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La question migratoire dans toutes ses composantes fait partie de l’ADN du Maroc, pays d’émigration, d’immigration et de transit, a affirmé, vendredi à Rabat, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita.
« Pont entre l’Afrique et l’Europe, carrefour des civilisations, pays d’émigration, d’immigration et de transit, lieu d’échange, de brassage, de partage ou de passage, le Maroc est traversé par le phénomène migratoire. La mobilité est ce que nous sommes », a souligné M. Bourita à l’ouverture des travaux de la première réunion ministérielle des pays champions de la mise en œuvre du Pacte de Marrakech sur les Migrations.
Dans ce cadre, le ministre a soutenu qu’avec le leadership africain de Sa Majesté le Roi sur la question de la migration et la désignation du Maroc en tant que Pays Champion de la mise en œuvre du Pacte de Marrakech, le Maroc « se sent aussi à l’aise qu’il se sait cohérent ».
Cette conférence est, donc, pour le Royaume du Maroc « la culmination d’un processus de longue date, mené à trois niveaux: à l’échelle nationale, d’abord, en tant que pays d’émigration, de transit mais aussi d’immigration qui a mis en place dès 2013, une stratégie nationale responsable et solidaire; à l’échelle africaine, ensuite, avec le mandat de Leader de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, sur la question de la migration, qui a permis notamment à l’Afrique de parler d’une seule voix et de disposer, à Rabat, d’un Observatoire africain des migrations; et à l’échelle internationale, enfin, en tant que pays champion du Pacte », a indiqué le ministre.
M. Bourita a rappelé que le Maroc, 4 ans après avoir abrité à Marrakech la conférence d’adoption du Pacte, se réjouit d’organiser cette conférence qui réunit les pays champions de sa mise en œuvre, notant que dans le Message Royal adressé à la Conférence d’adoption du Pacte en décembre 2018, SM le Roi a souligné que « Le Pacte Mondial n’est pas une fin en soi. Il ne fait sens que par sa mise en œuvre effective ».
« Aujourd’hui, nous y sommes. Nous nous réunissons précisément pour mesurer l’implémentation que Sa Majesté le Roi appelait de Ses vœux, dès les premiers instants de vie du Pacte », a-t-il relevé.
Dans ce sens, il a expliqué que depuis l’adoption du Pacte en 2018, les migrations internationales ont connu des transformations majeures, ajoutant qu’avec son lot de drames et de bouleversements, la pandémie a accru la précarité des migrants, les discriminations à leur égard et leur vulnérabilité à la traite et au trafic dangereux des passeurs et autres marchands de misère humaine.
Sur le contexte pandémique justement, il a fait remarquer que la pandémie a généré des paradoxes, notant qu’alors que les migrants ont été essentiels autant pour leurs pays d’accueil que pour leurs pays d’origine, ils ont souvent été marginalisés pendant la pandémie.
Il a signalé que la pandémie a, d’un côté, affaibli le momentum sur les migrations, en reléguant la migration au second plan des priorités internationales, en ralentissant les efforts des Etats à mettre en œuvre les objectifs du Pacte et, de manière plus générale, en fragilisant le multilatéralisme.
Mais, d’un autre côté, a-t-il enchaîné, en réduisant les voies légales, et en rendant les migrations moins sûres, la pandémie a aussi, par un effet inversé, renforcé l’actualité du Pacte. « Ainsi, les enseignements tirés de la pandémie sont autant d’occasions de réaffirmer sa pertinence », a-t-il fait observer.
M. Bourita a précisé que malgré les obstacles posés par la pandémie, bien des efforts ont été réalisés ces 4 dernières années. « Ainsi, le Secrétaire général de l’ONU a publié, le mois dernier, un premier rapport sur la mise en œuvre du Pacte mondial, que nous saluons », a-t-il détaillé, ajoutant que « les Etats ont respecté leurs engagements et se sont mobilisés en faveur du Pacte, notamment à travers la présentation de rapports volontaires ».
Le Réseau des Nations Unies sur les migrations s’est aussi élargi et est aujourd’hui fort de 51 réseaux nationaux, dont 14 opérant dans des pays champions, s’est-il félicité, rappelant que plusieurs réunions régionales ont été aussi organisées, parmi lesquelles la réunion intergouvernementale pour l’Examen Régional africain du Pacte, organisée en septembre dernier par le Maroc, avec la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), l’OIM et le Réseau des Nations Unies sur les Migrations.
« L’ambition du Maroc est que nous ayons de l’ambition : De l’ambition pour accélérer la mise en œuvre du Pacte au niveau national mais aussi régional, et en cela, je peux dire que l’Afrique a rempli sa part; et de l’ambition pour amplifier et accroitre la mobilisation financière en ce sens », a-t-il insisté.
Il a, en outre, fait savoir que l’objectif du Maroc est aussi de « garantir la portée universelle et singulièrement africaine du Pacte de Marrakech », estimant qu’il n’est pas anodin de constater que plus d’un tiers des pays champions soient issus du Continent africain; que 41% des projets soumis au Fonds fiduciaire multipartenaires pour les migrations l’aient été par des pays africains et que les 2 centres de données cités par le rapport du Secrétaire Général des Nations Unies se trouvent en Afrique, dont un à Rabat.
Et M. Bourita de soutenir que « l’ambition du Maroc est que la Déclaration de Rabat que nous adopterons à la fin de nos travaux, nous permette de porter le Pacte de Marrakech jusqu’au consensus de New York ».