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Mark Carney va réunir les membres de son Cabinet mardi matin pour discuter des tarifs de 35 % annoncés par le président des États-Unis, Donald Trump, selon une source proche du premier ministre.
Au cours des négociations commerciales actuelles avec les États-Unis, le gouvernement canadien défend sans relâche nos travailleurs et nos entreprises. Nous continuerons à le faire alors que nous travaillons en vue de la date limite révisée du 1er août
, indique cette même source.
Elle ajoute que le premier ministre convoquera une réunion des premiers ministres le 22 juillet à l’occasion du Conseil de la fédération organisé par le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, à Hunstville.
Une source gouvernementale haut placée précise pour sa part que le Canada a été pris par surprise par cette nouvelle menace tarifaire : Ottawa ignorait que la lettre de M. Trump à M. Carney annonçant ces nouveaux tarifs s’en venait.
Cependant, avec M. Trump, on s’attend toujours à l’improbable et à l’inattendu
, ajoute cette source.
Les équipes de négociations se sont rencontrées hier, et les discussions se poursuivent, selon nos informations. La date butoir pour parvenir à un accord commercial, initialement fixée au 21 juillet, est maintenant repoussée au 1er août.
Intimidation
Réagissant à cette nouvelle menace tarifaire, la première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, assure que son gouvernement travaillera à protéger les entrepreneurs et les travailleurs […] qui font tourner notre économie, et [à] appuyer leurs efforts afin de faire connaître leurs produits de classe mondiale à de nouveaux partenaires commerciaux à l’échelle internationale.
Pour sa part, le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, dénonce l’intimidation
de l’administration Trump.
Nous continuerons à travailler plus dur pour acheter des produits locaux, trouver de nouveaux partenaires commerciaux et supprimer les barrières commerciales internes qui nous ont freinés par le passé.
Craintes chez les manufacturiers
L’annonce de M. Trump suscite aussi beaucoup de craintes chez les manufacturiers et les chambres de commerce du Québec.
En entrevue à D’abord l’info, Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec, évoque un choc brutal pour les exportateurs
de la province.
Elle s’adresse aux premiers ministres Mark Carney et François Legault et leur demande de revoir les leviers sur lesquels ils ont du contrôle pour s’assurer de soutenir notre économie et nos entreprises
.
Mme Proulx estime que la stratégie du premier ministre fédéral est la bonne. Plutôt que de réagir de façon intempestive comme le fait le président Trump, [Mark Carney] poursuit la négociation.
Toutefois, la PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec demande au premier ministre de ne pas céder sur la question de la gestion de l’offre
.
Contrats publics et contenu local
Il faut revenir à ce sur quoi on a du contrôle, ici au Québec, au Canada
, insiste Mme Proulx, qui cite l’exemple des contrats publics et l’importance d’avoir des clauses de contenu local
.
Que nos entreprises qui produisent ici aient accès aux contrats d’ici.
Elle propose également d’accélérer l’exploitation des projets miniers et des ressources naturelles et d’investir dans les infrastructures de transport
, poursuit Mme Proulx.
Cela aura pour effet de favoriser la diversification des marchés d’exportation, selon elle.
Les États-Unis ont besoin de notre aluminium, ils ont besoin de notre cuivre, ils ont besoin de nos ressources naturelles.
Réduire la dépendance au marché américain
En même temps, il faut travailler à réduire notre dépendance au marché américain et envoyer un signal clair et fort à nos entreprises : on veut les garder au Canada
, ajoute Véronique Proulx.
Julie White, PDG de Manufacturiers & Exportateurs du Québec (MEQ), abonde dans le même sens en décrivant une situation difficile pour les entreprises québécoises.
Le Canada doit continuer à négocier
, dit-elle, rappelant que ce n’est pas tout ce qui a été annoncé qui a été appliqué
par l’administration Trump.
En entrevue à l’émission D’abord l’info, Mme White souligne la façon dont cette incertitude [nuit à l’ensemble des] relations commerciales avec les partenaires américains et l’économie régionale
.
Aujourd’hui, des entreprises qui faisaient affaire aux États-Unis se voient refuser des contrats. Il y a beaucoup d’incertitudes. Des projets d’investissements sont sur pause actuellement et plus ça dure, plus on aura des difficultés à maintenir l’économie régionale.
Cette situation change la structure des prix pour les entreprises, explique Mme White.
En mai, on a fait un sondage auprès de nos membres. La hausse des coûts de production est déjà visible sur les entreprises, notamment à cause de l’acier et l’aluminium. C’est clair qu’il y a un impact, notamment sur les liquidités des entreprises
, affirme-t-elle.
Si on arrive avec des tarifs de 35 % au 1er août, c’est sûr que c’est un scénario catastrophe pour beaucoup d’entreprises.
Les annulations de contrats et l’augmentation des coûts de production, on est déjà dans cette situation
, conclut Mme White.
Source: Radio Canada