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Le gouvernement Trudeau est prêt à verser une compensation financière annuelle au Québec si le gouvernement Legault lui emboîte le pas et élimine de façon permanente les intérêts sur les prêts étudiants.
Des négociations sont déjà en cours entre Ottawa et Québec, qui gère son propre programme de prêts et bourses, afin de conclure une entente en ce sens, selon des informations obtenues par La Presse. L’Union étudiante du Québec exhorte le gouvernement Legault à signer une entente rapidement afin de permettre aux étudiants des universités québécoises de profiter des mêmes avantages que ceux du reste du pays.
Dans l’énoncé économique qu’elle a présenté à la Chambre des communes le mois dernier, la ministre des Finances Chrystia Freeland a annoncé qu’Ottawa éliminera de façon permanente les intérêts sur les prêts fédéraux aux étudiants et aux apprentis à compter du 1er avril 2023. Cette mesure coûtera environ 550 millions de dollars annuellement au fisc fédéral, et elle permettra à un étudiant d’économiser en moyenne 410 $ par année.
Le gouvernement Trudeau avait déjà annoncé la suspension des intérêts sur ces prêts pendant deux ans en 2021. Cette mesure devait donc prendre fin le 31 mars 2023. Mais la ministre Freeland a choisi de la rendre permanente afin de donner un coup de pouce aux étudiants dans le cadre d’un bouquet de mesures visant à aider les moins nantis à composer avec la hausse du coût de la vie.
Les fonctionnaires fédéraux sont déjà en contact avec les fonctionnaires du Québec. Un financement fédéral sera disponible afin que les étudiants du Québec puissent bénéficier de cette mesure essentielle. Et nous espérons que le gouvernement du Québec suivra notre exemple pour aider les étudiants, comme il l’a fait pendant la pandémie.
Jessica Eritou, conseillère en communication au bureau de Mme Freeland, dans un courriel à La Presse.
Elle a ajouté que le ministère des Finances a déjà inclus dans le montant de 550 millions de dollars une somme pour dédommager le Québec.
Elle a expliqué que pendant la pandémie, Ottawa avait suspendu le remboursement des prêts canadiens aux étudiants pendant six mois et qu’il avait transféré des fonds au Québec pour le convaincre d’en faire autant, ce qui avait été le cas.
« Le même modèle serait appliqué ici. Le financement pour faciliter cela au Québec […], si le Québec décide d’éliminer les intérêts sur ses propres prêts étudiants, a été prévu dans l’énoncé économique de l’automne. Le fédéral fournira le financement si le Québec accepte d’éliminer les intérêts sur ses prêts étudiants », a-t-elle précisé.
Mise à jour économique à venir
À Québec, le bureau du ministre des Finances Eric Girard a indiqué qu’on songe à emboîter le pas au gouvernement Trudeau.
« L’éducation est une compétence du Québec. Nous étudions la possibilité d’harmoniser notre programme de prêts et bourses avec celui du fédéral », a indiqué Claudia Loupret, l’attachée de presse du ministre Girard, dans un courriel.
M. Girard doit présenter une mise à jour économique le 8 décembre qui devrait contenir les mesures du « bouclier anti-inflation » proposé par François Legault durant la campagne électorale. L’élimination des intérêts pour les prêts étudiants ne faisait pas partie de la liste. Mais la décision d’Ottawa d’accorder un soulagement financier aux étudiants ayant des prêts va peut-être forcer la main au gouvernement du Québec.
Chose certaine, l’Union étudiante du Québec (UEQ) souhaite que le gouvernement Legault annonce ses couleurs le plus rapidement possible.
La présidente de l’UEQ, Samy-Jane Tremblay, a affirmé que les étudiants ont un faible revenu et doivent aussi composer avec une hausse du coût de la vie.
« Ce que l’on veut, c’est que le fédéral transfère l’argent au Québec. Mais étant donné que cet argent va dans les poches des personnes étudiantes dans le reste du pays, on ne veut pas que cela serve à d’autres fins au Québec. On veut que la population étudiante du Québec voie aussi la couleur de cet argent et que cela aille directement dans le programme d’aide financière aux études », a dit Samy-Jane Tremblay.
« Présentement, on se trouve dans une situation où la population étudiante fait face à une crise du logement assez sévère. Et dans le contexte de l’inflation que l’on connaît – c’est 5 % à 8 % par mois – il faut absolument soutenir la population étudiante », a-t-elle ajouté.
Source: La presse