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Le Bloc québécois réclame que le gouvernement libéral de Mark Carney scinde son projet de loi C-5 afin de pouvoir étudier séparément le volet sur les barrières interprovinciales, qui pourrait faire consensus, de celui sur les grands projets que le Cabinet fédéral juge d’intérêt national et pour lequel on ne peut pas en dire autant.
Dans une lettre transmise lundi au leader du gouvernement à la Chambre des communes, Steven MacKinnon, la leader parlementaire bloquiste, Christine Normandin, explique qu’une telle approche permettrait de faire cheminer plus rapidement
la section qui traite du commerce et de la main-d’œuvre.
En revanche, sous sa forme actuelle, le volet de C-5 que votre gouvernement intitule « Loi visant à bâtir le Canada » risque de freiner l’adoption d’autres mesures pourtant importantes dans le contexte actuel d’incertitude économique
, prévient Mme Normandin.
Les libéraux de M. Carney ont déposé vendredi ce projet de loi phare qui a été baptisé Loi sur l’unité de l’économie canadienne
. Il vise à éliminer les barrières commerciales intérieures en reconnaissant les règles provinciales et territoriales sur le plan fédéral et à alléger les formalités administratives pour les grands projets.
Il doit également faire avancer la réalisation des projets d’édification de la nation
, considérés par Ottawa comme essentiels pour stimuler la croissance de la productivité du Canada.
En point de presse dans le foyer de la Chambre des communes, le porte-parole bloquiste en matière d’environnement, Patrick Bonin, a fustigé la proposition des libéraux.
On voit le gouvernement qui veut se doter de super pouvoirs, des pouvoirs possiblement jamais vus au niveau de l’accélération, de l’approbation de projets pétroliers et gaziers, et de l’affaiblissement des protections environnementales et des protections de santé.
M. Bonin s’est dit énormément
inquiet et craint que des lobbyistes derrière des portes closes
fassent progresser des projets sans que la population ait son mot à dire. Selon lui, Ottawa déroule carrément le tapis rouge
à l’industrie pétrolière et gazière.
À ses côtés, Mme Normandin a noté que, bien que M. Carney ait déclaré que les provinces auraient un droit de veto sur l’inscription d’un projet qui passerait par leur territoire, ce n’est pas mentionné dans le texte législatif présentement sur la table. On sait que les écrits, c’est ce qu’il reste au-delà des paroles
, a-t-elle envoyé, insistant que le projet de loi permet de faire le contraire de ce que dit le premier ministre
.
Nous avons besoin d’un pipeline
Au même micro, quelques heures plus tard, le chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré aux journalistes que, contrairement à Mark Carney, il ne croit pas que toutes les provinces sur le tracé d’un projet doivent donner leur accord pour que celui-ci aille de l’avant.
Non! […] Nous avons besoin d’un pipeline. En fin de compte, si on attend que tout le monde donne son accord, rien ne sera construit
, a-t-il déclaré en commentant l’exemple d’un éventuel litige entre l’Alberta et la Colombie-Britannique.
La Presse canadienne a tenté de tirer au clair s’il forcerait le passage d’un tel tuyau dans le cas du Québec, mais le chef conservateur a tourné les talons après avoir répondu à cinq questions.
Le Bloc a fait savoir qu’il considérerait comme une branche d’olivier
que sa demande de scission soit acceptée. Il serait en mode constructif
advenant que les libéraux veuillent repousser l’ajournement vers l’été de manière à respecter leur engagement de campagne d’avoir du libre-échange au Canada d’ici à la fête du Canada
.
Leur leader parlementaire a évoqué que, par exemple, moins de bloquistes pourraient se lever en Chambre pour débattre d’un éventuel projet de loi qui ne traiterait que des barrières interprovinciales.
Mme Normandin a à nouveau présenté sa demande lors de la période des questions. Tour à tour, la ministre des Transports et du Commerce intérieur, Chrystia Freeland, et le leader parlementaire libéral, Steven MacKinnon, ont contourné la question.
C-5 est une réponse à une crise économique, une crise provoquée par nos voisins du sud. […] Et voici la réponse dont le mandat a été sollicité en campagne électorale.
Et face aux reproches de M. Bonin, qui s’est levé pour accuser les troupes de Mark Carney d’être du pareil au même par rapport à celles des conservateurs de Pierre Poilievre, la ministre de l’Environnement, Julie Dabrusin, lui a répondu que les libéraux, eux, visent à bâtir un Canada fort tout en protégeant l’environnement.
Source: Radio Canada