« On a un système d’éducation qui est solide », estime le premier PDG de l’INEÉ

28 juillet 2025
« On a un système d’éducation qui est solide », estime le premier PDG de l’INEÉ

Assahafa.com

Le premier président-directeur général de l’Institut national d’excellence en éducation (INEÉ), Lucien Maltais, entre en fonction aujourd’hui. Radio-Canada l’a questionné pour connaître ses priorités et sa perception de l’état du réseau scolaire.

Lucien Maltais prend les rênes d’une organisation en pleine construction, née des cendres du Conseil supérieur de l’éducation et de la volonté du ministre de l’Éducation Bernard Drainville de doter le Québec d’un nouvel institut « qui fera une différence dans la réussite de nos élèves ».

Les embauches à l’Institut national d’excellence en éducation (INEÉ) sont encore en cours, son budget n’est pas encore finalisé et son démarrage officiel est prévu dans quelques semaines. Toutefois, celui qui était directeur général d’un centre de services scolaire jusqu’à vendredi dernier est motivé et enthousiaste à l’idée de se consacrer à cette mission noble.

Il commence son travail en préférant voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.

Je n’ai pas cette vision d’un réseau qui est en si grande difficulté par rapport à l’opinion de certains. […] Peut-être que je suis teinté ou biaisé par mon expérience dans mon organisation [le Centre de services scolaire des Chênes, dans le Centre-du-Québec], reconnaît-il.

Est-ce qu’il y a des problématiques dans nos centres de services? Certainement. Mais les membres du personnel scolaire ont une grande compétence, sont bienveillants envers nos élèves, font tout pour que les élèves réussissent tant au niveau scolaire qu’au niveau de leur bien-être. Moi, c’est ce que je vois, confie-t-il.

Est-ce que je suis prêt à dire que le système est en déroute? Aucunement. On a un système d’éducation qui est solide.

Une citation deLucien Maltais, nouveau PDG de l’INEÉ

C’est dans cet état d’esprit que Lucien Maltais entame son mandat de cinq ans, qu’il résume ainsi : Promouvoir l’excellence des services éducatifs en mettant à l’avant-plan les pratiques efficaces, les pratiques probantes, rendre celles-ci disponibles et accompagner le personnel scolaire [dans le déploiement de ces pratiques].

Tous mes efforts seront pour la réussite de ce mandat-là, assure-t-il avec énergie et la ferme intention de collaborer avec tout le monde.

Restrictions budgétaires : le bon moment pour être excellent

Cependant, avoir la responsabilité de viser l’excellence dans le contexte actuel d’incertitude budgétaires (un réinvestissement conditionnel a récemment suivi des restrictions budgétaires majeures) où bon nombre d’acteurs du réseau crient au manque de ressources, est-ce une mission impossible, vouée à l’échec? Loin de là, répond Lucien Maltais avec aplomb.

Quel bon moment pour être encore plus excellent quand les ressources sont limitées! rétorque-t-il. L’Institut national d’excellence en éducation arrive à un bon moment pour justement outiller le personnel scolaire à faire des choix plus éclairés.

Est-ce que les contraintes budgétaires actuelles vont à l’encontre de l’excellence? La réponse est non. Au contraire, quand les ressources sont limitées, c’est une raison de plus de viser l’excellence et de mettre en place les meilleures pratiques.

Une citation deLucien Maltais, nouveau PDG de l’INEÉ

La loi 23 exige par ailleurs que l’INEÉ élabore ses recommandations en tenant compte de leurs conséquences prévisibles sur les ressources du système d’éducation.

Toutefois, cela n’empêchera pas l’Institut de brosser un portrait complet des besoins du réseau et d’être ambitieux, assure M. Maltais. Cela le forcera à proposer des solutions réalistes, précise-t-il.

Tout à fait favorable aux programmes courts en enseignement

L’INEÉ aura aussi pour mandat de formuler des avis sur les programmes de formation des futurs enseignants, récupérant ainsi certains pouvoirs du bientôt dissout Comité d’agrément des programmes de formation à l’enseignement (CAPFE).

M. Maltais est bien au fait de l’apparition récente, sous la pression du ministre Bernard Drainville, de programmes courts de 30 crédits (diplômes d’études supérieures spécialisées, DESS) qui permettent aux enseignants non légalement qualifiés de se former de manière accélérée et d’obtenir un brevet d’enseignement.

Certains acteurs du milieu universitaire décrient ces nouveaux programmes qui mettent à mal la professionnalisation et la valorisation du métier d’enseignant, en plus de fragiliser la qualité de l’enseignement, à leur avis.

Pour sa part, M. Maltais les voit plutôt d’un bon œil. Je suis tout à fait favorable [à ça] parce qu’il y a une pénurie d’enseignants dans le milieu scolaire. Il rappelle que des programmes de mentorat et d’accompagnement en insertion professionnelle existent et permettent de combler des éléments de formation que la personne n’aurait peut-être pas reçus.

