Carney, un leadership qui tranche avec celui de Trudeau

25 mars 2025
Carney, un leadership qui tranche avec celui de Trudeau

Assahafa.com

Le lutrin est placé, le télésouffleur allumé, mais Mark Carney n’est pas attendu avant au moins 15 minutes. Sans prévenir, le chef libéral s’avance vers le micro et prend de court journalistes et photographes. C’est la course dans l’aéroport de Gander, à Terre-Neuve-et-Labrador, alors qu’il commence à prendre la parole.

Ce scénario aurait été impensable quand son prédécesseur, Justin Trudeau, était encore à la tête du Parti libéral du Canada. Non seulement l’ancien premier ministre ne commençait pas ses points de presse d’avance, mais il le faisait souvent avec une bonne trentaine de minutes de retard.

Les deux hommes ne se différencient pas que sur leur attachement à la ponctualité. Leurs façons de faire campagne sont également bien distinctes.

L’aventure électorale n’en est qu’à ses débuts, mais l’horaire de Mark Carney paraît plus allégé que celui qu’aurait eu Justin Trudeau en pareille circonstance, constate une personne qui a côtoyé les deux hommes.

Après un voyage surchargé en Europe, son entourage a réalisé qu’il devait ralentir un peu la cadence, pour s’ajuster à son rythme.

Le nouveau chef libéral n’a pas non plus la même façon de communiquer avec les gens présents à ses rassemblements.

Après son discours devant plusieurs centaines de militants à Saint-Jean-de-Terre-Neuve dimanche soir, Mark Carney a serré des mains et pris des égoportraits pendant à peine quelques minutes avant de s’éclipser.

Justin Trudeau, qui se nourrissait de ces contacts directs avec les gens, aurait fait le tour de la salle et se serait attardé bien plus longtemps, croit cette source libérale de longue date.

Un style plus expéditif

Mark Carney aime que les choses tournent rondement. Lorsqu’il reçoit des breffages, il demande qu’on passe rapidement au point suivant quand il connaît déjà le dossier.

Il n’aime pas se faire dire ce qu’il sait déjà, souligne une source non partisane qui a collaboré de près avec les deux politiciens.

Ça ne niaise pas avec lui. C’est très sérieux, ajoute une source libérale.

Il pose des questions et il veut des réponses, renchérit une autre.

En rencontre de cabinet après leur assermentation, les ministres ont eu la surprise de constater qu’une place leur avait été attribuée autour de la table. Ce n’était pas le cas auparavant.

L’ambiance qui y règne est aussi très différente. Il n’était pas inhabituel que les rencontres du Cabinet Trudeau soient émotives et que des larmes soient versées. Les réunions menées par Mark Carney ne paraissent pas propices à ce genre de démonstration de sensibilité.

L’un est cartésien, l’autre a une intelligence émotionnelle, signale une autre source libérale. Selon celle-ci, ces différences ne constituent pas une mauvaise chose, puisque c’est justement du changement que réclament les Canadiens.

Justin Trudeau prenait le temps d’écouter et il lui arrivait de changer d’idée. Il était très humble quand il le faisait, note un collaborateur. Mark Carney prend des décisions plus rapidement, croit-il.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada a davantage la mainmise sur les dossiers qui sont discutés et, dans certains cas, une connaissance plus fine des détails.

Son prédécesseur avait plutôt l’habitude de donner une direction générale et de laisser ses équipes fignoler les détails des politiques.

Le retour du boys club?

L’entourage de Mark Carney est plus masculin que celui de Justin Trudeau. Un changement qui déplaît à certains libéraux, qui craignent un retour du traditionnel boys club.

Si Justin Trudeau s’appuyait sur une femme de confiance, Katie Telford, comme chef de cabinet, Mark Carney a préféré l’ancien ministre Marco Mendicino.

Parmi ses proches conseillers influents, plusieurs sont des hommes : Braeden Caley, Gerald Butts, Tom Pitfield et l’ancien ministre David Lametti.

Il a néanmoins fait appel à Janice Charette afin de lui donner un coup de main pour la transition et il a choisi Jane Deeks pour diriger ses communications.

Justin Trudeau avait mis en place une analyse comparative entre les sexes pour évaluer les différentes politiques gouvernementales. Il faisait sciemment des efforts pour inclure les femmes dans les processus de décision.

Mark Carney a quant à lui choisi de ne pas nommer explicitement de ministre de la Condition féminine dans la composition de son cabinet. Ça prenait juste des hommes pour penser à ça! estime une personne libérale haut placée.

Le fait qu’il renonce à mettre sur pied un cabinet pleinement paritaire a été perçu comme un recul par certaines femmes.

Il n’est plus dans le monde des affaires. En politique, toutes ces choses-là comptent. Il ne faut pas qu’il s’entoure uniquement de gens comme lui, insiste une autre.

En fin de mandat, Justin Trudeau se faisait reprocher d’être trop woke. Les détracteurs de Mark Carney risquent d’arrêter leur choix sur d’autres lignes d’attaque.

Source: Radio Canada

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