Le bras de fer est loin d’être fini

23 août 2024
Le bras de fer est loin d’être fini

Assahafa.com

Les travailleurs ferroviaires n’ont pas dit leur dernier mot alors que l’intervention d’Ottawa pour relancer les deux grands chemins de fer est analysée par un tribunal indépendant. Ils veulent pouvoir forcer un autre arrêt de travail en cas de victoire dans leur contestation.

Quelques heures après avoir redémarré ses trains, vendredi, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) a reçu un préavis de grève de la part de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC). Le débrayage des conducteurs de locomotive, mécaniciens et employés des gares de triage pourrait survenir dès lundi prochain, un peu avant 10 heures.

Parallèlement, les syndiqués du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) poursuivaient leur piquetage pendant que Teamsters Canada conteste la directive du ministre fédéral du Travail Steven MacKinnon visant à imposer l’arbitrage exécutoire entre les entreprises ferroviaires et Teamsters Canada.

Les projecteurs sont donc braqués sur le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI). Tous les acteurs du conflit de travail attendent impatiemment de savoir si ce tribunal administratif va mettre en œuvre les demandes du gouvernement Trudeau visant à forcer un retour au travail ainsi que l’arbitrage exécutoire – une démarche où les conditions de travail sont déterminées par un arbitre.

« Le Conseil traite de toute urgence les renvois en vertu de l’article 107 du Code canadien du travail, a indiqué son directeur principal des services de résolution des différends, Jean-Daniel Tardif, dans un courriel à La Presse. Une audience se tient aujourd’hui (vendredi). Aucun autre commentaire ne peut être formulé à ce moment. »

Sa décision sera lourde de conséquences : s’il suit les recommandations du gouvernement Trudeau, on peut s’attendre à ce que l’activité reprenne de manière prévisible au CN ainsi qu’au CPKC. Dans le cas inverse, la paralysie ferroviaire – qui aurait d’importantes répercussions sur l’économie canadienne pourrait reprendre.

Le ministre MacKinnon a invoqué l’article 107 du Code canadien du travail, jeudi, afin de mettre fin à une paralysie ferroviaire provoquée par des lock-out au CN ainsi qu’au CPKC, les deux compagnies étant incapables de s’entendre avec plus de 9300 employés.

Au début de la semaine, Teamsters Canada avait déposé un préavis de grève pour les employés syndiqués du CPKC, mais pas pour ceux du CN. À Ottawa, on estime que la décision concernant le CN pourrait s’inscrire dans la stratégie des représentants des salariés visant à riposter à la décision de M. MacKinnon. Le bureau du ministre n’a pas voulu commenter la plus récente décision du syndicat.

« C’est une décision qui lui appartient », a-t-on indiqué.

La réaction a été bien différente au CN, qui a semblé avoir été pris par surprise après avoir vu ses travailleurs rentrer au bercail.

« Les Teamsters ne veulent pas d’entente et cela le confirme, a déploré le porte-parole de l’entreprise, Jonathan Abecassis. Leur décision n’affecte aucunement la reprise du service en vigueur. »

La Chambre de commerce du Canada (CCA) a aussi exprimé sa déception.

« Nous sommes très déçus de la décision de Teamsters Canada de contester la directive du ministre du Travail prise en vertu du Code canadien du travail. Cette démarche va prolonger les dommages à notre économie et mettre en péril le bien-être et le gagne-pain des Canadiens, y compris ceux des travailleurs syndiqués et non syndiqués à l’emploi de nombreuses industries », a déclaré le PDG de la CCC, Perrin Beatty, dans une déclaration écrite.

En raison du conflit, c’est un réseau ferroviaire de plus de 35 000 km d’un océan à l’autre qui était paralysé. La valeur des marchandises qui transitent chaque jour par les wagons du CN et du CP, respectivement établis à Montréal et Calgary, est d’environ 1 milliard, selon l’Association des chemins de fer du Canada.

Les pressions pour une intervention rapide étaient d’ailleurs considérables. Elles venaient non seulement des quatre coins du pays, mais aussi des États-Unis, le principal partenaire commercial du Canada, qui s’inquiétaient des répercussions négatives sur son économie.

Des conséquences continuaient à se faire ressentir, vendredi, en dépit de l’intervention du gouvernement Trudeau.

Trois des lignes de train du réseau d’Exo étaient suspendues dans la région de Montréal, soit celles de Vaudreuil/Hudson, Saint-Jérôme et Candiac. Les trains circulant sur le réseau du CN, soit les lignes de Mont-Saint-Hilaire et de Mascouche, conservent un service normal.

La porte-parole d’Exo, Catherine Maurice, a indiqué que le délai de reprise des services reste inconnu. « Nous attendons les instructions du CPKC avant de statuer sur les modalités et le moment de reprise du service des trains de banlieue », a-t-elle précisé jeudi.

Des voyageurs déconcertés ont été refoulés des lignes ferroviaires fermées jeudi, et l’agence responsable de GO Transit en Ontario a déclaré que le service resterait interrompu vendredi sur la ligne Milton et à la gare GO de Hamilton.

Le transporteur régional de la Colombie-Britannique, TransLink, a annoncé que le service du West Coast Express resterait également hors service vendredi.

VIA Rail a déclaré que les trains sur sa ligne Sudbury-White River de 480 kilomètres, qui circule trois fois par semaine dans le nord de l’Ontario, sont annulés jusqu’à ce que l’arrêt de travail soit résolu.

Les chemins de fer de banlieue concernés en Ontario et en Colombie-Britannique circulent également sur des lignes appartenant au CPKC, lequel indiquait jeudi que de plus amples détails sur le calendrier de reprise du service seraient fournis une fois qu’il aurait reçu l’ordre du conseil des relations industrielles.

Source: la presse

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