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Quand le président de la CGEM, Salaheddine Mezouar, a fait diffuser le dimanche 13 octobre un e-mail adressé à l’ensemble de ses collaborateurs où il annonce sa démission, tout le gotha de l’establishment politique et économique a été pris de court.
Même si les motivations réelles de ce départ précipité ne sont pas connues du grand public, il fait officiellement suite au violent communiqué du ministère des Affaires étrangères qui a fustigé l’irresponsabilité de l’ancien chef de la diplomatie marocaine qui développait la veille une opinion personnelle sur la situation en Algérie pendant à l’occasion d’une conférence de la World Policy Conference organisée par l’OCP. Ça n’a pas du tout été du goût de Nasser Bourita qui a cru bon d’humilier son prédécesseur au ministère des Affaires étrangères par un communiqué qui fera date dans l’histoire de la diplomatie marocaine par son ton peu…diplomatique !
La suite, tout le monde la connaît. Départ précipité du patron des patrons, suivi le lendemain par la démission de son plus proche collaborateur, Omar Alaoui.
Dans l’urgence, et après d’intenses discussions tenues lundi et mardi, les administrateurs et membres de droit du Conseil d’administration de la CGEM ont enfin pu se réunir le mercredi 16 octobre pour délibérer sur l’avenir du patronat qui a subitement perdu son pilote et dont le co-pilote Faiçal Mekouar a quitté l’aéronef national des hommes d’affaires plusieurs mois auparavant. La CGEM n’étant pas programmée pour naviguer en pilote automatique, il fallait vite lui trouver un successeur.
Alors que les 33 membres présents à cette réunion se dirigeaient normalement vers le choix d’un binôme qui œuvrera à l’organisation de nouvelles élections —tout en expédiant les affaires courantes—, le très controversé Jaouad Hamri est entré en ligne pour prendre le contrôle de la CGEM et ainsi gérer la période transitoire sachant qu’aucune institution ne n’en lui a délivré mandat. D’ailleurs, le règlement intérieur ne l’y autorise pas.
Hamri tente un putsch
L’ancien patron de l’office des changes, qui a atterri chez BMCI après sa retraite du secteur public, prétexte pouvoir piloter la CGEM en sa qualité de président de la commission éthique et bonne gouvernance. Or, cette commission a pour mission de sensibiliser les entreprises à l’éthique et à la bonne gouvernance, et ne peut nullement s’ériger en plateforme idéologique qui voudrait imposer une doctrine à la CGEM.
Sauf que rien ne semble arrêter Jaouad Hamri qui a imposé au secrétaire général du patronat de reporter la tenue du conseil d’administration à une date ultérieure. On parle du 24 ou du 28. La situation est toujours confuse.
Bon an mal an, et en professionnelle respectueuse des procédures, Saloua Karkri Belkziz, à la tête d’un pool d’administrateurs, tente de faire appliquer la loi en respectant l’esprit et la lettre de la charte de la CGEM par la mise en place d’un comité de quatre personnes composé d’un président de fédération, d’un président de commission, d’un membre du groupe parlementaire de la CGEM et d’un président de région, en vue de piloter la période transitoire.
Et là encore, Jaouad Hamri a exercé des pressions sur le directeur général et le secrétaire général pour s’imposer de force dans les réunions du bureau de la CGEM où il n’était pas convié et où il n’a pas sa place. Aujourd’hui, après avoir eu un comportement violent et agressif à l’encontre d’un proche collaborateur de Mezouar, il s’érige non seulement en donneur de leçons et donneur d’ordres, mais il a créé un climat délétère et d’angoisse au sein de cette institution prestigieuse dont le Conseil d’administration risque de ne jamais se réunir si les choses ne sont pas rapidement (re)prises en main par les sages —et il y en a— de la CGEM.
La rédaction