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Le Maroc est officiellement co-organisateur de la Coupe du monde 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal. Le trio ibéro-marocain a été formalisé, validé, salué, porté comme un symbole d’unité méditerranéenne et euro-africaine. Dès lors, il va de soi — et cela ne souffre en principe d’aucune ambiguïté — que les processus de préparation, les concertations techniques et les arbitrages politiques doivent s’effectuer dans le cadre de ce partenariat précis. À trois. Pas à quatre. Ni à trois et demi.
C’est pourquoi l’annonce faite aujourd’hui depuis Rabat, du lancement d’un « comité franco-marocain de soutien à l’organisation de la Coupe du monde 2030 », a de quoi laisser perplexe. Elle laisse d’autant plus songeur que ce comité a été inauguré en grande pompe par Laurent Saint-Martin, ministre français chargé du Commerce extérieur, et par Fouzi Lekjaa, à la fois ministre délégué au Budget et président de la Fédération royale marocaine de football. Le prétexte officiel : renforcer la coopération bilatérale dans les domaines des infrastructures et de la mobilité, en préparation du Mondial.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? Pourquoi la France ? Et pourquoi maintenant ? Sur quelle base politique, diplomatique ou sportive ce rattachement franco-marocain à un projet qui, en toute rigueur, ne la concerne pas ? Le Mondial 2030 n’est ni un G20 ni une conférence internationale ouverte aux « partenaires techniques et logistiques ». Il s’agit d’un projet porté par trois pays, validé par la FIFA, avec des engagements fermes, un équilibre à respecter et une image à construire. Y ajouter la France, comme par effraction, donne une impression d’ingérence maladroite, de greffe mal acceptée, voire de tentative de coproduction non sollicitée.
L’initiative de Lekjaa apparaît ici pour ce qu’elle est : un mélange de registres, un brouillage des frontières institutionnelles, un coup politique qui sonne creux, voire faux. Cette manière de faire entrer la France par la fenêtre d’un projet où elle n’est ni invitée, ni attendue, renforce ce malaise. À force de vouloir plaire à tout le monde, on finit par désorienter ses partenaires. Et en l’occurrence, l’Espagne et le Portugal ont, de toute évidence, des raisons d’être troublés par ce ballet parallèle.
Derrière les sourires et les communiqués, cette association hybride suscite des interrogations légitimes. Ce n’est ni une initiative d’ouverture, ni un élan d’amitié : c’est une confusion diplomatique. Et dans ce genre de confusion, ce n’est pas le football qui marque des points.