Oilers, tarifs et géopolitique : Carney fait grimper les attentes

17 juin 2025
Oilers, tarifs et géopolitique : Carney fait grimper les attentes

Assahafa.com

« Tout va s’arranger. Les Oilers vont gagner. Ça va être le meilleur G7 de tous les temps. »

La boutade lancée samedi par Mark Carney sur le parvis de sa résidence officielle était destinée à faire sourire son homologue britannique à l’aube du sommet.

Elle reflétait aussi une tendance que l’on observe chez le premier ministre depuis qu’il a pris les rênes du Parti libéral : Mark Carney place la barre très haut.

Non seulement il prédit un sommet réussi, mais il veut aussi qu’il soit mémorable.

Toutefois, bien que Mark Carney jouisse d’une bonne étoile ces derniers mois, ça ne se passe pas toujours comme il le souhaite.

Ce soir-là, devant un verre de bière dans un pub, Mark Carney a assisté avec Keir Starmer à la défaite de son équipe de hockey favorite dans le cinquième match de la série finale de la Coupe Stanley contre les Panthers de la Floride.

Pour ce qui est du Sommet du G7, on n’est encore qu’à mi-chemin : il est certainement trop tôt pour savoir s’il sera couronné de succès.

On voit toutefois déjà des embûches se dresser sur la route de Mark Carney : il semble désormais presque impossible qu’il parvienne à signer à Kananaskis un accord global avec Donald Trump pour permettre la levée des droits de douane, d’autant plus que le président américain a décidé de partir avant la fin du sommet.

Gérer les attentes

Dans son entourage, on avait pourtant fait grimper les attentes et on misait gros sur les conversations directes entre le premier ministre et le président pour dénouer l’impasse commerciale. Mark Carney lui-même avait signalé en entrevue l’importance qu’il accordait à ce tête-à-tête.

Mais lundi, son ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis Dominic LeBlanc a indiqué que, si les discussions entre les délégations se poursuivaient, il n’était pas naïf quant au progrès qu’il reste à faire. En d’autres mots : à moins d’un dénouement inespéré, les chances pour que le différend soit réglé au cœur des Rocheuses albertaines paraissent minimes.

Dans un communiqué diffusé plus tard par le bureau du premier ministre, on signale que les dirigeants ont convenu de poursuivre les négociations en vue d’un accord dans les 30 jours.

Les canaux de communications restent donc ouverts, mais Mark Carney aurait préféré que ce soit déjà réglé.

Il n’a pourtant ménagé aucun effort pour y arriver : il a forgé avec le président une relation personnelle au moyen de coups de fil et de textos. Ses ministres ont multiplié les allers-retours entre Ottawa et Washington pour faire avancer les discussions. Il s’est montré prêt à accorder à Donald Trump des victoires stratégiques, comme une participation du Canada au « Dôme d’or ».

Aussi préparé soit-il, le premier ministre se bute à un président qui croit aux tarifs douaniers comme à une religion. Lundi, Donald Trump s’est lui-même qualifié de tariff person, comme s’il s’agissait d’un trait de personnalité qu’on ne pouvait changer.

Je suis un gars de droits de douane. J’ai toujours été un gars de droits de douane. C’est simple. C’est facile. C’est précis, et ça va juste très vite.

Difficile de plaider en faveur des faits, quand l’opinion de Donald Trump sur le protectionnisme s’apparente à une croyance.

Amadouer la bête

Dans ses interactions avec le président, Mark Carney a toutefois l’immense avantage de pouvoir tirer des leçons de ceux qui l’ont précédé.

Le premier ministre a compris que l’affrontement direct avec le président risque seulement de le braquer davantage. Il tente donc de l’amadouer.

Au premier jour du sommet, Mark Carney a encensé Donald Trump deux fois plutôt qu’une devant les caméras. Le G7 n’est rien sans le leadership des États-Unis, sans votre propre leadership, a-t-il déclaré en marge de son tête-à-tête avec le président.

Un peu plus tard, en compagnie des autres leaders du G7 rassemblés autour d’une table ronde, il a de nouveau dirigé ses compliments vers lui. La nostalgie n’est pas une stratégie, a-t-il lancé. Nous devons changer avec l’époque pour construire un monde meilleur. Certains d’entre vous, comme vous, monsieur le président, ont anticipé ces changements et prennent des mesures audacieuses pour y faire face.

La flatterie semble plaire au président, mais on ignore si la bonne entente manifeste des deux dirigeants se concrétisera par l’accord global tant espéré par Ottawa.

La mesure du succès de Mark Carney pour conclure au meilleur Sommet du G7 de tous les temps ne se limite évidemment pas à ses relations bilatérales avec les Américains. Saura-t-il colmater les lignes de faille des pays membres sur la guerre en Ukraine? Participera-t-il à un plan de match pour apaiser les tensions au Moyen-Orient? Parviendra-t-il à diversifier les marchés canadiens auprès des pays émergents qu’il a invités?

À ce point-ci, tous les espoirs demeurent permis, en théorie.

Il reste au moins une partie aux Oilers dans cette série finale de la Coupe Stanley et une journée de discussions au Sommet du G7.

On saura mardi soir si l’équipe d’Edmonton peut toujours aspirer à la victoire.

Et si le sommet de Kananaskis aura été le meilleur G7 de tous les temps.

Source: Radio Canada

Derniers articles
Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu et les annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de médias sociaux, de publicité et d'analyse.
j'accepte!