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Après trois joutes oratoires quasi sans histoire, Karl Blackburn et Charles Milliard ont jeté les gants contre Pablo Rodriguez au quatrième débat de la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ).
« Ça a pris quatre débats pour qu’on commence à se dégeler ! », a observé le candidat Marc Bélanger alors que quelques flèches fusaient. « J’ai hâte au prochain débat ! », a ajouté l’avocat et fiscaliste, provoquant l’hilarité générale chez les militants réunis dans un théâtre de l’Université Laval à Québec, jeudi soir.
Pablo Rodriguez s’est attiré les foudres de ses adversaires en raison de son passé comme ministre du gouvernement Trudeau à Ottawa. Le sujet était effleuré jusqu’ici ; il a été abordé de front cette fois.
« Pablo, tu as défendu plus souvent les politiques d’Ottawa à Québec que les politiques du Québec à Ottawa ! », a lancé Karl Blackburn, ancien député et directeur général du PLQ. Sa sortie lui a valu quelques huées de la part des partisans de M. Rodriguez dans l’assistance.
« C’est très mal me connaître, Karl », a répliqué M. Rodriguez du tac au tac. « Je me suis toujours tenu debout pour le Québec. Je me tiendrai toujours debout. Je n’ai pas de leçons à recevoir. »
Ce débat avait pour thème les services publics. Les cinq candidats étaient unanimes pour dénoncer le gouvernement de François Legault qui a « brisé le contrat social », alors que les citoyens n’ont pas accès à des services de qualité pour les impôts et les taxes qu’ils paient.
Charles Milliard a fait passer un petit quiz à Pablo Rodriguez qui faisait valoir son expérience pour se présenter comme la personne toute désignée en vue d’améliorer la qualité des services. « C’est quoi, selon toi, le rôle du fédéral en santé et en éducation ? », lui a-t-il demandé. « Appuyer le travail des provinces », a répondu M. Rodriguez. « La réponse, c’est : rien », a répliqué M. Milliard, laissant entendre que le gouvernement Trudeau a empiété sur les champs de compétence des provinces.
« Le gouvernement fédéral joue un rôle, il a toujours joué un rôle. Tu dis qu’il ne doit pas en jouer un ? », a plaidé l’ancien ministre fédéral. Ce à quoi Charles Milliard a répondu qu’« il faut retourner à l’essence du Canada ».
L’agriculteur Mario Roy s’est également permis des critiques contre Pablo Rodriguez, reprochant au « gouvernement Trudeau-Rodriguez » d’avoir « détruit notre économie ».
En point de presse, Charles Milliard a expliqué qu’il a voulu « conscientiser les militants libéraux qu’il est grand temps que le Canada redevienne ce qu’il doit être, c’est-à-dire des provinces souveraines dans des champs de compétence et des services en commun au niveau du gouvernement fédéral. Dans les 10 dernières années, dans le gouvernement dont a fait partie Monsieur Rodriguez, il y a eu errance là-dedans ».
Karl Blackburn a reproché à Pablo Rodriguez de « parler beaucoup du gouvernement fédéral » lors des débats en disant qu’il a « fait ci et ça » au Parti libéral du Canada. « Il semble s’ennuyer du PLC », a-t-il pesté. « Moi, j’ai toujours eu une seule famille politique, c’est le Parti libéral du Québec. »
Pablo Rodriguez a balayé d’un revers de main les critiques de ses adversaires, plaidant entre autres qu’il a « plusieurs atouts » pour négocier avec le fédéral. Il connaît bien son « fonctionnement ». Ainsi, obtenir d’Ottawa une hausse des transferts en santé, « c’est ce que je vais faire comme job » advenant une prise du pouvoir en 2026, a-t-il répondu en point de presse. « J’ai la compréhension, j’ai la connaissance et j’ai les contacts » à Ottawa pour y arriver, a-t-il ajouté. « Je connais bien la plupart des membres du Cabinet [Carney], ils me connaissent aussi. »
Le sujet était incontournable à Québec : le troisième lien. Charles Milliard et Karl Blackburn se sont prononcés en faveur d’un projet autoroutier, même si le caucus libéral s’y oppose. Pablo Rodriguez opte pour un tunnel destiné au transport collectif, comme l’a suggéré CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Pablo Rodriguez compte arrêter la croissance du nombre de fonctionnaires. « Et il faut éventuellement être capable de faire plus avec moins, ça, c’est clair », a-t-il indiqué. Il a suggéré de rouvrir des CLSC et d’améliorer ceux qui sont existants.
Pharmacien de formation, Charles Milliard a plaidé pour un meilleur accès à la télémédecine.
Karl Blackburn a promis d’« améliorer les services à coût nul », tout en proposant d’augmenter de 1500 le nombre de médecins et de créer 60 groupes de médecine de famille (GMF).
Tous les candidats s’entendent pour faire de l’éducation la priorité. Ils se sont montrés favorables à des États généraux sur l’éducation, une commission Parent 2.0 ou encore un sommet national sur la question.
Source: la presse
