Le vote par Internet possible au Québec en 2025

6 septembre 2022
Le vote par Internet possible au Québec en 2025

Assahafa.com

Élections Québec prépare un projet pilote pour permettre aux électeurs de voter par Internet. L’objectif est de le proposer pour les prochaines élections municipales, à l’automne 2025.

Dans un premier temps, ce service sera offert à des catégories précises d’électrices et d’électeurs – on peut penser à celles et ceux qui ont de la difficulté à se déplacer – ou à une proportion restreinte de l’électorat, par exemple, 10 % des électeurs d’une municipalité. Ce n’est pas encore déterminé, explique Julie St-Arnaud Drolet, porte-parole d’Élections Québec.

Accomplir son devoir de citoyen par Internet s’ajoutera aux autres façons de voter, cela ne les remplacera pas. Il sera toujours possible de glisser son bulletin dans l’urne ou de faire valoir un vote par anticipation. Le but de la démarche étant d’améliorer l’accès au vote.

2025, c’est encore loin. L’institution veut se donner les moyens de bien faire les choses.

« Pour nous, c’est important de ne pas introduire le vote par Internet de façon précipitée. C’est l’intégrité du processus électoral et, si on connaît des ratés, c’est la confiance des électeurs qui va être compromise. »

— Une citation de  Julie St-Arnaud Drolet, porte-parole d’Élections Québec

Les défis pour Élections Québec sont nombreux, à commencer par celui de la technologie. Il est nécessaire de se doter de la plus adaptée.

Plusieurs options sont envisagées : développer sa propre plateforme, acquérir une plateforme déjà existante ou faire appel à un fournisseur externe.

La question de la sécurité pour éviter le piratage informatique est centrale. En même temps, elle soulève des contraintes.

Pour s’assurer que le vote est bien comptabilisé, il faudra mettre en place une traçabilité, mais cette traçabilité ne doit pas aller à l’encontre de l’anonymat du vote qui est un principe important, souligne Julie St-Arnaud Drolet, avant d’ajouter que des solutions existent.

Des maires favorables

En 2021, le taux de participation aux élections municipales était de 38,7 %. Il était inférieur à celui enregistré en 2017 (44,8 %).

Le vote par Internet pourrait-il éveiller, voire réveiller, l’intérêt des électeurs? Valérie-Anne Mahéo, professeure adjointe au Département de sciences politiques de l’Université Laval, ne le pense pas.

Les dernières études que j’ai vues sur les projets pilotes menés ailleurs dans le monde montrent que le vote électronique permet à ceux qui votent déjà de voter plus facilement. Il n’amène pas de nouvelles personnes à participer aux élections, révèle-t-elle.

L’universitaire rappelle que des facteurs permettent de comprendre pourquoi moins de citoyens ont pris part aux scrutins en novembre dernier.

On venait d’avoir des élections au fédéral. Les campagnes fédérales et municipales se sont d’ailleurs chevauchées. Il y a eu ce qu’on appelle la fatigue de l’électeur.

Valérie-Anne Mahéo pointe également la pandémie. Plusieurs personnes craignaient pour leur sécurité en se rendant dans des lieux publics.

Elle note enfin que les élections municipales intéressent généralement moins les votants.

Certains citoyens ont une méconnaissance des pouvoirs et des compétences des municipalités. […] Aux municipales aussi, il y a une absence des partis politiques, alors que les partis politiques sont des repères pour les électeurs. On voit juste des candidats. Ça complique le choix politique.

Dans la classe politique, l’idée d’instaurer le vote par Internet est bien accueillie.

C’est essentiel que nous mettions tout en place pour qu’ensemble on s’approprie notre écosystème politique. […] Les temps changent, nos façons de faire doivent elles aussi s’adapter, déclare le maire de Québec, Bruno Marchand.

Même enthousiasme de l’autre côté du fleuve.

Je suis favorable au vote par Internet. Les moyens de communication évoluent et nous devons prendre tous les moyens pour favoriser l’expression démocratique des citoyens, commente le maire de Lévis, Gilles Lehouillier.

Un sujet très polarisant

Aussi avancé soit-il, le projet pilote d’Élections Québec n’en reste pas moins soumis à la volonté du gouvernement. Et ce, quel qu’il soit.

Les élus devront modifier la loi électorale pour permettre le vote par Internet, s’ils le souhaitent, affirme Julie St-Arnaud Drolet.

Jusqu’à présent, l’intérêt est là. Ce futur service est développé depuis 2018, à la demande de l’Assemblée nationale. L’opinion publique, elle, est plus partagée.

En 2019, Élections Québec a mené des consultations auprès des citoyens pour savoir s’ils étaient prêts à voter par internet.

Les gens étaient soit très favorables, soit très défavorables. Une courte majorité d’électeurs se montraient ouverts. Ça montre à quel point le sujet est très polarisant, indique la porte-parole, avant de faire remarquer : L’acceptabilité sociale n’est jamais fixe dans le temps. Elle évolue en permanence.

Source: Radio-Canada

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