Ottawa confirme une seconde réduction des livraisons du vaccin de Moderna

5 février 2021
Ottawa confirme une seconde réduction des livraisons du vaccin de Moderna

Assahafa.com

Le Canada « ne s’attend pas » à recevoir l’entièreté des 249 000 doses du vaccin contre la COVID-19 de Moderna attendues pour la semaine du 22 février, a confirmé jeudi le major-général Dany Fortin.

Le grand responsable de la logistique entourant la distribution de vaccins au pays n’a cependant pas été en mesure d’être plus précis sur la réduction anticipée lors de sa conférence de presse.

Selon lui, Moderna a assuré qu’il travaillait de bonne foi, et de façon juste et équitable pour répondre à la demande mondiale, mais sans partager de détails sur ses problèmes de livraison.

CBC a dévoilé mercredi que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a déjà informé les provinces que les livraisons de Moderna seraient réduites pour la semaine du 22 février.

Moderna a diminué les quantités pour la semaine du 1er au 7 février. La semaine du 22 février sera également affectée, mais Moderna ne peut pas encore confirmer les livraisons pour cette semaine-là, indique un document signé par le major-général Fortin le 29 janvier.

Le major-général Fortin a cependant confirmé que 180 000 doses du vaccin de Moderna sont arrivées au Canada en provenance de l’Europe jeudi matin, et qu’elles seront distribuées aux provinces d’ici peu.

Initialement, le Canada s’attendait à recevoir 230 400 doses du vaccin de Moderna pour la semaine en cours. La diminution de 22 % n’a été annoncée que la semaine dernière.

Le major-général Fortin a cependant réitéré que le Canada s’attendait toujours à recevoir 2 millions de doses de ce vaccin d’ici la fin du mois de mars.

Lorsqu’on a lui demandé s’il était certain que ces doses seront livrées à temps, le major-général Fortin a répondu qu’il n’y avait aucun moyen d’être certain, mais qu’il n’avait aucune raison de douter non plus.

Je ne suis pas en mesure d’aller vérifier par moi-même, a-t-il ajouté.

Au sujet du vaccin de Pfizer-BioNTech, le seul autre vaccin autorisé jusqu’ici par Santé Canada, M. Fortin a indiqué que les plans de livraison n’ont pas changé depuis la semaine dernière.

Le Canada a reçu les 79 000 doses attendues cette semaine, en recevra 70 000 autres la semaine prochaine, puis 335 000 et 395 000 doses pour les deux dernières semaines de février.

Le Canada s’attend toujours à recevoir 4 millions de doses du vaccin de Pfizer-BioNtech d’ici la fin du mois de mars, a-t-il aussi réitéré.

Les livraisons de ce vaccin ont été réduites à trois reprises au cours des dernières semaines.

Le Dr Njoo défend le recours au mécanisme COVAX

Au cours de la même conférence de presse, le sous-administrateur en chef de l’ASPC, le Dr Howard Njoo, a défendu la décision du Canada de recourir au mécanisme COVAX pour obtenir des doses de vaccins contre la COVID-19.

Selon une projection de l’Alliance pour les vaccins (GAVI), qui gère ce programme mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Ottawa devrait recevoir 1,9 million de doses du candidat-vaccin d’AstraZeneca-Université Oxford d’ici la fin juin.

Avant que ces doses ne soient administrées, le vaccin devra être autorisé non seulement par Santé Canada, mais aussi par l’OMS. Une décision à ce sujet est attendue prochainement dans les deux cas.

C’est toujours mieux d’avoir une plus grande sélection de vaccins approuvés. Ça nous donne plus de flexibilité aussi […] si on a plus de choix de vaccins, plus de […] doses, a fait valoir le Dr Njoo.

On attend avec impatience la décision de Santé Canada sur son autorisation, a-t-il ajouté.

Interpellée dans le cadre d’un comité des Communes, la ministre fédérale des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, a maintenu que le Canada ne contredisait pas l’objectif de COVAX en agissant comme il le fait.

Si le vaccin AstraZeneca est approuvé bientôt, a-t-elle ajouté, le Canada devrait recevoir les premières doses de COVAX avant la fin mars. Selon des données fournies à CBC par son ministère, le quart des 1,9 million de doses attendues, soit 475 000 doses, pourraient ainsi arriver au pays d’ici la fin mars.

Le fait que le Canada soit le seul pays du G7 à recevoir des doses par l’entremise de ce mécanisme, initialement mis en place pour fournir des vaccins aux pays moins riches de la planète, a fait sourciller certains experts.

Un gouvernement en crise, selon O’Toole

Plus tôt en matinée, le chef conservateur Erin O’Toole a estimé que le recours au mécanisme COVAX prouve que le gouvernement Trudeau est en crise.

Il n’est toutefois pas allé jusqu’à dire qu’un gouvernement qu’il aurait dirigé aurait agi autrement, et aurait refusé de recevoir ces doses, d’ailleurs dûment payées.

On a besoin des vaccins immédiatement pour une relance économique, bien sûr. Mais, malheureusement, avec l’approche lente du gouvernement Trudeau pour les vaccins, on n’a pas de doses. La semaine passée, pas de doses de Pfizer, pas beaucoup de doses par Moderna [pour] ce mois.

Marc-André Gagnon, spécialiste en politiques pharmaceutiques et professeur à l’Université Carleton, rappelle pour sa part que le fonctionnement du mécanisme COVAX, dont le Canada est l’un des plus grands contributeurs, vise à attirer les contributions de pays riches et ainsi éviter de leur demander tout bonnement la charité.

Le malaise, croit-il, vient du fait que le Canada a joué sur deux tableaux, en participant d’une part à la course aux vaccins, en se procurant suffisamment de doses pour vacciner plusieurs fois la population canadienne, et en contribuant d’autre part au mécanisme COVAX, qui visait à contrer tout nationalisme vaccinal.

Selon M. Gagnon, les problèmes de livraison avec lesquels le Canada doit composer prouvent plutôt que le système actuel doit être revu.

On est dans un système où on donne préséance aux droits de propriété des firmes, donc chaque firme possède le monopole sur son vaccin. L’hypothèse qui était derrière cette manière de fonctionner, c’est que les firmes allaient avoir la capacité manufacturière pour produire les vaccins, donc respecter leurs carnets de commandes, dit-il.

Mais là, le problème avec Moderna fait suite aux problèmes qu’on a avec Pfizer, et le problème qu’AstraZeneca a eu aussi de son côté, ajoute-t-il en référence aux démêlés opposant cette dernière compagnie à l’Union européenne.

Et là, on réalise que, finalement, faire confiance aux firmes qui monopolisaient les brevets pour aller produire l’ensemble des doses nécessaires au niveau global, ça ne fonctionne pas. Et ça commence à ne pas fonctionner de manière très sérieuse, affirme M. Gagnon.

Source: Radio-Canada

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