Biélorussie : Loukachenko affirme que Poutine lui a offert une « aide » sécuritaire

16 août 2020
Biélorussie : Loukachenko affirme que Poutine lui a offert une « aide » sécuritaire

Assahafa.com

 

À la suite de son échange téléphonique avec Vladimir PoutineAlexandre Loukachenko, le président biélorusse réélu, a affirmé que son homologue russe lui avait proposé une « aide » pour sortir de la crise sociale qui frappe la Biélorussie. « Nous nous sommes entendus avec lui Vladimir Poutine : dès notre première demande, une aide complète sera fournie par la Russie pour assurer la sécurité du Bélarus », a fait savoir Loukachenko, cité par l’agence Belta. Depuis sa réélection, le président biélorusse est en position de difficulté face à un mouvement de contestation post-électoral.

Le président biélorusse, confronté à la plus grande vague de protestation depuis son arrivée au pouvoir en 1994, a évoqué un accord militaire liant son pays à Moscou via l’Union de la Russie et du Bélarus, une alliance intergouvernementale, et l’Organisation du traité de sécurité collective (OTCS). « Quand il est question de la dimension militaire, nous avons un accord avec la Fédération russe dans le cadre de l’Union [de la Russie et du Bélarus] et de l’OTCS », a souligné Alexandre Loukachenko. Après cette conversation téléphonique, le Kremlin s’est dit « confiant » que la crise politique dans le pays trouverait une solution prochaine.

Des milliers de manifestants

Dans la soirée, au moins 3 000 personnes étaient rassemblées devant le siège de la télévision publique, dans la capitale Minsk, pour réclamer « la vérité » et protester contre la réélection de Loukachenko. « Non à la violence ! » ont scandé les contestataires, certains faisant le « V » de la victoire. Des gerbes de fleurs, décorées de rubans blancs et rouges, les couleurs de l’opposition, ont été déposées près d’un mémorial improvisé. Des manifestants sont aussi venus avec des photos montrant les blessures de personnes torturées lors de leur détention cette semaine. Plus tôt dans la journée, plus de 700 personnes s’étaient réunies en silence autour du cercueil du manifestant décédé, dans un autre quartier de Minsk.

« Tu n’es pas notre président, tu as bu le sang du peuple. Pars ! » a lancé à l’Agence France-Presse Janna, 50 ans, en pleurs, s’adressant à Alexandre Loukachenko. Sa principale rivale à la présidentielle, Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie, avait appelé à des rassemblements pacifiques samedi et dimanche à travers le pays.

Actions internationales

Plus tôt dans la journée, le président Loukachenko a dit faire face à une « révolution de couleur », le nom donné à plusieurs soulèvements dans l’ex-URSS ces vingt dernières années, avec des « éléments d’interférence extérieure ». Il a par ailleurs rejeté « toute médiation étrangère », faisant référence à un plan de médiation proposé par la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, membres de l’UE voisins du Bélarus. Samedi, les États-Unis et Varsovie ont appelé Minsk au dialogue avec la société civile. La veille, l’Union européenne avait ordonné des sanctions contre des responsables bélarusses liés à la répression ou des fraudes électorales.

Depuis jeudi, la mobilisation s’est étendue au Bélarus : des chaînes humaines et rassemblements contre la violence et les fraudes ont fleuri dans le pays, tandis que des ouvriers d’usines emblématiques ont lancé des actions de solidarité et des débrayages. Contrairement aux manifestations du début de semaine, violemment réprimées, ces actions se sont déroulées sans heurts et arrestations, les autorités bélarusses ayant donné des signes de recul. Ces dernières ont ainsi annoncé la libération de plus de 2 000 des 6 700 personnes interpellées. Le président Loukachenko a même appelé à une « certaine retenue » contre les protestataires, qu’il avait auparavant qualifiés de « moutons ». Svetlana Tikhanovskaïa, qui revendique la victoire à la présidentielle du 9 août, a elle annoncé la création d’un comité pour organiser le transfert du pouvoir et appelé à un dialogue avec les autorités.

Une élection contestée

Le Bélarus est le théâtre d’une vague de protestation d’une ampleur inédite contre la réélection dimanche d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans dans cette ex-République soviétique. Sa victoire – officiellement avec 80 % des voix – a été perçue comme truquée alors qu’une immense mobilisation en faveur de sa rivale inattendue, Svetlana Tikhanovskaïa, a enflammé le Bélarus avant le scrutin. Cette dernière, officiellement créditée de 10 % des voix, a dénoncé des fraudes massives.

Les quatre premières soirées de manifestations avaient été matées par les forces antiémeutes, faisant au moins 2 morts et 150 blessés hospitalisés vendredi. Des personnes libérées ont raconté à l’Agence France-Presse des conditions de détention atroces. Privées d’eau, de nourriture et de sommeil, passées à tabac ou brûlées avec des cigarettes, elles étaient incarcérées par dizaines dans des cellules prévues pour quatre ou six.

Le pouvoir bélarusse a reçu le soutien de Moscou, qui a dénoncé des tentatives d’« ingérence étrangère » visant à déstabiliser le Bélarus, un allié historique de la Russie, malgré des tensions récurrentes entre les deux pays. Le chef de l’État bélarusse avait notamment accusé la Russie de vouloir réduire son pays à l’état de vassal et de s’ingérer dans le scrutin du 9 août en faveur de ses adversaires. Alexandre Loukachenko, 65 ans, n’a jamais laissé aucune opposition s’ancrer. La précédente vague de contestation, en 2010, avait elle aussi été sévèrement réprimée.

Source: AFP
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