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Le Parti québécois n’achète pas l’argumentaire voulant que la hausse des seuils d’immigration comble la pénurie de main-d’œuvre. Paul St-Pierre Plamondon affirme que « cette prémisse est fausse et non-fondée » et veut faire fondre les seuils de 50 000 à 35 000.
L’affirmation qu’on entend constamment dans les médias à savoir que la hausse des seuils permet de combler la pénurie de main-d’œuvre est factuellement fausse et erronée », a déclaré le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, lors d’un court arrêt à Lévis, lundi. Le PQ, qui n’avait pas encore fait connaître son engagement sur les seuils d’immigration, a révélé qu’il les réduirait considérablement.
La formation politique réduirait le nombre d’immigrants permanents accueillis annuellement au Québec de 50 000 à 35 000, ce qui exclut les travailleurs temporaires qui relèvent d’Ottawa. Québec solidaire et le Parti libéral du Québec ont promis de les augmenter. QS vise des seuils entre 60 000 et 80 000 et les libéraux promettent un minimum de 70 000 pour la première année.
Malgré les nombreux appels du milieu des affaires, la Coalition avenir Québec promet de maintenir les seuils actuels à 50 000. Seul le Parti conservateur du Québec veut les descendre, mais n’a pas encore précisé sa cible. Pour juguler la crise de la main-d’œuvre, le Conseil du patronat du Québec presse le gouvernement Legault de faire passer le seuil d’accueil annuel à 90 000 immigrants.
Des décisions prises sur une prémisse « non fondée », a martelé Paul St-Pierre Plamondon. « Le fait d’ajouter des personnes ne change pas, ne règle rien à la pénurie de main-d’œuvre parce que ces personnes-là sont à la fois, travailleurs et consommateurs et leur consommation nécessite l’équivalent de travail que leur prestation de travail individuel », a-t-il expliqué.
Il a par ailleurs affirmé qu’il faut tenir compte de la capacité d’accueil du Québec tandis que la province est frappée par une crise du logement et affectée par une pénurie de médecins et d’enseignants. Le PQ précise que ses engagements ne touchent pas l’accueil de travailleurs temporaires.
Plus d’immigrants francophones
Le Parti québécois a déjà promis une immigration économique « 100 % francophone » dans sa mouture de la nouvelle loi 101, présenté la semaine dernière. Cela toucherait le programme des travailleurs qualifiés. Ceux-ci devront maîtriser le français, selon un niveau déterminé par catégorie d’emploi. Paul St-Pierre Plamondon n’a pas encore tranché s’il larguerait le test des valeurs imposé par le gouvernement Legault. Il pourrait en revanche y avoir un test à l’accueil sur le français, mais les détails n’ont pas été précisés.
La formation voudrait aussi plafonner l’accueil d’étudiants étrangers qui ne maîtrisent pas le français à 20 % du nombre d’étudiants hors Québec reçus par les universités, y compris les universités anglophones. Selon Paul St-Pierre Plamondon, le gouvernement fédéral « discrimine » les étudiants étrangers francophones alors que la quasi-totalité de leur demande est refusée. « Ça ne peut qu’être intentionnel », a-t-il dit.
Une meilleure régionalisation
La formation croit en revanche avoir « le meilleur programme » pour aider les entreprises des régions qui peinent à trouver de la main-d’œuvre. Un gouvernement péquiste mettrait en place une série d’incitatifs, comme le remboursement des frais de scolarité, pour augmenter la régionalisation de l’immigration.
On va donner plus de résultats à ces entreprises-là que le modèle actuel qui en est un de convergence vers Montréal, qui peut mener à celui de Toronto, la ghettoïsation par ethnie culturelle
Paul St-Pierre Plamondon
« Environ 80 % de l’immigration converge vers Montréal et nous, on fixe l’objectif d’avoir au moins 50 % de l’immigration qui est régionalisée », a-t-il ajouté. Il voudrait aussi ramener les Centres d’orientation et de formation pour les immigrants (COFI) dans chaque région du Québec pour favoriser l’intégration.
Le PQ n’est plus le parti des régions, dit QS
Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, s’en est pris au plan du Parti québécois et l’accuse plutôt de tourner le dos aux régions. « Quand je me promène sur le terrain, et j’arrive de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, les gens me disent on veut du monde. On veut du monde pour nous aider à régler la pénurie de main-d’œuvre. M. Plamondon propose de réduire drastiquement l’immigration au Québec. Le PQ est déconnecté des besoins des régions du Québec », a-t-il lancé en marge d’une annonce à Longueuil sur l’accès à la propriété.
M. Nadeau-Dubois affirme qu’il est possible de hausser les seuils d’immigration – entre 60 000 et 80 000 immigrants par année – tout en les intégrant à la société québécoise. « La clé c’est la francisation en milieu de travail. Quelqu’un qui a une ou deux jobs et qui va prendre un cours de français, le mercredi soir, ça marchera pas. Il faut miser sur la francisation en milieu de travail, une francisation facile rémunérée. C’est ça le modèle qui fonctionne et qu’on veut généraliser au Québec », a-t-il dit.
Source: La presse