Pas de répit pour Carney lors de son baptême du feu au Parlement

29 mai 2025
Pas de répit pour Carney lors de son baptême du feu au Parlement

Assahafa.com

Riposte aux tarifs américains, absence de budget, politique énergétique… Le premier ministre Mark Carney a essuyé mercredi une multitude de flèches décochées par les partis d’opposition, lors de la première période des questions à laquelle il assistait depuis sa victoire aux élections fédérales, il y a un mois jour pour jour.

M. Carney ne semblait toutefois pas se faire d’illusions. S’adressant au président de la Chambre, Francis Scarpaleggia, il a dit espérer que ce dernier, qui a été élu à ce poste il y a à peine deux jours, bénéficiera d’une période de grâce qui ne [lui] sera pas accordée par l’opposition.

Pour sa première séance parlementaire, le premier ministre a voulu trancher avec le style de son prédécesseur Justin Trudeau en choisissant de ne répondre qu’aux questions des leaders de l’opposition et non à toutes les questions qui lui étaient adressées par les élus.

Il souhaite ainsi revenir à une pratique traditionnelle qui était en vigueur avant l’arrivée de M. Trudeau au pouvoir, il y a dix ans. Ce dernier s’était inspiré de la politique britannique en instaurant une « période des questions du premier ministre » hebdomadaire, lors de la séance du mercredi.

Une source a affirmé à Radio-Canada qu’il s’agit d’une façon pour M. Carney de marquer une rupture supplémentaire avec l’ère Trudeau et de faire les choses de manière différente. Le premier ministre souhaiterait laisser plus de place à son équipe ministérielle, a fait valoir cette source sous le couvert de l’anonymat.

Absence de Pierre Poilievre

En plus de M. Carney, quelque 110 nouveaux députés fédéraux ont eux aussi vécu mercredi leur baptême du feu à la Chambre des communes.

Il y avait cependant une absence de taille : celle du chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, qui s’est contenté de suivre la séance depuis son bureau. Défait dans sa circonscription de Carleton, en banlieue d’Ottawa, lors des dernières élections, M. Poilievre n’a pas le droit de siéger aux Communes.

Il doit tenter de se faire réélire lors d’une partielle qui doit être organisée en Alberta au cours des prochains mois, après que le député conservateur de Battle River—Crowfoot, Damien Kurek, eut promis de démissionner pour céder sa place à son chef.

Dans ce contexte, c’est l’ancien chef conservateur Andrew Scheer qui remplace M. Poilievre en tant que chef parlementaire de l’opposition officielle. Mercredi, il a lancé une attaque frontale contre Mark Carney, l’accusant de manquer de transparence envers les Canadiens en refusant de présenter un budget avant l’automne.

Il a également accusé les libéraux d’avoir secrètement éliminé les contre-tarifs visant les États-Unis en représailles aux droits de douane de 25 % sur les produits canadiens imposés par le président américain Donald Trump.

Le gouvernement Carney a en fait suspendu, début mai, des contre-tarifs sur la majorité des produits alimentaires provenant des États-Unis afin de minimiser la hausse des prix dans les épiceries. Le jus d’orange, le café et l’alcool ne sont toutefois pas concernés par cette pause tarifaire d’Ottawa.

Nos tarifs douaniers ont un impact maximal sur les États-Unis et un impact minimal sur le Canada, a répondu M. Carney au chef de l’opposition officielle par intérim. Nous consacrons tous les revenus générés par ces contre-tarifs au soutien des travailleurs et des entreprises touchés par les mesures américaines injustifiées, a-t-il insisté.

Eh bien, il ne lui a pas fallu longtemps pour reprendre la vieille habitude libérale de ne pas répondre aux questions, a répliqué M. Scheer.

Carney accusé de s’opposer aux projets d’oléoducs

Le leader conservateur a ensuite attaqué le premier ministre sur sa politique énergétique, l’accusant de s’opposer aux projets d’oléoducs en refusant d’éliminer des lois qui entravent, selon lui, leur développement.

Va-t-il rejeter la loi C-69 pour montrer aux Canadiens que les pipelines font partie de ses valeurs?, a demandé Andrew Scheer en s’adressant à Mark Carney.

Le projet de loi C-69, qui est devenu la loi fédérale sur l’évaluation d’impact lors de son entrée en vigueur en juin 2019, modifie la façon dont le Canada évalue les répercussions environnementales de grands projets d’énergie et de transport. Cette loi exige un examen de chaque projet sur les plans environnemental, social et économique, mais rien dans la loi n’interdit la construction de pipelines.

M. Carney préconise, pour sa part, de faire du Canada une superpuissance énergétique, évoquant le développement à la fois des énergies propres et des énergies conventionnelles, sans mentionner directement le pétrole ou le gaz.

Il a également promis de construire un réseau électrique national d’est en ouest pour relier les provinces et réduire la dépendance énergétique.

Le nouveau gouvernement canadien a un plan audacieux : mettre en place une économie canadienne au lieu de 13 et d’avoir des projets d’envergure nationale afin de bâtir cette grande nation, a dit mercredi Mark Carney en réponse à la question de M. Scheer.

Le Bloc sur les changements climatiques

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a lui aussi attaqué le premier ministre sur sa politique énergétique, l’accusant d’avoir délaissé la lutte contre les changements climatiques dans le discours du Trône, prononcé la veille par le roi Charles III.

Oui, la crise climatique existe et c’est un grand défi pour notre nation, a répondu M. Carney. C’est la raison pour laquelle le Canada doit être une superpuissance énergétique en ce qui concerne l’énergie traditionnelle et verte, a-t-il ajouté, affirmant que les feux de forêts feront l’objet de discussions lors du sommet du G7 qui doit avoir lieu en juin en Alberta.

M. Blanchet a aussi critiqué le gouvernement libéral, l’accusant d’être centralisateur en voulant imposer sa volonté de mettre en place une seule économie au lieu de 13, sans consulter les provinces.

M. Carney a toutefois rappelé au chef du Bloc qu’il compte réunir ce dimanche, à Saskatoon, les premiers ministres des provinces et des territoires pour discuter précisément de ce sujet.

Nous sommes au milieu d’une crise économique, c’est le moment pour l’unité, a-t-il dit.

Un appel à la collaboration

Le premier ministre a d’ailleurs répété à plusieurs reprises qu’il souhaitait avoir l’appui des partis d’opposition pour faire avancer ses projets, notamment économiques.

Mardi, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a déposé au Parlement un avis de motion de voies et moyens qui propose de réduire d’un point de pourcentage le taux de la première tranche d’imposition, pour le faire passer de 15 % à 14 %.

Cette motion propose aussi d’éliminer la taxe sur les produits et services (TPS) pour les acheteurs d’une première maison neuve d’une valeur maximale allant jusqu’à 1,5 million de dollars et d’éliminer officiellement la taxe carbone visant les particuliers, après son annulation en mars dernier par un décret qu’avait signé M. Carney.

Le vote sur cette motion doit avoir lieu après celui sur le discours du Trône, d’ici cinq jours.

Plus tôt mercredi, le chef du Parti conservateur a dit souhaiter apporter des modifications à cette motion afin notamment d’éliminer la taxe carbone dans son intégralité et de réduire encore plus les impôts. Pierre Poilievre a toutefois affirmé que sa formation allait quand même voter en faveur de ce texte, même sans les modifications requises. C’est mieux que rien, a-t-il lâché.

Source: Radio Canada

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