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Après avoir été déchirés, les Albertains ont choisi la continuité en accordant un nouveau mandat aux conservateurs unis de Danielle Smith. Le parti a obtenu une majorité de sièges au terme d’une soirée électorale où les résultats se sont fait longuement attendre.
« L’élection est terminée. Il est temps de mettre la partisanerie, les divisions et les attaques personnelles et politiques dans le rétroviseur », a-t-elle déclaré dans son discours de victoire, invitant ses militants à faire preuve de respect envers sa rivale Rachel Notley.
Nous devons nous unir, peu importe comment nous avons voté, pour lutter contre les politiques d’Ottawa qui seront bientôt annoncées et qui nuiraient considérablement à notre économie provinciale », a-t-elle ajouté. Il s’agit du Règlement sur l’électricité propre que le gouvernement de Justin Trudeau veut imposer. Il réduirait progressivement la production d’électricité au gaz naturel pour atteindre la carboneutralité d’ici 2035.
« En tant que premier ministre, je ne peux en aucun cas permettre que ces politiques fédérales soient infligées aux Albertains. Je ne peux tout simplement pas et je ne le ferai pas », a-t-elle tranché déclenchant une pluie d’applaudissements.
On s’attendait à une soirée électorale enlevante puisque le Parti conservateur uni (PCU) et le Nouveau Parti démocratique (NPD) étaient au coude-à-coude quelques jours avant le scrutin, mais les résultats entraient toujours au compte-gouttes plusieurs heures après la fermeture du scrutin.
Élections Alberta a indiqué que certains bureaux de vote ont fermé une heure plus tard que prévu sans pouvoir dire combien pour expliquer le long délai. La fébrilité en début de soirée a lentement fait place à une interminable attente.
« Ce soir, nous voulons assurer les Albertains que l’intégrité de l’élection provinciale est notre priorité, peu importe combien de temps cela prend », a publié Élections Alberta sur Twitter.
La victoire des conservateurs unis de Danielle Smith a été confirmée par le réseau CTV trois heures après la fermeture des bureaux de scrutin, ce qui a réveillé les nombreux militants réunis au Big Four, une gigantesque salle située sur les terrains du Stampede de Calgary. Les applaudissements ont fusé de toutes parts. CBC et Radio-Canada ont confirmé le résultat moins de dix minutes plus tard.
« C’est le résultat auquel on s’attendait », s’est réjoui Richard Kantor, un grand gaillard à la chemise à carreaux et au large chapeau de cowboy. « J’espère que nous aurons un résultat similaire lors la prochaine élection fédérale. »
Alex Puddifant a pu dire mission accomplie. Le directeur de campagne de la ministre des Affaires municipales, Rebbeca Schulz, a été réélue dans la circonscription de Calgary-Shaw. « Pour nous, c’était de montrer non seulement notre bilan d’avoir mené une économie vibrante, mais aussi nos plans pour continuer cette croissance », a affirmé le Franco-Albertain, en entrevue.
Danielle Smith a réussi à imposer l’économie comme enjeu prioritaire lors de cette campagne électorale. Elle a notamment promis de réduire les impôts de 760 $ pour tous les contribuables et de faire adopter un projet de loi pour que toute hausse future fasse l’objet d’un référendum.
Les tentatives du NPD pour dénigrer son leadership et mettre en garde les électeurs contre ses velléités pour privatiser le système de santé n’ont pas eu peu l’effet escompté.
Au moment de la publication, le PCU était en tête avec 51 sièges contre 36 pour le NPD de Rachel Notley. Il recueillait 52,6 % du vote populaire et le NPD 43,9 %. L’Assemblée législative de l’Alberta compte 87 sièges en tout et 44 sont nécessaires pour obtenir une majorité.
Les néo-démocrates ont réussi à faire une percée dans plusieurs circonscriptions de Calgary, mais pas suffisamment pour renverser la tendance. Ils ont également réussi à gagner quelques sièges à Edmonton.
« Bien que nous n’ayons pas atteint le résultat escompté, nous avons fait un grand pas vers celui-ci », a affirmé Mme Notley, qui devient la nouvelle cheffe de l’Opposition officielle.
Celle qui a été la première ministre albertaine de 2015 à 2019 a dû défendre son bilan politique tout au long de la campagne électorale. Le prix du baril de pétrole, sur lequel reposent les finances de la province, était au plus bas lorsque les néo-démocrates étaient au pouvoir et des électeurs lui reprochaient d’avoir augmenté la dette de 70 milliards et d’avoir imposé une taxe sur le carbone.
Les multiples déclarations controversées de Danielle Smith, une ancienne animatrice de radio, semblent avoir eu peu d’impact sur le vote. La première ministre sortante avait notamment affirmé que la majorité des vaccinés contre la COVID-19 avaient succombé « au charme d’un tyran » en faisant référence à Adolf Hitler. Elle avait également été blâmée par la commissaire à l’éthique pour avoir tenté de faire tomber des accusations liées au blocage de Coutts portées contre le pasteur Artur Pawlowski.
Elle avait tout de même obtenu l’appui du chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, et de l’ex-premier ministre Stephen Harper, quelques jours avant le scrutin.
Un nombre record d’électeurs, soit 758 550, avaient fait leur choix lors du vote par anticipation, qui s’est échelonné sur cinq jours la semaine dernière. La province compte près de 2,8 millions de personnes en âge de voter.
Un fort taux de participation risque de faire toute la différence dans les circonscriptions les plus serrées. En 2019, presque toute la carte électorale avait été peinte en bleu foncé. Le NPD, qui formait alors le gouvernement, avait seulement réussi à conserver 24 sièges, la plupart dans la capitale. L’Assemblée législative en compte 87 en tout.
C’est la troisième fois qu’une femme dirige le gouvernement albertain en une dizaine d’années. La progressiste-conservatrice Allison Redford avait brisé le plafond de verre en 2012. Il y a eu ensuite l’élection de Rachel Notley en 2015 et l’élection de Danielle Smith en octobre à la direction du PCU qui est devenue par le fait même première ministre.
Source: Radio-Canada