« Il y aurait des contraintes » à une enquête publique, dit le ministre Mendicino

3 mars 2023
« Il y aurait des contraintes » à une enquête publique, dit le ministre Mendicino

Assahafa.com

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, ne prononce jamais le mot non, mais ses longues réponses disent tout sauf oui à l’ouverture d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les élections, comme l’a réclamé en comité une majorité de députés.

Au lendemain de l’adoption d’une motion néo-démocrate, que les six libéraux du comité ont tous rejetée, le ministre cite en exemple les travaux publics dudit comité lorsqu’on lui demande si le gouvernement va accéder à cette demande lorsqu’elle atterrira sur le tapis de la Chambre des communes.

Or, devant un comité parlementaire comme dans « n’importe quel autre » forum public, « il y aurait des contraintes » à ce qui pourrait être divulgué, plaide-t-il en entrevue. « Il faut protéger les gens, les techniques. Donc oui, on va continuer avec une conversation robuste, mais il y a des principes dans la loi qu’on doit respecter », argue-t-il.

Le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a avalisé jeudi une motion du député néo-démocrate Peter Julian demandant l’ouverture d’une enquête publique sur les allégations d’ingérence étrangère dans les élections, dont le responsable devrait être choisi à l’unanimité par les partis reconnus en Chambre.

La motion ne contraint en rien le gouvernement Trudeau.

Avant ce qui a fini par virer en foire d’empoigne au comité, les élus avaient entendu plusieurs témoignages, dont ceux du directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), David Vigneault, et du sous-ministre aux Affaires étrangères, David Morrison.

Les deux y ont expliqué que les renseignements de sécurité ne pouvaient être pris isolément dans l’analyse d’une menace.

Une analyse que partage entièrement le ministre Mendicino, un ancien procureur qui a aidé à traduire en justice des membres de la cellule terroriste « Toronto 18 ».

En revanche, il concède que le coffre à outils des agences de sécurité et de renseignement doit être bonifié, et c’est la raison pour laquelle le gouvernement libéral se penche sur l’idée de la création d’un registre d’agents étrangers.

Nous devons considérer toutes les options, et oui, ça inclut un registre. Mais avant ça, il faut faire un très haut niveau de consultation avec les Canadiens. Il faut inclure tout le monde dans ce processus. Nous devons être diligents et réfléchis », affirme le ministre.

L’exemple de l’Australie, qui s’est dotée de cet outil, en est un qu’il regarde de près.

TikTok

« Ça a été une semaine tranquille ! Je n’ai pas beaucoup de choses sur mon bureau. Une semaine très plate. Je me cherche des choses à faire », a blagué le ministre en ouverture de l’entretien avec La Presse, vendredi matin.

Toute la semaine durant, l’ombre de la Chine a plané sur le Canada.

Elle a commencé, lundi, avec l’annonce de l’interdiction de l’application TikTok, développée en Chine, pour les fonctionnaires du gouvernement fédéral, une directive qui a ensuite été élargie aux élus et au personnel de la Chambre des communes. Le Québec a suivi.

Y a-t-il eu un élément déclencheur qui a mené à ces interdictions en cascade ?

« C’est plus par précaution. C’est le fruit d’une réflexion sur les nouvelles applications et les capacités qu’elles possèdent. Il faut rester sur nos gardes, il faut toujours garder les yeux ouverts », a commenté le ministre Mendicino.

La décision a irrité la Chine, qui l’a fait savoir par la voie de son ambassade à Ottawa.

« Le Canada a exagéré le concept de sécurité nationale, salissant, réprimant et même diabolisant l’entreprise sans aucune preuve, ce qui est une violation évidente des principes de l’économie de marché et de la concurrence loyale », a-t-on dénoncé.

« Nous exhortons la partie canadienne à offrir un environnement équitable, juste et non discriminatoire aux entreprises étrangères au Canada », a ajouté un porte-parole de la mission chinoise dans la capitale fédérale.

La Chine en Inde

Les ingérences chinoises ont fait l’objet d’une discussion entre la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et son homologue de Pékin, Qin Gang, en marge du sommet du G20 qui se tient en Inde.

Le représentant chinois aurait exhorté son interlocutrice canadienne à en faire davantage pour « empêcher les rumeurs et le battage médiatique de perturber les relations bilatérales », selon le compte rendu d’un média d’État chinois, vendredi.

La ministre Joly serait demeurée ferme, à en croire la version des faits de son cabinet.

La ministre a été directe, ferme, et sans équivoque : le Canada ne tolérera jamais quelconque forme d’ingérence étrangère dans notre démocratie et nos affaires intérieures par la Chine », lit-on notamment dans un communiqué publié sur son compte Twitter, vendredi.

Même réticence de Trudeau

À Winnipeg, où il s’était déplacé pour faire une annonce sur les services à l’enfance, vendredi, Justin Trudeau a fait face à un barrage de questions sur le même enjeu. Semblant parfois agacé d’être questionné à répétition au sujet de l’enquête publique, il a chaque fois martelé que le travail se faisait ailleurs.

Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (un organe où les membres détiennent une cote de sécurité élevée leur donnant accès à des informations secrètes), enquêtes indépendantes, on se mobilise pour contrer la menace, a-t-il insisté.

Et le premier ministre aussi s’inquiète de l’ingérence étrangère. « Je partage les préoccupations des Canadiens par rapport à l’ingérence chinoise, et je la partage depuis 2015 », s’est-il exclamé avant de se lancer, encore, dans l’énumération des gestes posés par « ce gouvernement qui a tellement pris au sérieux cette question ».

Source: La presse

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