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Le nouveau visage de l’économie chez Québec solidaire, Haroun Bouazzi, veut se battre pour défendre les PME, surveiller Pierre Fitzgibbon et ses « superpouvoirs » et asseoir la crédibilité économique du parti. Il n’hésite pas à critiquer la taxe sur les riches proposée par son parti en campagne : la prochaine mouture devra éviter de pénaliser les jeunes retraités, a-t-il souligné.
Le député Haroun Bouazzi, qui a ravi la circonscription de Maurice-Richard au Parti libéral, reconnaît que la proposition d’impôt pour les riches de Québec solidaire (QS) a créé une « perception d’injustice fiscale » qui a nui au parti.
En campagne électorale, QS s’est fait étriller par le premier ministre François Legault, qui a résumé ses propositions d’impôt sur la succession et d’impôt sur le capital par la « taxe orange ». Mais au-delà des attaques, la proposition avait des faiblesses, en plus d’avoir eu des lacunes sur le plan des communications, a reconnu M. Bouazzi.
« Il va falloir la faire évoluer, et qu’on s’assure que la classe moyenne ne se retrouve pas à participer à cette contribution », a-t-il dit en entrevue avec La Presse.
La perception de justice est très importante dans un système fiscal et pour que les citoyens n’aient pas l’impression que c’est une taxe injuste, il y a du travail à faire.
Haroun Bouazzi, député de Maurice-Richard
Il ne renie pas le fond de la proposition : il cite les économistes Joseph E. Stiglitz et Thomas Piketty, et estime que c’est une mesure qui permet de « diminuer les inégalités et de stimuler l’économie ».
Une « nouvelle version » de la taxe d’ici quatre ans
En campagne électorale, QS voulait imposer les actifs – la valeur du fonds de pension et de la maison, par exemple, de laquelle on soustrait les dettes – d’une personne qui dépassent le million de dollars. Mais cet impôt a été perçu par une partie de la classe moyenne comme une taxe « injuste », a-t-il reconnu.
La population entre 55 et 70 ans était par ailleurs « surreprésentée » parmi les 5 % de gens touchés par cette taxe. « C’est comme une étape où on a beaucoup d’économies pour la retraite, et on n’a pas commencé à dépenser ces économies et on a fini de payer sa maison. Il y a cette population qui se retrouve avec peu de revenus, mais avec un capital », a souligné M. Bouazzi.
« La perception est importante. Je l’entends et c’est une proposition qui va être amenée à évoluer », a-t-il dit. M. Bouazzi lève déjà la main pour faire partie du comité qui préparera une « nouvelle version » de la taxe d’ici quatre ans.
Surveiller le « superministre »
Mais au-delà de ce bilan, M. Bouazzi veut parler de son nouveau rôle : surveiller le « superministre » Pierre Fitzgibbon, responsable de l’Économie et de l’Énergie.
Il n’est pas contre l’idée de fusionner les ministères de l’Économie et de l’Énergie. « Que l’énergie fasse partie des questions économiques pour servir la transition écologique, on est d’accord avec ça. Mais il faut que ça soit pour servir une transition écologique, et pas pour servir des fantasmes dépassés et qui ont la peau dure qu’on a une possibilité de croissance infinie, et que le simple fait de dire que c’est de l’électricité renouvelable permet de dire que c’est écologique », a dit M. Bouazzi.
Il sera « très vigilant sur ce que le ministre Fitzgibbon va faire de ses superpouvoirs » et demande de la transparence au comité de transition énergétique créé par François Legault.
Il veut notamment un « plan transparent et chiffré » et connaître la grille d’analyse des projets qui seront étudiés.
QS va appuyer les projets industriels qui vont permettre la transition écologique, par exemple les usines de batteries et l’électrification de procédés industriels polluants, a-t-il dit.
M. Bouazzi sera également à l’affût de « tout ce qui touche l’éthique et la saine gouvernance ». « Le ministre actuel, le superministre, a du mal à comprendre les règles de base élémentaires d’une saine gouvernance des institutions de l’État », a-t-il dit.
Il veut également être « un grand défenseur des PME » face à la « concurrence déloyale des multinationales, des grosses corporations ». « Les PME sont aux prises avec de graves problèmes : pénurie de main-d’œuvre et financement, par exemple. Les grosses corporations ont des départements complets qui s’occupent d’optimisation fiscale et du parrainage de main-d’œuvre étrangère. Les PME ne peuvent pas faire ça », a-t-il ajouté.
Source: La presse