« Impasse totale » dans les négociations avec les médecins

18 août 2025
« Impasse totale » dans les négociations avec les médecins

Assahafa.com

La « guerre nucléaire » se prépare avec les médecins de famille, nous confirme une source près des négociations entre Québec et les omnipraticiens.

Est-ce vraiment nouveau, vous vous demanderez? Oui. Parce qu’à ce moment-ci, on nous rapporte que c’est carrément « l’impasse totale » à la table de négociation. Personne n’a claqué la porte, les canaux de communication ne sont pas rompus, mais les discussions sont aussi gelées qu’un vieux popsicle oublié l’été dernier dans le congélateur.

Publiquement, la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) répète le même message : Québec doit abandonner son projet de loi qui lie leur rémunération à leur performance. Le ministre Christian Dubé, lui, répète sur toutes les tribunes que sa législation va donner plus d’accès aux patients.

Si vous pensez que c’est le jeu de la négociation où chacun use de stratégies pour amener l’autre à faire des concessions afin de gagner la bataille de l’opinion publique, ce n’est pas tout à fait le cas.

Christian Dubé est déterminé. Il ne s’agit pas d’un levier de négociation. Son projet de loi 106 doit être adopté. Santé Québec lui met de la pression pour le faire. C’est sa clé pour réformer le mammouth une bonne fois pour toutes.

On se retrouve ainsi dans une situation explosive où la Santé sape tous les efforts du Conseil du Trésor pour poursuivre les négociations.

Plusieurs sources nous ont expliqué comment les choses se déroulent à la table actuellement, tant du côté gouvernemental que des fédérations de médecins. Des sources qui ne veulent pas qu’on les nomme, mais qui nous confirment que, même si les parties se parlent encore, rien ne progresse.

Le Conseil du Trésor entre l’arbre et l’écorce

Ce projet de loi, qui vise entre autres à lier jusqu’à 25 % de la rémunération des médecins de famille à des indicateurs de performance, a pour effet de couper l’espace de négociation. D’autant plus que Québec exige une performance collective aux omnipraticiens. Ensemble, ils doivent atteindre la cible, qu’importe le nombre de patients que chacun prend en charge individuellement.

Le Conseil du Trésor se retrouve entre l’arbre et l’écorce, nous explique l’un de nos informateurs qui représentent les médecins. Christian Dubé nuit à Sonia LeBel avec son projet de loi. Elle est bloquée. Ça ruine tous les efforts des derniers mois avec le Conseil du Trésor.

Avec sa pièce législative, le ministre et tous ses successeurs pourraient grosso modo décréter les salaires et les conditions de pratique des médecins. Que restera-t-il à négocier à l’avenir? Pas grand-chose.

Le ministre se donnerait le pouvoir réglementaire d’imposer les indicateurs de performance et les pénalités, puis de les modifier comme il le veut, même si la convention collective est signée.

Il n’y aura donc jamais d’entente de principe entre les médecins et le gouvernement Legault, pensent nos sources, tant que le projet de loi demeure tel quel. L’os est beaucoup trop gros.

Et quoi alors?

Est-ce que le ministre Dubé pourrait adopter son projet de loi, mais s’engager à suspendre son application pour la durée de la convention collective si les médecins le convainquent qu’ils vont prendre en charge plus de patients? Pas question, disent les omnipraticiens.

Tout porte à croire qu’il faudrait des engagements majeurs de la part des médecins pour persuader Christian Dubé de lâcher le morceau… Avec l’appui de son premier ministre, il semble bien décidé à en découdre avec les fédérations médicales qu’il se plaît à renommer les syndicats de médecins.

La FMOQ se dit favorable à des indicateurs de performance basés sur la qualité des soins, mais pas sur la quantité de patients traités. Elle accepte de revoir le mode de rémunération pour que les médecins cessent d’être payés à l’acte. Les omnipraticiens recevraient plutôt un montant annuel fixe pour chacun des patients inscrits sur leur liste. C’est ce qu’on appelle la capitation. Ces compromis ne suffisent visiblement pas.

Les représentants des médecins de famille réclament un arbitrage. Mais en coulisses, ils sont tellement contrariés par le projet de loi qu’ils seraient rendus à dire aux négociateurs du gouvernement : Imposez-le! Et ils répondront par la bouche de leurs canons : bonjour les contestations judiciaires!

La FMOQ reste assise autour de la table de négociation, même si le premier ministre François Legault a affirmé la semaine dernière qu’elle refuse de s’asseoir.

Ses négociateurs ont fait acte de présence à toutes les rencontres prévues durant l’été. Mais leurs oreilles étaient bouchées, et elles le resteront tant et aussi longtemps que le projet de loi 106 ne sera pas déchiré.

Source: Radio Canada 

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