Phase « cruciale » à la table centrale

12 décembre 2023
Phase « cruciale » à la table centrale

Assahafa.com

Les salaires et deux autres enjeux en litige risquent de retenir l’attention dans les jours à venir

Le gouvernement Legault et le Front commun « entrent dans l’entonnoir » des négociations à la table centrale, où les salaires et deux autres enjeux les opposent. Les parties s’entendent sur une chose : les trois prochains jours de pourparlers représentent une phase « cruciale » pour espérer en arriver à un règlement avant Noël.

Vendredi, des discussions « exploratoires » sur les hausses salariales ont laissé présager que cet enjeu pourrait avancer plus rapidement durant la fin de semaine. Le Front commun (CSN, FTQ, CSQ et APTS) a revu sa position pour demander non plus environ 23 % en trois ans, mais bien autour de 25 % en cinq ans. Le Front commun envoie même le signal qu’il est prêt à réduire sa demande, constate-t-on.

Or, à la reprise des travaux de la table centrale dimanche, le gouvernement n’a pas répondu au mouvement de la partie syndicale. Les pourparlers ont plutôt porté sur les « droits parentaux ». Selon nos informations, il y aurait des congés supplémentaires pour les travailleuses ayant une grossesse à risque, alors que les pères pourraient se prévaloir de leurs jours de congé de paternité sur une plus longue période. Comme le Front commun a abandonné d’autres demandes à la satisfaction du gouvernement, il est permis de croire que le dossier des droits parentaux est à peu près réglé.

Les travaux de la table centrale reprennent ce mardi pour trois jours consécutifs de négociation. C’est une phase « cruciale » même si on n’est pas encore dans la dernière ligne droite, le fameux « blitz » de négociation, dit-on à la fois au gouvernement et au Front commun.

« Il y a des choses qui se sont tassées dernièrement, des éléments qu’on a enlevés d’un côté comme de l’autre », affirme François Enault en entrevue avec La Presse.

Et là, on entre dans l’entonnoir. Les gros nœuds présentement, c’est les salaires, les ouvriers spécialisés et les assurances.

 François Enault, premier vice-président de la CSN

Différends sur les salaires

Sur le salaire, l’écart demeure important entre les parties. Québec est prêt à revoir à la hausse son offre d’augmentations salariales de 12,7 % en cinq ans. Mais il n’a pas soumis de nouvelle proposition à ce jour.

Pour la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, « les demandes syndicales sont encore trop élevées pour être réalistes. Les syndicats doivent prioriser et demeurer raisonnables ».

Le Front commun réclame maintenant, en cinq ans, une clause d’indexation de 18,1 % pour couvrir la hausse du coût de la vie et une augmentation de 7 % – au lieu de 9 % – à titre d’« enrichissement » et de rattrapage salarial. « Ça peut ressembler à ces eaux-là », confirme François Enault.

Il reconnaît que le Front commun tient surtout à la clause d’indexation et que l’augmentation réclamée au titre d’« enrichissement » pourrait être revue à la baisse. « Ce n’est pas le 7 % qu’on veut aller chercher absolument, et ce n’est pas le 7 % minimum qu’on veut aller chercher », a-t-il signalé. Une autre source au sein du Front commun impliquée dans les pourparlers a confirmé que la priorité syndicale était la clause d’indexation.

Il y a toutefois un point d’achoppement au sujet de cette indexation.

Le gouvernement tient compte de l’inflation prévue pour chacune des années des prochains contrats de travail, donc de 2023 à 2027. C’est ce qui lui fait dire que des hausses de 12,7 % en cinq ans permettent de couvrir la hausse du coût de la vie.

Or, le Front commun lui reproche d’omettre l’année 2022 au cours de laquelle l’indice des prix à la consommation a atteint un sommet de 6,7 %. Le Front commun calcule l’inflation de 2022 dans sa clause d’indexation de 18,1 %.

Le gouvernement rappelle quant à lui que les syndiqués ont obtenu une hausse salariale de 2 % en 2022 et qu’ils ont bénéficié comme les autres travailleurs d’une baisse d’impôt, l’un des éléments de son « bouclier anti-inflation ».

Un « deal breaker »

C’est peu connu, mais une catégorie de travailleurs se retrouve au centre des discussions à la table centrale : les ouvriers spécialisés. Ce sont des électriciens, des plombiers, des mécaniciens et des machinistes qui réparent les écoles et les hôpitaux, par exemple.

Les ouvriers spécialisés de l’État québécois accusent un retard de plus de 30 % au chapitre du salaire et de la rémunération globale par rapport à ceux du privé, des villes et de l’administration fédérale, selon l’Institut de la statistique du Québec.

L’écart est tel que le Front commun en fait une priorité. Il demande de bonifier la prime actuelle de 10 % et d’en faire bénéficier davantage d’ouvriers. Il réclame que cette prime soit intégrée au salaire pour entrer dans le calcul de la retraite.

 Le gouvernement pensait que c’était beau pour nous de garder le statu quo de ce côté-là, mais cet enjeu des ouvriers spécialisés, c’est, et je m’excuse du terme anglais, un deal breaker, lance François Enault. Ces gens-là sont mobilisés et ils sont clairement sous-payés. Un plombier à 26,57 $ de l’heure, il n’y en a pas nulle part ailleurs. »

Assurances et retraite

Les assurances collectives représentent le troisième litige important à la table centrale. La contribution de l’employeur n’a pas augmenté au même rythme que la hausse du coût des primes de l’assurance maladie, selon le Front commun. Il lui demande d’augmenter sa contribution, en plus de donner accès à la pleine contribution de l’employeur à tous les travailleurs, peu importe leur statut d’emploi et le nombre d’heures travaillées.

Le gouvernement a contribué à faire avancer les discussions à la table centrale en retirant des demandes auxquelles s’opposait le Front commun. Il voulait par exemple réduire la rente de retraite sous prétexte que le Régime de rentes du Québec (RRQ) a été bonifié. Il voulait également forcer les travailleurs qui avaient 35 ans de service de rester au minimum jusqu’à 57 ans avant de pouvoir partir à la retraite sans pénalité.

Pour que la table centrale passe au fameux blitz de négociation, il faudra que les travaux avancent davantage aux tables sectorielles, où l’on discute des conditions de travail des différentes catégories d’employés, prévient François Enault. Il demeure tout de même optimiste.

Je ne serais pas surpris qu’en fin de semaine, on soit en blitz, ajoute-t-il. Je suis peut-être la licorne de la gang, mais moi, je continue de penser que c’est faisable d’avoir un règlement avant Noël. »

Source: La presse

Derniers articles
Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu et les annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de médias sociaux, de publicité et d'analyse.
j'accepte!