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Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi qu’il rencontrerait le premier ministre désigné du Canada, Mark Carney, à la Maison-Blanche « d’ici la semaine prochaine ».
MM. Carney et Trump se sont entretenus au téléphone au lendemain de la victoire des libéraux aux élections – une remontée victorieuse, alimentée par la colère de nombreux Canadiens face aux droits de douane imposés par le président américain et à ses propos désinvoltes sur la transformation du Canada en État américain.
Le président américain a affirmé que son homologue canadien lui a dit : « Parlons d’un accord. »
« Il était on ne peut plus aimable et je l’ai félicité », a-t-il ajouté.
Le cabinet du premier ministre n’a pas confirmé la date de la rencontre entre les deux dirigeants. Le compte rendu de l’entretien téléphonique de mardi publié par le cabinet indique seulement que M. Trump et M. Carney se rencontreront prochainement.
M. Carney s’est également entretenu au téléphone avec le roi Charles et le président ukrainien Volodymyr Zelensky depuis sa victoire électorale. Dans une publication sur les réseaux sociaux, M. Zelensky a déclaré que lui et M. Carney avaient discuté des mesures qui pourraient mener à un cessez-le-feu en Ukraine, ainsi que de la présidence canadienne du G7 cette année. M. Zelensky a remercié le Canada pour sa contribution à la défense de l’Ukraine.
M. Carney a déclaré dans son discours de victoire que, lorsqu’il rencontrera M. Trump, « ce sera pour discuter de la future relation économique et sécuritaire entre deux nations souveraines ».
« Et ce sera en sachant pertinemment que nous avons de nombreuses autres options que les États-Unis pour bâtir la prospérité de tous les Canadiens », a-t-il ajouté.
Cette rencontre pourrait amorcer le processus visant à tracer une nouvelle voie pour ce qui était autrefois l’une des relations bilatérales les plus stables et les plus amicales au monde. Mais les actions du président Trump depuis son retour à la Maison-Blanche ont ébranlé la confiance des Canadiens envers les États-Unis.
En novembre dernier, M. Trump a menacé pour la première fois d’imposer des droits de douane sur les importations canadiennes, liant la question à celle de la circulation illégale de personnes et de fentanyl à la frontière. Les données du gouvernement américain montrent qu’un très faible volume de drogue traverse la frontière depuis le Canada.
M. Trump a intensifié ses provocations en insistant sur le fait que le Canada devrait devenir un État américain.
Des élections sous le signe de Trump
Durant la campagne électorale, le chef libéral et le chef conservateur, Pierre Poilievre, ont tous deux cherché à se présenter comme la personne la mieux placée pour gérer les tensions avec l’administration Trump. MM. Carney et Poilievre ont tous deux condamné les droits de douane et les menaces du locataire de la Maison-Blanche tout au long de la campagne.
Le président américain a déclaré mercredi que Mark Carney et Pierre Poilievre « détestaient Trump ».
« Et c’est celui qui, je crois, détestait le moins Trump qui a gagné, a-t-il lancé. En fait, je pense que les conservateurs me détestaient bien plus que les soi-disant libéraux. »
M. Carney a appelé les électeurs à donner un mandat majoritaire aux libéraux afin qu’ils puissent contrer les menaces de Donald Trump. Le parti a échoué de peu après que les conservateurs ont soutiré des sièges en Ontario.
Le président américain a suggéré que la « course serrée » au Canada rendrait la situation « très compliquée pour le pays ». Il a décrit M. Carney comme un « gentleman très aimable » et a déclaré qu’il s’attendait à entretenir d’« excellentes relations » avec le Canada.
Des représentants canadiens ont sillonné Washington pendant des semaines avant les élections pour faire pression contre les droits de douane. M. Trump a finalement maintenu ses droits de douane le mois dernier, avant de les réduire partiellement quelques jours plus tard. Il a également instauré des droits de douane sur les automobiles, l’acier et l’aluminium.
Renégocier l’ACEUM
Les droits de douane imposés par M. Trump ont bouleversé l’Accord Canada-États-Unis-Mexique sur le commerce, appelé ACEUM. L’accord commercial continental a été négocié sous la première administration Trump et le président disait à l’époque qu’il s’agissait du « meilleur accord […] jamais conclu ».
L’ACEUM devait faire l’objet d’un examen obligatoire l’année prochaine, mais l’administration Trump a clairement indiqué qu’elle ne patienterait pas.
M. Carney devra faire preuve de pragmatisme lorsqu’il prendra les rênes, a estimé Laura Dawson, experte des relations canado-américaines et directrice générale de la Future Borders Coalition. Elle a ajouté que le premier ministre doit trouver un équilibre entre une relation commerciale incertaine et les attentes des Canadiens en colère au pays.
« Je m’inquiète de devoir diriger avec le cœur plutôt qu’avec la raison », a expliqué Mme Dawson.
Elle a ajouté qu’alors que l’équipe de M. Carney se préparera pour la réunion à la Maison-Blanche, elle devrait lire attentivement les décrets de M. Trump sur la politique économique et identifier les domaines dans lesquels le Canada peut aider l’administration à atteindre ses objectifs en matière d’énergie, de minéraux critiques, d’intelligence artificielle et de produits pharmaceutiques.
Mme Dawson a affirmé qu’il serait à l’avantage de M. Carney d’entrer dans le bureau Ovale avec l’intention de participer à l’examen de l’ACEUM et d’en faire une discussion productive.
M. Carney doit également présenter des engagements concrets en matière de dépenses de défense et démontrer des efforts continus pour renforcer la sécurité à la frontière, a-t-elle déclaré.
Bien que le premier ministre ressentira le poids de la colère et des attentes des Canadiens, Mme Dawson a indiqué que se sentir insulté n’est pas une position de négociation productive.
« Il faut essayer de laisser notre colère et nos ressentiments à la porte ».
Source: la presse