Sous pression budgétaire, Québec écarte un plan d’action névralgique

14 avril 2025
Sous pression budgétaire, Québec écarte un plan d’action névralgique

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Un plan donnant un aperçu des projets de transport à venir dans la province risque de ne pas voir le jour comme prévu en raison du contexte budgétaire fragile. Les travaux entourant la Politique de mobilité durable (PMD) sont au point mort, a appris La Presse.

« On s’explique mal l’absence de cohérence au gouvernement. On met tous beaucoup d’efforts sur le développement de nouveaux marchés, mais ce n’est pas soutenu par une vraie vision », dit le PDG de la Société de développement économique du Saint-Laurent, Mathieu St-Pierre.

Il fait partie depuis 2020 du comité de concertation de la Politique de mobilité durable. Celle-ci oriente essentiellement les transports terrestres sur une période de cinq ans, en donnant une idée des investissements à venir pour le transport collectif et le réseau routier, mais aussi l’industrie maritime ou encore ferroviaire.

Normalement, le comité se réunit régulièrement pour dresser un bilan des actions, mais surtout pour mettre à jour le plan d’action. Le premier plan d’action, allant de 2018 à 2023, comprenait plus de 180 mesures et un investissement de 10 milliards, en plus de confirmer le financement de tonnes de projets.

Hélas, plusieurs rencontres ont été annulées sans préavis par le gouvernement dans les derniers mois, en janvier et en février. « On n’a plus de son, plus d’images au ministère. Et on ne comprend pas vraiment pourquoi », résume M. St-Pierre à ce sujet.

« Ça nous prend un plan clair et ambitieux, sinon on ferait juste abandonner la mobilité durable à long terme. Et ça serait très inquiétant », lance la directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani, qui siège aussi au comité depuis 2020.

Un contexte budgétaire serré

Au ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), on soutient que le nouveau plan d’action de la Politique de mobilité durable n’a pas été adopté « en raison du contexte budgétaire actuel ».

Il y a quelques semaines seulement, lors de la plus récente campagne électorale partielle dans Terrebonne, tous les candidats – incluant celui de la Coalition avenir Québec, Alex Gagné, et la péquiste élue, Catherine Gentilcore – s’étaient pourtant engagés à faire appliquer la Politique de mobilité durable s’ils étaient élus.

N’empêche, « certaines actions du plan d’action 2018-2023 pourront tout de même se poursuivre […] et vont également être mises en œuvre au cours des prochaines années », affirme la porte-parole du ministère, Alexandra Houde.

Elle cite notamment la poursuite du déploiement des radars photo, la mise en place d’un cadre financier quadriennal pour le transport collectif, l’implantation de relais-vélo avec bornes de recharge pour vélos électriques ou encore la création de Mobilité Infra Québec, qui doit voir le jour d’ici la fin de l’année.

« Malgré l’absence de plan d’action pour le moment, le Ministère entend également poursuivre le suivi des cibles de la PMD 2030, compte tenu du fait qu’elles ont été intégrées à d’autres politiques et stratégies gouvernementales », explique aussi Mme Houde. « Le comité de concertation de la politique demeure pertinent, pour l’expertise qu’il peut continuer à fournir », assure-t-elle.

Plus de congestion, moins de vision ?

Sans la mise en place d’une nouvelle Politique de mobilité durable, « les dépenses en transport continueront de représenter une part toujours plus grande du budget moyen des ménages », écrivent à l’unisson une quinzaine de groupes de la société civile, qui soutiennent les membres du comité.

Il s’agit notamment du Conseil du patronat, de la Fédération des chambres de commerce, de l’Ordre des urbanistes, mais aussi de Vivre en Ville, de Vélo Québec et d’Équiterre. Tous se disent inquiets par l’abandon de la PMD.

À l’heure actuelle, la moyenne des foyers québécois consacre 17 % de son budget au transport, dont les trois quarts sont liés à la possession d’une voiture. Le coût de la congestion est aussi sur le point d’atteindre un niveau record de 10 milliards d’ici 2030, selon la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

« C’est pour ça qu’on veut sonner l’alarme : en prenant des décisions à la pièce, le gouvernement risque de s’éloigner de ses cibles en mobilité électrique, en intermodalité, en sécurité routière ou en transport collectif. C’est très inquiétant », conclut Mme Cabana-Degani.

Source: la presse

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