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Six mois après en avoir fait la menace, le gouvernement du Nouveau-Brunswick n’a annulé aucune entente avec des entreprises des États-Unis.
La première ministre Susan Holt avait menacé en février de riposter aux tarifs douaniers en annulant des ententes existantes avec des fournisseurs américains.
On va regarder si on peut remplacer d’autres contrats avec une option canadienne
, disait-elle à ce moment-là.
Toutefois, Susan Holt avait prévenu que si une option équivalente canadienne n’était pas accessible ou si l’annulation était trop contraignante, la province maintiendrait ses liens avec des entreprises américaines.
Fredericton avait réitéré cette position en mars, mais aucun contrat n’avait encore été annulé (nouvelle fenêtre), la province disait toujours en être à l’étude des possibilités. La semaine dernière, le porte-parole de Service NB, Mark Taylor, a confirmé que la situation était toujours la même.
11 millions $ en nouveaux contrats
La signature de nouveaux contrats avec des entreprises américaines est limitée depuis février 2025,
indique la province.
Quarante-six ententes totalisant 11 millions de dollars ont été signées depuis le début du conflit commercial. Cela ne représente qu’un pour cent du total des marchés publics passés pendant cette période
, précise un porte-parole de la province.
Plusieurs de ces contrats concernent des services informatiques dont les alternatives sont rares, indique-t-on.
On peut citer comme exemple la licence d’exploitation des principaux systèmes d’information cliniques dans les hôpitaux
, peut-on lire.
Plus tôt ce mois-ci, la première ministre avait dû se porter à la défense d’Énergie NB qui avait signé un contrat avec une entreprise américaine pour construire et opérer une centrale au gaz naturel.
Après l’avoir menacé, la Nouvelle-Écosse a déchiré deux contrats totalisant 130 600 $ avec des entreprises américaines en avril.
Une option sérieusement envisagée?
L’opposition est perplexe et se demande si la province était sérieuse lorsqu’elle a brandi cette menace.
Megan Mitton du Parti vert et Glen Savoie du Parti progressiste-conservateur s’accordent pour dire que l’annulation d’un contrat ne doit pas être faite à la légère et que cela doit être envisagé seulement si on ne compromet pas de services.
Mais j’imagine qu’il y a des contrats qui ne sont pas dans ces catégories, alors je suis curieuse d’en savoir davantage
, indique Megan Mitton.
Glen Savoie demande à la province de dévoiler les efforts entrepris à la suite de cet engagement. Est-ce qu’ils ont travaillé dur réellement avec ça?
, se demande-t-il.
Plus facile à dire qu’à faire
Stéphanie Collin, experte des questions de santé et d’administration publique à l’Université de Moncton, ne s’étonne pas qu’aucun contrat n’ait été abrogé.
En février, il y avait un élan patriotique
et un désir de montrer qu’on était engagé
dans le conflit commercial, fait-elle remarquer.
Mais lorsqu’on arrive à la table à dessin, c’est pas mal plus compliqué d’annuler les contrats.
Elle souligne qu’il est bien possible que l’administration provinciale se soit habituée à fonctionner avec certaines entreprises et leurs chaînes logistiques.
Se tourner vers d’autres fournisseurs pourrait signifier de reconstruire ce système, ce qui entraînerait des coûts. Il y avait peut-être un certain équilibre qui existait et qu’on ne voulait pas endommager
, croit Mme Collin.
Dans le contexte où les appels à l’achat local se multiplient, il est tout à fait légitime pour les citoyens de se demander quels sont les efforts que mène le gouvernement à l’égard de cette guerre tarifaire
, ajoute-t-elle.
Source: Radio Canada