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L’enjeu de la vaccination contre le nouveau coronavirus représente une opportunité pour donner un nouvel élan au multilatéralisme dans le monde, a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.
« L’enjeu de la vaccination aujourd’hui, en tant que dernière ligne de défense face à la pandémie, représente à juste titre une opportunité pour concrétiser notre volonté et capacité à donner un nouvel élan au multilatéralisme », a souligné M. Bourita, en visioconférence, dans le discours du Maroc lors du Débat de haut niveau de la 76è Assemblée générale des Nations Unies.
Mettant en avant l’effort colossal consenti par les scientifiques et les chercheurs pour développer des vaccins sûrs et efficaces, le ministre a insisté que l’objectif ultime est de garantir l’accès universel au vaccin en tant que “bien commun de l’humanité”, et d’assurer sa répartition équitable entre l’ensemble des pays du monde.
La répartition équitable du vaccin dépasse en effet le “devoir éthique” et constitue l’une des exigences de la “sécurité collective” sur laquelle est fondée l’organisation multilatérale, a-t-il indiqué, avertissant que le manque de vaccins dans une région du monde constitue un foyer temporaire annonciateur d’une rechute épidémiologique à grande échelle.
Cette rechute, a dit le ministre, risque d’entraîner des répercussions graves sur les économies nationales et sur le bien-être des sociétés, citant dans ce sens un passage du discours royal de juillet 2020 dans lequel SM le Roi Mohammed VI souligne que “Notre travail ne consiste pas seulement à contrecarrer la pandémie. Il vise aussi à remédier à ses répercussions économiques et sociales dans le cadre d’une vision prospective globale mettant à profit les enseignements tirés de la période en cours”.
M. Bourita a, également, indiqué que le Maroc salue à cet effet le travail soutenu de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l’UNICEF et des agences compétentes de l’ONU afin d’assurer l’accès global et équitable aux vaccins anti-Covid, tout en apportant son soutien à la campagne “Only Together” lancée par le Secrétaire général de l’ONU et qui appelle à garantir des vaccins pour tous.
Dans le même ordre d’idées, il a fait observer que la pandémie du nouveau coronavirus a mis à l’épreuve les capacités des pays ainsi que la volonté de la communauté internationale, “menaçant de torpiller tout ce qui a été réalisé durant des décennies”.
La crise sanitaire a même exacerbé les inégalités de manière sans précédent, a-t-il dit, ajoutant que sur les plans politique, socio-économique, sécuritaire et environnemental, la pandémie a mis à nu la “précarité” humaine.
La pandémie a révélé plusieurs dysfonctionnements en matière de gouvernance multipartite, a enchaîné le ministre, soulignant qu’au moment où les politiques nationales sont à l’avant-garde des efforts internationaux en matière de lutte contre la propagation de Covid-19, l’action multipartite n’était pas à la hauteur du défi.
Il ne s’agit pas là d’une critique du multilatéralisme mais d’une évaluation rationnelle et objective “de ce que nous, les membres des Nations Unies, avons fait de manière concrète et pratique », a-t-il expliqué, estimant que la crise sanitaire a mis à l’épreuve l’efficacité du système international et “nous met face à une responsabilité historique”.
Pour M. Bourita, il est impératif de travailler ensemble pour instaurer un nouvel ordre mondial qui serve de plateforme pour une action commune efficace, qui va au-delà des déclarations d’intention et du “plaidoyer intellectuel” pour baliser le chemin vers une étape de “mobilisation transformatrice », à travers une feuille de route pratique qui renforce la sécurité collective et répond aux défis actuels et à venir.
L’action multipartite doit être un levier pour des alliances élargies qui impliquent les Etats, le secteur privé, la société civile et les milieux académiques, a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, le ministre a mis l’accent sur la nécessité de s’atteler sérieusement à la problématique de la reconnaissance réciproque des vaccins disponibles et ceux qui seront produits, et ce sur la base de normes pratiques, sanitaires et éthiques jouissant du consensus international, loin des calculs politiques et commerciaux.
Il a aussi fait savoir que le Maroc, qui soutient l’élaboration d’une convention internationale sur les pandémies dans le cadre de l’OMS, compte organiser un congrès international en 2022 sur la préparation aux pandémies, en collaboration avec le Rwanda, l’OMS et la Banque mondiale. Le but est de consolider les efforts internationaux afin de renforcer les capacités des pays à lutter contre ces pandémies et à se préparer aux cas d’urgence.
Le Royaume, conformément aux Hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI, a mis en œuvre un projet ambitieux visant à fabriquer des vaccins anti-Covid, a poursuivi le ministre, ajoutant que ce chantier structurant va au-delà du renforcement de la souveraineté sanitaire du Maroc pour contribuer à la sécurité sanitaire des pays africains.
A travers ce projet, le Maroc consacre sa politique africaine solidaire en tant que réalité tangible, a-t-il dit, soulignant que l’Afrique doit devenir la première priorité de la stratégie sanitaire mondiale, aux côtés des politiques nationales d’aide au développement.
Il a, par ailleurs, tenu à préciser que le contexte difficile imposé par la pandémie de Covid-19, n’a pas entamé la volonté du Maroc de poursuivre la consolidation de son processus de développement sous le leadership de SM le Roi, ajoutant que sur Hautes instructions royales, un chantier d’envergure a été ouvert en l’occurrence le nouveau modèle de développement durable qui sera mis en œuvre pendant les 14 années à venir.
Ce projet national ambitieux converge totalement avec les Objectifs du développement durable (ODD) qu’il a dépassé dans certains domaines, a estimé le ministre, notant que ce modèle a mis en place des fondements novateurs d’une nouvelle doctrine de développement et des principes de travail régis par la confiance, la mobilisation et la responsabilité dans le souci de libérer les énergies.
Il s’agit aussi de réunir les conditions nécessaires à une économie plus ouverte, novatrice et compétitive et à un capital humain plus qualifié en mesure de faire face aux défis de l’avenir, a-t-il conclu.