La présence croissante d’enseignants non légalement qualifiés (ENLQ), en raison de cette pénurie, est certainement un phénomène à suivre et à quantifier, reconnaît-il, mais il n’est pas prêt à dire que cela entraîne une baisse de la qualité de l’enseignement dans le réseau scolaire. Je pense qu’il faut suivre les taux de réussite de nos élèves pour voir les impacts, explique-t-il.

Il salue les efforts du gouvernement et de certaines universités pour mettre des mesures en œuvre, par exemple les formations courtes, ainsi que le travail immense des organisations scolaires pour accompagner les ENLQ et pour assurer le maintien de la qualité des services éducatifs.

Rassurer le milieu de la recherche universitaire

Plusieurs voix du milieu de la formation enseignante se sont élevées depuis le dépôt du projet de loi 23 qui a consacré la création de l’INEÉ, formulant notamment des craintes au chapitre de l’expertise en recherche d’un institut dont un des mandats centraux consiste à recenser la littérature scientifique en matière de bonnes pratiques en éducation.

Lucien Maltais se veut rassurant. Il y a l’INESSS [Institut national d’excellence en santé et en services sociaux], l’INSPQ [Institut national de santé publique du Québec], le scientifique en chef, le Conseil supérieur de l’éducation [anciennement, NDLR]. On va s’inspirer de ce que ces organismes-là ont mis en place pour valider la qualité des données, des recherches scientifiques, promet-il.

On change les choses, c’est de la nouveauté. Ça peut créer des craintes. Ceux qui ont des appréhensions, peut-être qu’ils ont des choses importantes à faire valoir, puis il faut les écouter. […] J’aurai cette ouverture-là.

Une citation deLucien Maltais, nouveau PDG de l’INEÉ

Par ailleurs, il ne craint pas que son absence d’expérience dans le milieu de la recherche scientifique universitaire puisse le desservir. Il estime au contraire que son profil – il a été enseignant, directeur d’école, directeur de centre de service scolaire et de commission scolaire ainsi que président de l’Association des directions générales scolaires – facilitera la définition des besoins du réseau de l’éducation et la diffusion du travail de l’INEÉ avec ses partenaires.

Qui de mieux placé [pour ce travail-là] que quelqu’un qui a travaillé avec les enseignants, les directions, les professionnels et le personnel de soutien, autant à la formation générale des jeunes qu’à la formation professionnelle et à la formation des adultes? lance M. Maltais.

L’INEÉ à la fois indépendant et interdépendant

Dès son dépôt, le projet de loi 23 s’était attiré les critiques parce qu’il centralisait certains pouvoirs entre les mains du ministre de l’Éducation et, rapidement, l’indépendance du futur INEÉ par rapport au ministre de l’Éducation avait été remise en cause.

Comme la loi le prévoit, les membres du conseil d’administration de l’INEÉ seront choisis par le ministre de l’Éducation. Les sous-ministres de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur sont d’office observateurs (avec droit de parole, sans droit de vote) et les sujets prioritaires abordés devront être choisis en concertation avec le ministre.

L’INEÉ pourra-t-il assurer une étanchéité avec l’appareil politique dans ces circonstances? C’est une crainte qui est de mon point de vue non fondée, répond Lucien Maltais. Moi, je vois ça comme un travail d’équipe.

L’indépendance, l’INEÉ l’aura certainement. Mais il y a quand même une interdépendance avec le milieu scolaire, le ministère de l’Éducation, le ministre de l’Éducation. Si l’INEÉ travaille en silo tout seul […], je pense qu’il va courir à sa perte.

Une citation deLucien Maltais, nouveau PDG de l’INEÉ

Cette petite partie d’interdépendance avec le ministre et le dépôt d’un rapport sur les besoins du réseau scolaire tous les deux ans sont plutôt des preuves du rôle privilégié que jouera l’INEÉ, selon M. Maltais. Ça veut dire que l’INEÉ aura une place, sera écouté, aura la chance d’influencer, avance-t-il.

Devenir une référence

Le nouveau PDG se donne pour objectif, avant la fin de son mandat, en 2030, que ses travaux deviennent la référence du personnel scolaire en matière de pratiques probantes et de connaissances scientifiques.

Il se donne aussi pour défi de développer la crédibilité de sa nouvelle institution et que le réseau universitaire ait une appréciation positive du travail de l’Institut.

Pour y arriver, il martèle qu’il sera à l’écoute de tous ses partenaires, tant du réseau scolaire et universitaire que du gouvernement. Il prévoit d’ailleurs réaliser rapidement une tournée pour voir quels sont les besoins du milieu.

Si on pouvait atteindre ça, je serais satisfait à plus de 100 %. […] La réussite des élèves, c’est important. La réussite de mon organisation, c’est quelque chose aussi qui est important, conclut Lucien Maltais.

Source: Radio Canada

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