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En visite officielle à Rome, Abdelmadjid Tebboune a revendiqué le soutien de l’Italie au droit à l’autodétermination du «peuple sahraoui». Sauf que le texte officiel ne fait aucune mention de cette position, révélant un embarrassant mensonge du chef de l’Etat voisin. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.
Le dernier déplacement d’Abdelmadjid Tebboune en Italie tourne au camouflet diplomatique.
Alors qu’il affirmait depuis Rome que l’Italie soutenait sans réserve le «droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination», le communiqué officiel publié à l’issue de la cinquième session du sommet intergouvernemental italo-algérien apporte un sérieux démenti à cette version des faits, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 25 juillet.
À l’issue des discussions, la cheffe de l’Exécutif Giorgia Meloni et le président algérien ont tenu des déclarations résumant les principaux dossiers évoqués. Fidèle à ses habitudes, Tebboune s’est empressé de vanter une convergence totale entre Alger et Rome sur plusieurs questions politiques sensibles, à commencer par le dossier du Sahara.
Dans ses propos, Tebboune a assuré que l’Italie soutenait «les efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution politique juste, conformément au droit international, permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination».
Mais la réalité est bien moins flatteuse pour le narratif algérien. Le texte du communiqué conjoint, diffusé par la présidence du Conseil italien, est sans équivoque. Le point 29 est précis. «Concernant le Sahara occidental, les deux parties réaffirment leur soutien aux efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, pour relancer les négociations directes et parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations unies et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité», lit-on.
Nulle mention explicite, donc, d’un quelconque droit à l’autodétermination, pourtant martelé par Tebboune. Plus encore, Giorgia Meloni, lors de sa conférence de presse, a soigneusement évité d’évoquer le dossier saharien, préférant insister sur les crises au Sahel et en Libye.
Cette mise au point n’est pas anodine. L’Italie a déjà affirmé par le passé sa position équilibrée sur ce dossier. En juillet 2023, lors d’un entretien entre le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, et son homologue italien Antonio Tajani, Rome avait salué «les efforts sérieux et crédibles» du Maroc pour parvenir à une solution réaliste, durable et mutuellement acceptable, conformément à la résolution 2654 du Conseil de sécurité adoptée en octobre 2022, texte que l’Algérie avait rejeté, rappelle Al Ahdath Al Maghribia.
À travers cette nouvelle séquence, l’Italie confirme donc sa ligne: soutenir le processus onusien et encourager toutes les parties à s’engager de bonne foi dans une démarche pragmatique, fondée sur l’esprit de compromis. Pour Alger, la désillusion est double. Non seulement le président Tebboune se trouve contredit noir sur blanc par un document qu’il a pourtant lui-même signé, mais il s’expose aussi à une véritable entorse aux usages diplomatiques en tenant un discours public en contradiction flagrante avec un engagement officiel. Un mensonge qui transforme ce qui devait être une opération de charme en Europe en un embarras diplomatique retentissant.
Source: le360