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Le Conseil des droits de l’homme (CDH) doit accorder une attention particulière à l’impact des nouvelles technologies sur les droits de l’homme, a souligné, mardi, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. S’exprimant lors d’un débat de haut-niveau, par visioconférence, sur le rôle du CDH dans la promotion d’une approche basée sur les droits de l’Homme vis-à-vis des technologies nouvelles et émergentes, le ministre a affirmé que le rythme actuel de l’innovation numérique dépasse la capacité des États à gérer leurs impacts sociétaux potentiels.
« En effet, des lacunes importantes doivent être comblées, notamment en ce qui concerne la relation entre les nouvelles technologies et les droits de l’homme », a-t-il dit. Dans ce contexte, Bourita a identifié quatre défis majeurs nécessitant une attention particulière dans le contexte des technologies nouvelles et émergentes.
Le ministre a ainsi souligné que les nouvelles technologies ont un impact non négligeable sur l’environnement. En effet, en termes d’émissions de CO2, Internet pollue 1,5 fois plus que le transport aérien, a dit Bourita. « Par conséquent, le CDH doit accorder une attention particulière à l’impact des nouvelles technologies sur les droits de l’homme pour un environnement sûr, propre, sain et durable », a-t-il affirmé, relevant que le Maroc encourage vivement le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’environnement à consacrer l’un de ses prochains rapports à cette question. En raison du développement de nouvelles technologies, il y a des cas où de nombreux emplois sont perdus, en particulier dans les pays en développement, a précisé le ministre. D’ici 2030, dans environ 60% des professions, au moins un tiers des activités pourraient être automatisées et jusqu’à 14 % de la main-d’œuvre mondiale devrait changer de catégorie professionnelle, a-t-il ajouté, citant l’Organisation internationale du travail.
Sans mesures appropriées, notamment en réorientant et en formant les travailleurs à de nouveaux emplois, des familles entières pourraient être profondément affectées et leurs droits, y compris à un emploi décent, refusés, a mis en garde le ministre, qui a aussi souligné les impacts sociaux de l’utilisation abusive des technologies, dont le partage de données personnelles, les violations de la vie privée et la diffusion des « fake news ». Le terrorisme a également proliféré avec les nouvelles technologies, notamment le recrutement en ligne par des groupes terroristes, la diffusion de discours de haine, les transferts d’argent, etc, a indiqué M. Bourita.
S’agissant de la fracture numérique entre le Nord et le Sud, le ministre a indiqué que les taux de pénétration d’Internet montrent que l’Afrique est à la traîne avec un taux de 43%, tandis que l’Amérique du Nord est en tête avec un taux de 93% contre 88% pour l’Europe. Par conséquent, il est essentiel de garantir une meilleure accessibilité aux technologies dans les pays du Sud, y compris à travers le transfert de technologies, l’assistance technique et le renforcement des capacités, a-t-il dit.
Concernant l’Intelligence Artificielle, le ministre a affirmé qu’afin de s’assurer que cette technologie soit pleinement conforme aux droits humains, chaque étape du développement des algorithmes, y compris leur conception et leur déploiement, doit intégrer une approche fondée sur les droits de l’homme. À cet égard, il est impératif de rapprocher le monde de l’informatique et le monde des droits de l’homme, de former des ingénieurs aux droits de l’homme et d’impliquer des experts des droits de l’homme dans les développements d’algorithmes, a-t-il souligné.
Le Royaume du Maroc est pleinement conscient de l’impact positif des nouvelles technologies sur l’amélioration de la vie de ses citoyens et la promotion des droits humains, tout en restant attentif aux défis que ces technologies posent, a dit M. Bourita. L’approche visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI a fait des nouvelles technologies et de la numérisation de divers secteurs un enjeu majeur pour transformer l’accès et la qualité des services publics, améliorer l’inclusion économique et réduire la fracture numérique, sans jamais renoncer aux droits humains, a-t-il ajouté.
Ainsi, de multiples mesures législatives, administratives et institutionnelles ont été mises en place pour renforcer les droits humains et répondre aux risques liés aux technologies nouvelles et émergentes, comme la création de l’Agence de développement numérique et de la Commission nationale pour le Contrôle de la protection des données personnelles, a rappelé le ministre. Le Maroc attache également une grande importance à la promotion de l’éducation et de l’égalité des genres et s’appuie sur des outils numériques pour identifier et lutter contre les violations des droits humains telles que la discrimination et le harcèlement, a-t-il poursuivi, notant que le Royaume accorde également une attention particulière à l’élargissement de l’accès des femmes à l’éducation grâce à l’apprentissage en ligne.
Le Nouveau Modèle de Développement, qui a été récemment présenté à Sa Majesté le Roi souligne, à son tour, que le numérique est un véritable levier de changement et de développement, a indiqué le ministre, ajoutant que ce nouveau modèle appelle à accorder une attention particulière à ce secteur en tant que catalyseur de transformations à fort impact.