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Le Journal vous présente à partir d’aujourd’hui le premier vrai répertoire des salaires des employés de la fonction publique et des élus au Québec.
C’est un excellent exemple de transparence du gouvernement ontarien. Sur son site web, on retrouve les salaires de TOUS les employés payés avec des fonds publics qui gagnent plus de 100 000$.
La liste est mise à jour régulièrement et contient exactement 300 570 noms, qu’ils soient syndiqués ou cadres. C’est prévu par la loi depuis 1996.
La plupart des autres provinces, dont l’Alberta et le Manitoba, ont des initiatives semblables.
Au Québec, on a plutôt droit à un mélange de fouillis et de cachoteries. Le gouvernement rend publics les salaires d’environ 500 cadres et élus, dont les ministres, les directeurs de cabinet et les plus hauts fonctionnaires. Les chiffres pour 2024 devraient d’ailleurs être publics le 15 mai.
Des dizaines de municipalités et sociétés d’État publient aussi, chacune de leur côté, des informations sur les salaires de quelques-uns de leurs dirigeants. Et c’est tout.
NOUS MÉRITONS MIEUX
Nous nous sommes dit que les contribuables québécois, qui sont les plus taxés en Amérique du Nord, de l’aveu même du ministre des Finances Eric Girard, méritaient mieux.
Mon collègue Charles Mathieu, du Bureau d’enquête, a donc pris deux mois pour tenter de colliger toute l’information disponible sur les salaires versés aux fonctionnaires québécois, qu’ils travaillent pour une branche du gouvernement provincial ou une municipalité. Il a envoyé plus de 300 demandes d’accès à l’information, et consulté des centaines de rapports. S’ajoutent à ces données les salaires de tous les élus municipaux et de l’Assemblée nationale.
Grâce aussi au talent de nos développeurs web, l’outil que nous rendons public dès aujourd’hui sur notre site web au jdem.com/salaires est aussi facile à consulter que la Sunshine list ontarienne.
Tapez le nom d’une personne, d’un poste ou d’un organisme public, et le tour est joué. Vous pourrez notamment connaître les salaires de la majorité des 13 000 cadres du réseau de la santé.
Par exemple, seulement au CISSS de Chaudière-Appalaches, j’ai compté 15 coordonnateurs des programmes sociaux et de réadaptation. Peut-être que la nouvelle top gun qui gère le réseau de la santé, Geneviève Biron, trouvera intéressant de consulter notre outil…
SYNDIQUÉS ET MÉDECINS ABSENTS
Ce n’est évidemment pas un scandale qu’une ingénieure, cheffe d’équipe à la ville de L’Assomption, gagne 123 000$ par année. Ou qu’un directeur d’école primaire à Shawinigan touche 119 883$. Mais si la divulgation des salaires des personnes rémunérées par les fonds publics est une forme de transparence élémentaire en Ontario depuis presque 30 ans, ça devrait être la même chose au Québec.
La compilation que nous présentons aujourd’hui est la plus complète jamais réalisée. Mais elle ne comprend malheureusement pas les médecins, considérés comme des travailleurs autonomes. Elle ne comprend pas non plus les enseignants (qui sont pourtant dans la liste ontarienne), car les organismes publics québécois ne fournissent pas de listes nominatives pour leurs employés syndiqués.
Pour la même raison, il est impossible de savoir qui sont les 100 policiers et pompiers montréalais syndiqués ayant touché une rémunération de plus de 200 000$ l’an dernier. En Ontario, une telle information serait publique.
MANQUE DE TRANSPARENCE
Nous nous sommes aussi butés à des manques flagrants de transparence.
Investissement Québec, par exemple, compte plus de 170 cadres, mais n’a presque rien fourni. La société d’État s’est contentée de nous référer au rapport annuel, qui ne contient que les salaires de 5 dirigeants.
Nous continuerons de talonner les organismes publics, et comptez sur nous pour mettre à jour la liste dès que nous obtiendrons de nouvelles données.
Nous rêvons aussi de faire un exercice semblable pour le mammouth du gouvernement fédéral. Souhaitez-nous bonne chance!
Source: tvanouvelles