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L’engagement du premier ministre Mark Carney à reconnaître un État palestinien au Canada suscite des réactions mitigées chez les Canadiens ayant de la famille au Moyen-Orient.
Omar Mansour, de Victoria, se dit encouragé par l’annonce de M. Carney, mais estime que le Canada doit en faire davantage pour aider les personnes qui tentent de fuir la bande de Gaza, où les travailleurs humanitaires signalent une famine dans ce territoire ravagé par la guerre.
C’est une grande avancée, mais ce n’est qu’une déclaration, a-t-il dit. J’ai l’habitude de voir le gouvernement canadien faire des déclarations sans agir. »
Mark Carney a annoncé mercredi que le Canada avait l’intention de reconnaître un État palestinien aux Nations Unies en septembre, à condition que l’Autorité palestinienne tienne des élections l’année prochaine. Le président français Emmanuel Macron s’est également engagé à reconnaître l’État de Palestine à l’Assemblée générale des Nations Unies.
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a quant à lui annoncé mardi que le Royaume-Uni reconnaîtrait l’État de Palestine, mais qu’il s’abstiendrait si Israël acceptait un cessez-le-feu et un processus de paix à long terme dans les huit prochaines semaines.
M. Mansour dit avoir de la famille à Gaza qui attend depuis plus d’un an que le Canada approuve ses visas. Sa famille au pays est dans un état lamentable, dit-il.
Son frère pourrait mourir d’une maladie cardiaque à tout moment, et son père de 75 ans n’a pas mangé depuis des jours, car il s’obstine à donner la nourriture qu’il trouve à ses nièces et neveux.
Il raconte que sa sœur a réussi à fuir en Égypte grâce à l’aide de l’Organisation mondiale de la santé et suit une chimiothérapie pour un cancer.
« Si j’avais attendu que le gouvernement canadien intervienne, elle serait déjà morte », a expliqué M. Mansour.
Ils ne peuvent pas rejoindre le Canada, car les agents d’immigration exigent des données biomédicales des demandeurs. Or, les empreintes digitales et les photos ne peuvent être recueillies qu’en personne dans les bureaux d’immigration canadiens situés ailleurs au Moyen-Orient. En l’absence de tels bureaux à Gaza, beaucoup restent dans l’incertitude.
La Montréalaise Raquel Ohnona Look, mère d’un homme de 33 ans tué par des militants du Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023 au festival de musique Supernova, près de la frontière entre Gaza et Israël, se dit trahie par Mark Carney.
Son fils, Alexander Look, a été abattu par le Hamas lors de cette attaque brutale.
« Ce n’est pas acceptable ; cela nous discrédite. Cela légitime le terrorisme », a-t-elle dit en entrevue jeudi.
Des groupes représentant la communauté juive du Canada ont exprimé leur indignation face à l’annonce de Mark Carney. Le Conseil communautaire juif de Montréal s’est dit « profondément consterné » par la décision du premier ministre, l’appelant à revenir sur sa décision.
Cette décision est à la fois malavisée et profondément dangereuse. Elle est ancrée non pas dans la réalité, mais dans le théâtre politique », a expliqué le rabbin Saul Emanuel, directeur général du Conseil, dans un communiqué de presse.
Entre-temps, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient, un groupe de défense montréalais, s’est dit préoccupé par le fait que Mark Carney impose des conditions à la reconnaissance d’un État palestinien. Il a suggéré que le Canada fasse davantage pour tenir le gouvernement israélien responsable de son rôle dans le conflit.
« Mark Carney ne devrait pas jouer les faiseurs de rois en Palestine, a expliqué Jason Toney, porte-parole du groupe de défense. Appeler à des élections tout en dictant qui peut y participer est une parodie de démocratie. Ce sont les Palestiniens, et non les puissances étrangères, qui doivent décider de leur avenir. Le rôle du Canada devrait être de soutenir des élections véritablement justes et libres. »
Le Canada appelle depuis longtemps à une solution à deux États – un État palestinien qui coexisterait en paix avec Israël. Depuis des années, Ottawa laisse entendre que cela interviendrait à l’issue de négociations de paix entre les dirigeants palestiniens et israéliens.
Mark Carney a indiqué qu’il était « nécessaire » pour le Canada d’agir et qu’il avait « la capacité d’influencer » la situation en partenariat avec ses alliés.
Source: la presse