Carney doute de la levée des droits de douane même avec un accord négocié

16 juillet 2025
Carney doute de la levée des droits de douane même avec un accord négocié

Assahafa.com

Pendant que le président américain Donald Trump qualifie d’« entente » ou de « deal » les lettres comme celle menaçant de frapper le Canada de nouveaux tarifs douaniers, le premier ministre Mark Carney soutient qu’un accord négocié avec les États-Unis est toujours possible, mais que cela n’éliminera pas forcément les droits de douane.

Il n’y a pas beaucoup d’évidence à ce moment-ci [que] des accords, des ententes ou des négociations avec les Américains, pour n’importe quel pays, n’importe quel territoire, [signifient] avoir un accord sans tarif, a dit M. Carney mardi, en français, alors qu’il s’apprêtait à présider une rencontre de son conseil des ministres.

Cette réunion, qui s’est tenue virtuellement, était la première depuis que M. Trump a brandi, au moyen d’une missive publiée sur les réseaux sociaux, la menace de nouvelles salves tarifaires de 35 % sur les importations canadiennes.

Ces nouveaux droits de douane s’appliqueront dès le 1er août, a-t-il écrit, et la Maison-Blanche a précisé que les marchandises conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) sur le commerce en seraient exemptées.

C’est une vaste exemption, a noté Fen Osler Hampson, professeur chancelier à l’Université Carleton et expert en négociations internationales.

Si M. Trump évoque de possibles ajustements dans sa lettre publiée la semaine dernière, il a affirmé lundi que cette missive et celles envoyées à une panoplie d’autres chefs de gouvernement et d’État constituent en elles-mêmes des accords – ou des deals, comme il le dit en anglais.

Les ententes sont déjà faites. Les lettres sont les  »deals ». Ils sont faits. Il n’y a pas d’accord à conclure, a-t-il dit depuis le bureau ovale.

Quoi qu’il en soit, M. Carney s’attend à ce que les discussions commerciales avec les États-Unis s’intensifient avant l’échéance du 1er août.

Il a plaidé mardi que le Canada est présentement en posture d’atteindre presque le libre-échange qui continue, bien que des problèmes persistent. Il a mentionné des droits de douane qui s’appliquent déjà, comme ceux sur l’acier et l’aluminium, qui sont passés de 25 % à 50 %. Alors il faut stabiliser la situation pour le Canada.

Changement de discours

De l’avis du professeur Hampson, le discours de M. Carney a clairement changé et cela démontre qu’il comprend que l’administration Trump ne se débarrassera pas des droits de douane. Le Canada cherche à amoindrir les mesures tarifaires qui, si elles sont trop élevées, ont un effet inflationniste aux États-Unis, a-t-il expliqué.

La réalité est que l’administration Trump est attachée au régime de droits de douane avec les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, a-t-il souligné, ajoutant qu’il a l’impression que M. Carney prépare tranquillement les Canadiens à se faire à l’idée qu’un partenariat avec les États-Unis inclura des mesures tarifaires.

M. Hampson a précisé que l’attachement de l’administration Trump à la méthode tarifaire découle d’une stratégie plus large pour s’attaquer au déficit structurel dans la fiscalité américaine ainsi qu’à la dette qui atteint un niveau qui excède, dans une certaine mesure, le produit intérieur brut des États-Unis.

Les Américains ne pourraient pas, selon l’expert, se sortir de la crise de la dette de la même façon que le Canada l’a fait, dans les années 1990, notamment en créant sa taxe sur les produits et services (TPS) qui a généré de nouveaux revenus pour l’État. Les États-Unis privilégient donc des droits de douane sur les importations, et ce, même si la mesure se répercute sur le consommateur américain.

Dans le cas des États-Unis, une taxe sur les produits et services ou une taxe sur la valeur ajoutée serait intenable politiquement. C’est voué à l’échec. Les Américains ne l’accepteraient jamais, a-t-il expliqué.

À son avis, les négociateurs canadiens ont une idée, à ce point, du niveau auquel ils peuvent espérer que les mesures tarifaires seront abaissées, mais ils seraient mal avisés de dévoiler leurs cartes.

Ottawa reste discret

Le gouvernement Carney s’est gardé de fournir un quelconque détail, au cours des dernières semaines, sur l’état des négociations visant l’atteinte d’un accord économique et sécuritaire avec les États-Unis. Nous ne négocierons pas en public, a répété la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, au cours d’une allocution à Halifax, se contentant d’affirmer que la réunion virtuelle de mardi avait donné lieu à une conversation bonne et approfondie.

Le but est qu’au final […] on s’assure que les travailleurs et les intérêts canadiens sont protégés, a-t-elle déclaré.

En juin, des informations ont davantage filtré : Radio-Canada rapportait que trois sources anonymes bien au fait du dossier lui indiquaient qu’un document circulait entre Ottawa et Washington, effectuant plusieurs allers-retours en vue de conclure une entente.

Puis, quelques jours plus tard, au Sommet du G7 tenu à Kananaskis, en Alberta, MM. Trump et Carney ont convenu de travailler à sceller un accord d’ici le 21 juillet. Cette échéance a été repoussée au 1er août en raison de la nouvelle menace tarifaire tombée avec la lettre du président américain.

En plus du nouveau 35 % mentionné dans cette missive par M. Trump, les États-Unis menacent d’imposer des droits de douane de 50 % sur les importations de cuivre.

La menace de Trump qui a fait reculer le Canada

Avant même cette lettre, le président américain avait haussé le ton à la fin de juin en mettant abruptement fin aux pourparlers avec le Canada en raison du premier prélèvement de la taxe sur les services numériques de 3 % sur les revenus générés au Canada par des entreprises américaines telles que Netflix.

Le gouvernement Carney avait alors accepté de renoncer à la taxe sur les services numériques, ce qui avait entraîné une reprise des négociations.

C’est également dans l’espoir de conclure une entente avec les Américains que le Canada a décidé d’attendre avant de réviser ses contre-mesures tarifaires sur l’acier et l’aluminium, a fait savoir Ottawa en juin, alors que la Maison-Blanche avait déjà doublé ses droits de douane à ce chapitre.

Au cours d’une annonce faite le 19 juin dernier, M. Carney promettait d’ajuster la riposte canadienne une fois la date butoir des pourparlers, qui était alors le 21 juillet, arrivée.

Source: Radio Canada

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