De nouveaux pipelines, même sans le Québec, selon Danielle Smith

4 juin 2025
De nouveaux pipelines, même sans le Québec, selon Danielle Smith

Assahafa.com

La première ministre de l’Alberta considère qu’elle n’a pas besoin du Québec pour que de nouveaux pipelines voient le jour au Canada. Danielle Smith estime avoir d’autres options pour exporter son pétrole. La donne a changé avec l’arrivée de Mark Carney et elle veut donner une chance au coureur.

Q. À la sortie de la réunion des premiers ministres avec Mark Carney, Doug Ford a parlé de la meilleure rencontre des 10 dernières années. Vous êtes même prête à lui donner une chance. C’est un changement de ton qui tranche avec l’ère Trudeau. Qu’est-ce qui explique votre changement d’attitude avec l’arrivée de Mark Carney?

Danielle Smith : Son prédécesseur voulait laisser les sables bitumineux dans le sol. Il avait un ministre de l’Environnement qui parlait de l’élimination progressive du pétrole et du gaz. Vous pouvez vous imaginer que j’avais un certain scepticisme face au changement puisque bon nombre des mêmes ministres sont autour de la table. Mais il semble y avoir un réel changement de ton.

La personne qui dirige, cette fois, n’est pas un éco-extrémiste comme Steven Guilbeault.

Une citation deDanielle Smith, première ministre de l’Alberta

Nous avons maintenant un premier ministre qui parle très différemment. Quand — après de multiples questions de médias différents — il a dit, oui, je parle de pipelines de pétrole, oui, je parle d’un pipeline vers la côte nord-ouest, oui, je parle de bitume, cela m’indique qu’il comprend la valeur de nos produits. Je pense que c’est un grand changement.

Q. Certaines provinces émettent des doutes quant à la nécessité de nouveaux pipelines. La Colombie-Britannique n’en veut pas sur son territoire et le Québec veut attendre d’avoir un projet concret pour pouvoir l’évaluer. Pouvez-vous les contourner?

D’abord, je pense que nous devrions aspirer à ce que le Québec construise également des pipelines, car ils ont des ressources en gaz naturel qui leur seraient bénéfiques. À l’heure actuelle, le Québec dépend à 100 % de l’approvisionnement américain. Ils pourraient être autosuffisants. Et en plus de cela, ils pourraient développer un terminal d’exportation de GNL et exporter vers les alliés en Europe. Donc, de manière ambitieuse, j’espère que le Québec serait intéressé par le développement d’un pipeline. Et s’ils veulent le connecter à un pipeline de gaz naturel venant de l’Ouest canadien, cela ne ferait que renforcer notre capacité à alimenter ces marchés d’exportation.

Il y a plus d’une façon d’éplucher une pomme de terre.

Une citation deDanielle Smith, première ministre de l’Alberta

Cela dit, nous pouvons faire le projet sans eux. Il s’avère que les premiers ministres de l’Ouest sont très unis derrière l’idée d’un projet port à port à port, c’est-à-dire de relier par le nord ceux de Prince Rupert en Colombie-Britannique de Grays Bay au Nunavut et de Churchill au Manitoba. Si on peut construire jusqu’à Churchill et passer par la baie d’Hudson, obtenir des brise-glaces, on a plus besoin d’utiliser les provinces côtières pour construire des pipelines. On peut monter, passer par-dessus et alimenter ces raffineries sur la côte est, ainsi que se rendre en Europe.

Je souhaite travailler avec les provinces qui veulent travailler avec nous. Alors, concentrons-nous sur ce qui est possible.

Q. Les effets des changements climatiques sont tangibles pour les Canadiens ces jours-ci avec les feux de forêt. Est-ce que c’est un bon moment pour parler de nouveaux pipelines? Est-ce que ça ne risque pas de susciter davantage d’inquiétudes?

De notre côté, nous n’avons jamais parlé d’éliminer progressivement le pétrole et le gaz, mais plutôt de travailler à l’élimination progressive des émissions. Les émissions sont ce qui devrait nous préoccuper. Par exemple, l’un des principaux produits fabriqués à partir d’un baril de pétrole lourd est l’asphalte. Donc, si vous avez un bitume décarbonisé et que vous l’utilisez pour construire des routes, vous ne le brûlez pas. Et donc, il a une faible empreinte carbone. Il serait ridicule de parler d’élimination progressive du pétrole, tout aussi ridicule que de parler d’élimination progressive de l’acier ou du ciment. Et c’est ce que nous essayons de faire comprendre aux gens.

Q. Le mouvement séparatiste en Alberta fait parler de lui par les temps qui courent. Des critiques vous accusent de l’utiliser à des fins politiques. Est-ce que le changement de ton du gouvernement fédéral avec l’arrivée de Mark Carney va refroidir les ardeurs des partisans d’une Alberta souveraine?

Le sentiment séparatiste diminue quand Ottawa traite l’Alberta équitablement. C’est ce qui s’est passé sous Brian Mulroney et c’est arrivé à nouveau avec Stephen Harper. La balle est dans le camp de Mark Carney pour qu’il s’attaque aux problèmes et aux doléances des 10 dernières années afin que nous puissions avancer ensemble sur des projets d’intérêt et de bénéfice mutuel.

C’est ce à quoi je travaille. J’ai toujours parlé d’une Alberta souveraine au sein d’un Canada uni. Je pense que nos aspirations en Alberta ressemblent beaucoup à celles du Québec dans le sens où le gouvernement fédéral doit laisser les provinces décider seules ce qui relève de leurs champs de compétence. En Alberta, les problèmes sont un peu différents, alors qu’au Québec, c’est davantage autour de la culture et de la langue. En Alberta, c’est à propos de la prospérité.

Source: Radio Canada

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