurs récentes embauches dans la province.

À Montréal, davantage d’entreprises (84 %) disaient souhaiter un candidat avec des compétences en anglais, toujours selon cette enquête réalisée par l’Institut de la statistique du Québec pour le compte de l’OQLF.

Dans son plan, l’opposition libérale suggère de préciser ce critère de la nécessité, en vertu duquel un employeur exige la maîtrise d’une autre langue que le français lors du processus d’embauche.

L’élastique a été pas mal étiré entre ce qui est nécessaire ou utile, affirme Hélène David.

Des organismes à abolir

En septembre dernier, le ministre Jolin-Barrette avait injecté 5 millions de dollars dans le budget de l’Office québécois de la langue française, afin de répondre aux besoins criants de cet organisme.

Mais avec son énorme mandat, l’OQLF est devenu une coquille vide aux yeux des libéraux. Leur intention? L’abolir pour créer en lieu et place l’Office de protection et de valorisation de la langue française, qui serait selon eux plus présent sur le terrain et doté d’un conseil d’administration.

Quant au Conseil supérieur de la langue française, il est désormais dépouillé de son essence et de ses ressources et incapable de conseiller le ministre, selon les libéraux qui veulent l’abolir aussi pour créer un poste de commissaire. Ce vérificateur général de la langue française, en quelque sorte, serait nommé par l’Assemblée nationale et analyserait l’état du français au Québec.

Le socle du vivre-ensemble

Seuls 2 % des habitants de l’Amérique du Nord parlent le français, rappelle en substance Dominique Anglade. Et Montréal est la ville francophone la plus populeuse du continent.

Cette spécificité est à préserver, selon la cheffe libérale, qui dit qu’en prenant la tête du PLQ, elle était déterminée à faire du français une question fondamentale.

C’est le socle pour notre vivre-ensemble, a-t-elle martelé.

En conférence de presse, vendredi, la cheffe libérale s’est fait demander si elle estimait que son prédécesseur, Philippe Couillard, n’en avait pas fait suffisamment en la matière. C’est clair que je vais plus loin, a-t-elle répondu.

La réaction en provenance du cabinet de Simon Jolin-Barrette aux propositions des libéraux est tombée en après-midi vendredi : Nous saluons toutes propositions visant à renforcer la langue française au Québec, a écrit son porte-parole, Marc-André Gosselin.

La situation de la langue française est très inquiétante, a-t-il poursuivi. Il faut noter l’évolution du Parti libéral du Québec qui, pendant les 15 dernières années, a abandonné le dossier linguistique.

Source: Radio-Canada

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